Jacques Martin sait maintenant qui est le boss.

Même si dimanche, face aux Bruins à Québec, il a dit de David Desharnais, première étoile de la rencontre, qu'il avait encore été le meilleur des siens et qu'il aurait sans doute l'occasion d'affronter les Penguins au Centre Bell, lundi, ça ne s'est pas passé comme ça.

Moins de 12 heures après s'être fait dire qu'il avait mérité de prolonger son séjour à Montréal, c'est plutôt un billet d'autobus pour Hamilton qui attendait Desharnais, hier matin.

Ainsi en avait décidé Bob Gainey.

Surpris?

Pas du tout. Dans ma chronique d'hier je disais que malgré ses énormes succès, Desharnais n'avait aucune chance de demeurer avec le grand club.

Mais le plus surpris a sans doute été Jacques Martin. Pas surpris d'apprendre que Desharnais ne commencerait pas la saison à Montréal, mais surpris de voir Gainey l'obliger à céder Desharnais aussi tôt aux Bulldogs malgré tout le bien qu'il en avait dit la veille.

Ça lui apprendra. Chez le Canadien, c'est Gainey qui décide de l'identité des joueurs à jeter dans la mêlée. Une fois son choix établi, c'est à Jacques Martin qu'incombe la tâche de les diriger vers la victoire. Point à la ligne.

Gainey, l'an dernier, au sujet de la façon d'utiliser Halak et Price avait fait le même coup à Carbo.

En substance, Gainey avait dit que c'était lui qui décidait des joueurs à mettre en place et que le job du coach, une fois le choix des joueurs établi, était de les faire produire.

Une semaine jour pour jour après avoir fêté ses 23 ans, Desharnais, originaire de la région de Québec, cinq pieds et sept pouces, 180 livres, auteur de 24 buts et de 34 aides avec les Bulldogs l'an dernier, en plus de terminer la saison avec un différentiel de +12, a donc été retranché du grand club, même si au début du camp d'entraînement Jacques Martin avait juré que les joueurs seraient jugés en fonction de leur rendement sur la glace.

Pourquoi alors avoir retranché le jeune joueur de centre?

Parce que Gainey jugeait que Desharnais était devenu une source de distraction au sein de l'équipe tellement ses succès faisaient jaser et que d'aucune façon il ne voulait revivre l'épisode Guillaume Latendresse quand, à ses débuts avec le Canadien, il avait presque été obligé de le garder avec l'équipe.

Mais pourquoi avoir retranché Desharnais aussi tôt?

Parce que si Desharnais avait affronté les Penguins, hier, et qu'il avait fait un Brian Gionta de lui-même en récoltant une couple de points, ç'aurait été la folie à Montréal et Gainey aurait par la suite été fort mal venu de ne pas lui accorder une autre chance.

Quoi qu'il en soit, le message que Gainey a lancé aux jeunes joueurs de l'organisation, hier, c'est que peu importe votre rendement au camp d'entraînement, les dés sont pipés dès le départ et les places disponibles au sein du grand club allouées avant même le début du camp.

Pas beau ça?

Bon, il y a le message, mais il y a aussi la façon.

Si, pour des raisons que l'on ne connaît pas, Gainey jugeait qu'il était encore beaucoup trop tôt pour faire place à Desharnais, il n'avait quand même pas le droit de le limoger quelques heures à peine après que Jacques Martin eut dit de lui qu'il avait été son meilleur attaquant.

En monsieur civilisé, de façon à le remercier pour le brio démontré la veille face aux Bruins, Gainey aurait dû permettre à Desharnais d'affronter les Penguins, hier. Et, puisqu'il y tenait tant, il lui aurait suffit de le jumeler à des ailiers ordinaires tout en réduisant son temps de jeu. Ainsi attriqué, Desharnais aurait forcément connu un match ordinaire et personne aujourd'hui ne s'offusquerait de le voir partir pour Hamilton.

Autrement dit, comment faire compliqué quand tout aurait pu être si simple.

Autre irritant: la décision de Jacques Martin d'habiller Sergei Kostitsyn face aux Bruins dimanche même si ce dernier avait raté l'autobus de l'équipe, dimanche matin.

Une autre décision de Gainey. En suspendant Sergei pour un match, Gainey diminuait du même coup sa valeur marchande puisque les Kotstistyn, quoi qu'on en dise, en raison de leurs frasques de l'an dernier, sont toujours bel et bien à échanger.

Go Habs go...

* * *

Un lecteur s'indigne du fait que dans ma chronique d'hier j'ai mentionné que Martin St.-Louis n'avait jamais été repêché par aucune équipe de la Ligue nationale.

«Un peu de rigueur, monsieur Blanchard, m'écrit Patrice Provencher. St.-Louis a commencé sa carrière avec les Flames de Calgary.»

Un peu de rigueur, M. Provencher, en effet. Vrai que St.-Louis a commencé sa carrière avec les Flames, mais il a décroché un contrat avec ces derniers après avoir été invité à leur camp d'entraînement. Les Flames ne l'ont jamais repêché.