Grève étudiante. Une autre. Les revendications des étudiants concernant la hausse des droits de scolarité trouvent peu d'écho auprès des travailleurs de la classe moyenne. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: frais gelés pendant des années, lourd fardeau fiscal imposé à la classe moyenne, sous-financement des universités.

Dans les circonstances, une augmentation progressive de la contribution financière des étudiants n'apparaît pas comme la plus grande injustice sociale, et ce, d'autant plus que l'augmentation est maintenue à des niveaux raisonnables et accompagnée d'un ajustement des programmes d'aide financière.

Le cri du coeur des étudiants qui prétendent être condamnés à abandonner leurs études face à une telle augmentation apparaît peu crédible et démontre plutôt un manque total d'esprit de sacrifice face à la préparation de leur avenir et un refus de renoncer à un certain mode de vie pendant quelque temps (voyages, voiture, cellulaire, divertissement, etc.).

Cela dit, sans égard à la valeur des revendications, celles-ci doivent être exercées de façon civilisée, à défaut de quoi elles n'ont aucune chance d'être entendues.

À cet effet, la ligne de piquetage dressée afin de fermer la Tour de la Bourse hier matin constituait un geste irresponsable et sans aucune portée. En empêchant des centaines de contribuables de se rendre à leur travail, les manifestants ont oublié que la liberté d'expression a ses limites. S'exprimer en brimant la liberté de travail et le droit d'accès à une propriété privée des personnes qui assument honnêtement un lourd fardeau fiscal, afin entre autres de combler le déficit lié à des droits de scolarité beaucoup trop bas, ne constitue rien d'autre qu'une nuisance qu'il faut dénoncer.

De tels gestes de désobéissance civile ne doivent pas être tolérés. Nous vivons dans une société de droit et les étudiants ont suffisamment d'imagination pour revendiquer des droits d'une manière civilisée. C'est avec déception que plusieurs travailleurs de la Tour de la Bourse ont constaté que les policiers ont attendu plusieurs heures avant d'intervenir pour rétablir l'accès aux lieux de travail. Ne laissons pas croire à un quelconque groupe de la société civile que les gestes de désobéissance civile seront tolérés et auront une quelconque résonance auprès de la population et des instances politiques. Osons croire que ces dernières ne reculeront pas devant les revendications d'un groupe dont les principales composantes n'ont encore jamais vu un rapport d'impôt.

Enfin, souhaitons que les étudiants se consacrent plutôt à développer un argumentaire convaincant au soutien de leurs revendications. Mes tentatives d'engager une discussion sérieuse avec les manifestants qui nous tenaient en otage hier m'ont laissé perplexe. Petit conseil à certains marginaux, arborer le drapeau du parti communiste soviétique tout en traitant les policiers de fascistes n'aide en rien la cause...