Cela fait quelques mois déjà que nous parlons de la négociation de l'aluminerie d'Alma entre Rio Tinto Alcan (RTA) et le syndicat des Métallos (local 9490). Pour certains, les travailleurs se plaignent le ventre plein et pour d'autres, les revendications des travailleurs sont légitimes.

Les travailleurs de l'usine d'Alma ont donné un vote de grève à 95 % à leurs mandataires par nécessité et par respect de leurs valeurs dont l'objectif fondamental est d'assurer la pérennité de nos emplois. Nous pouvons avoir la plus belle convention collective qui existe, s'il n'y a plus de travailleurs pour en bénéficier, qu'aurons-nous gagné? Pour cette raison, l'enjeu d'un plancher d'emploi est d'une importance capitale pour nous. La perception que nous avons de l'employeur est celle qu'un emploi syndiqué est un emploi de trop, et plus encore, qu'il n'est pas même pertinent que cela fasse partie de la négociation.

Depuis trois ou quatre ans, nous entendons parler de nouvelles façons de faire, tel qu'un nouveau modèle d'affaires afin d'être compétitif mondialement. Pour Rio Tinto Alcan, ce modèle d'affaires passe par la sous-traitance. Nous ne sommes pas contre la sous-traitance à l'usine Alma, les 125 000 heures travaillées par des sous-traitants le démontrent. Nous acceptons la sous-traitance pour les travaux d'urgence et certains travaux spécifiques. Aujourd'hui, les travaux de sous-traitance que nous voyons dans nos murs visent à remplacer les emplois de qualité. Ces travailleurs embauchés par les sous-traitants sont une main-d'oeuvre bon marché, souvent non syndiquée, peu protégée et si par malchance elle se blesse, elle risque d'être congédiée.

Nous pouvons donc constater que leurs conditions de travail ainsi que leurs salaires ne sont pas les même que les nôtres, travailleurs de Rio Tinto Alcan. La compagnie tente de nous faire comprendre qu'il en va de la pérennité des usines en termes de coûts de production. RTA ne dit pas tout lorsqu'il parle de rentabilité accrue des usines, il oublie de nous faire part de sa «déresponsabilisation» envers les travailleurs ainsi qu'envers notre région, le Saguenay.

Selon RTA, la sous-traitance est très rentable. Étrangement, nous entendons souvent le contraire de la bouche des surintendants : la sous-traitance est très dispendieuse. La question à se poser est la suivante : qui en bénéficie?

Parlons maintenant de la «déresponsabilisation» pour expliquer la sous-traitance. Nous pouvons penser que pour RTA, c'est l'objectif ultime. Il n'est pas responsable des sous-traitants envers la CSST, ni responsable des fonds de retraite, etc. Dans ce contexte, être moins responsable de moins de travailleurs tout en faisant de gros profits, cela devient peut-être intéressant pour RTA de nous vendre à gros prix!

Pour une entreprise qui bénéficie d'avantages énergétiques de l'ordre de centaines de millions de dollars par année, il est loin d'être certain que c'est le genre de retombées, par rapport aux emplois, que mérite la région. Si nous laissons faire les géants de ce monde, s'enrichir avec nos ressources, sans demander des redevances en retour, alors ils le feront. Il ne faut pas oublier qu'avoir des emplois de qualité dans nos usines est un retour juste et nous y avons droit collectivement.

Les conditions actuelles donc nous jouissons ont été acquises au prix de combats que nos pères, grands-pères et oncles ont menés dans le passé. C'est donc à nous, aujourd'hui, de faire comme nos prédécesseurs et mener nos combats pour une répartition juste et équitable de nos richesses et ainsi conserver, pour les générations à venir, des emplois de qualité.