L'équipe olympique canadienne pour Pékin comptait quatre grandes stars. Trois se remettent de blessures. La coureuse de haies Perdita Felicien, qui a déclaré forfait. Le gymnaste Kyle Shewfelt. Et Alexandre Despatie.

Ouf, la quatrième étoile, le kayakiste Adam Van Koeverden, se porte très bien. Si bien que vous pouvez considérer cette prédiction comme une presque certitude: il sera la grande vedette de l'équipe canadienne à Pékin. Médaille d'or au 500 mètres, sûre, sûre. Un peu moins sûre, médaille d'or du 1000 mètres, mettons les choses au pire : médaille d'or et d'argent.

On lui a posé la question: pour la plupart des gens, même pour ceux qui n'ont jamais vu un kayak à moins d'un kilomètre, ces deux médailles ne sont pas attendues, elles sont promises, elle sont certaines, c'est comme si c'était fait. Comment supportez-vous d'être une certitude absolue?

La pression, vous voulez dire? La pression, je la mange avec mon petit-déjeuner tous les matins.

Baveux? Il s'est expliqué là-dessus aussi: Je suis tanné que les journalistes disent que je suis baveux. Je suis confiant. Baveux, c'est un petit quelque chose de plus, un petit quelque chose d'arrogant qui n'est pas dans ma nature. Je porte le plus grand respect à mes adversaires. J'ai pour eux de l'admiration et pour plusieurs de l'amitié.

Déjà double médaillé à Athènes, or sur 500 mètres et bronze sur 1000 mètres, van Koeverden n'a pas perdu une seule course sur 500 mètres depuis 2007, et le voilà qui se met à gagner presque aussi souvent sur 1000 mètres. Comme à la dernière Coupe du monde, fin juin en Pologne, or le samedi sur 1000 mètres, or le dimanche sur 500.

Van Koeverden, c'est hollandais comme nom? Père hollandais. Mais lui, Adam, est né à Oakville entre Toronto et Hamilton, tu ne peux pas être plus canadien que ça. Une bonne humeur, une santé, une assurance toutes canadiennes, je veux dire que n'effleure pas le moindre doute.

Un chic type! L'appréciation vient de Caroline Brunet qui l'a côtoyé à Athènes et avant, Caroline qui n'est pas du genre à donner du chic type au premier venu, fût-il kayakiste comme elle. Un super athlète, ajoute-t-elle, une vitalité que je le lui enviais, trois entraînements par jour et jamais le dernier à aller surfer lors de nos stages en Floride. Beau garçon aussi, pas bête du tout... bref beau package!

Dernière remarque de Caroline: Adam est un athlète très indépendant. Besoin de personne. Même pas de son coach. Mais en même temps, c'est curieux à dire, c'est un gars d'équipe. Cette anecdote pas très connue du public a fait sa réputation dans le milieu plus encore que ses médailles: la participation de notre K4 (kayak à 4) à Athènes n'était pas assurée, elle dépendait d'une dernière épreuve de qualification au Brésil. Adam a accepté de prendre la place du pagayeur le plus faible pour finalement qualifier le bateau et permettre à ces quatre garçons de prendre part aux Jeux.

Au début du printemps, au plus fort de la campagne internationale pour le boycott des Jeux, l'ex-champion du monde de patinage artistique, Elvis Stojko a déclaré que les athlètes canadiens devraient penser au sens profond de l'olympisme avant d'accepter d'aller en Chine et cautionner ainsi un régime qui ne respecte pas les droits de l'homme.

Réponse de Van Koeverden, qui sera le porte-drapeau de la délégation canadienne (après avoir été celui de la fermeture des Jeux à Athènes): si c'était ses jeux à lui, je ne suis pas certain que Stojko tiendrait le même discours. Pour le fond de la question, pour ce qui est de penser à ce que cela signifie d'aller à Pékin, je peux assurer Stojko que j'y ai pensé bien plus qu'une fois et ma conclusion c'est qu'en allant à Pékin je ne dis en aucune manière que je suis d'accord avec ce régime-là.

J'ai seulement la conviction que ces Jeux aideront les Chinois, j'ai aussi la conviction qu'un boycott n'apporterait aucun changement positif, au contraire. Enfin je note que le Canada a toujours un ambassadeur de Chine, que les hommes d'affaires canadiens vont y faire des affaires comme jamais, dans ces conditions, je ne vois pas ce que moi je pourrais faire de plus qu'eux avec la pagaie de mon kayak...

KOEVERDEN ET L'ÉCOLOGIE

La planète est dans un état désastreux. C'est un scandale, peut-être même un crime de faire si peu pour corriger la situation. (Adam est un très actif membre de la fondation David Suzuki. Il est aussi un des athlètes très en vue de l'organisme humanitaire Right To Play qui défend le droit des enfants à jouer et éventuellementà faire du sport

KOEVERDEN ET LE SKI DE FOND

Cet hiver pour changer le mal de place, Adam est allé s'entraîner quelques fois avec l'équipe canadienne de ski de fond à Canmore en Alberta et aussi au mont Sainte-Anne. Il a rapporté au collègue Randy Starkman du Toronto Star, que outre l'aspect sport total, ce qu'il aimait le plus du ski de fond, c'était... les paysages: «Tu sais ce genre de paysage de neige que tu trouves sur le calendrier que ta mère a collé sur le frigo, paysage tellement surréel que tu ne pensais pas qu'il existait vraiment».

KOEVERDEN ET LA SCIENCE

À Athènes, il nous avait dit qu'il étudiait en kinésiologie - études complétées depuis - mais qu'est-ce donc que la kinésiologie, Adam? C'est comme un cours de gymnastique. Mais très compliqué.

LA DIFFÉRENCE ENTRE PÉKIN ET ATHÈNES

Cette fois-ci, l'homme à battre, c'est moi.

Adam Van Koeverden

Âge: 26 ans

Discipline: kayak

Grandeur:1 m 82

Poids: 87 kg

Lieu de résidence:

Oakville, Ontario

PRINCIPALES RÉALISATIONS

Athènes 2004 : médaille d'or en K1 au 500 met médaille de bronze au 1000 m.

Championnat du monde 2007: or au 500m, argent au 1000 m.

2005: argent au 1000m, bronze au 500 m.

2003: argent au 1000 m.

Trophée Lou Marsh (2004) comme athlète de l'année.

Porte-drapeau de l'équipe canadienne à la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin.

2 médailles aux Jeux olympiques

4X champion de la Coupe du monde

16 victoires en Coupe du monde