Il y a une similitude entre la campagne électorale qui s'amorce au Québec et les présidentielles qui viennent de se terminer aux États-Unis. Pas parce qu'un Barack Obama en puissance se cache dans un de nos trois candidats. Ni parce qu'on sent souffler un vent de changement. Le Québec, qui se demande si le gouvernement sortant obtiendra un mandat majoritaire ou minoritaire, est plutôt en mode consolidation.

Ce qui risque de se ressembler, c'est plutôt la façon qu'on accueillera les plans des candidats. Pendant des mois, Barack Obama et John McCain ont multiplié les mesures et les plans pour contrer la récession et relancer l'économie américaine. Et ce n'est pas là-dessus que les Américains ont voté et ce n'est pas de cela qu'on se souvient.

 

La même chose risque fort d'arriver aux plans de relance présentés, hier, par les chefs du Parti libéral et du Parti québécois. Pas parce que ces plans ne sont pas dignes d'intérêt. Mais parce que les électeurs ne se feront pas une tête en comparant des trains de mesures sur l'économie. Ce n'est pas ainsi que ça se passe.

Je dois avouer qu'il est très difficile de faire une comparaison formelle des programmes économiques de Pauline Marois et Jean Charest. Parce que les partis ont présenté des cadres très généraux auxquels il manque trop de détails. Mais aussi parce que les deux plans ne sont pas au même stade d'avancement.

Le projet libéral est plus étoffé, ce qui s'explique parce que le parti gouvernemental, qui a choisi de déclencher les élections, planche certainement sur son projet depuis plus longtemps. On peut même soupçonner le PQ d'avoir déposé son propre projet de sortie de crise en catastrophe, pour ne pas laisser les libéraux occuper seuls le terrain de l'économie.

Résumons rapidement les principales mesures. Pour le PQ: renforcement des programmes de formation de la main-d'oeuvre, crédit d'impôt remboursable de 1000$ sur les paiements d'hypothèques, hausse temporaire de la remise de TVQ, assouplissement pour les FEER, garanties de prêts pour les PME, fonds d'investissement stratégique par le biais la Caisse de dépôt. Pour les libéraux: augmentation des travaux d'infrastructures, renforcement des programmes de formation de la main-d'oeuvre, aide à la rénovation domiciliaire, accélération des grands projets privés, hausse du salaire minimum, 1 milliard de dollars en garanties de prêts, un autre dans les investissements de la SGF, des mesures pour les caisses de retraite et les FEER.

Ce qui frappe d'abord, ce sont les similitudes entre les deux approches. On note ainsi avec plaisir que libéraux et péquistes mettent beaucoup d'accent sur la formation et sur l'accès au crédit.

Ce n'est pas vraiment étonnant. Les deux formations ont manifestement une même lecture de la situation économique qui les mène à ne pas paniquer et à développer des solutions sobres et ciblées, et un même souci de prudence financière. Les problèmes qu'ils veulent régler sont les mêmes et les outils dont ils disposent sont les mêmes.

Les partis se distinguent surtout par leurs travers. Ainsi, le crédit remboursable pour hypothèques proposé par le PQ est trop tarabiscoté pour fonctionner, on donne 1000$, mais on va le reprendre un jour. Et l'idée de mobiliser la Caisse, attrayante, comporte un sérieux risque d'ingérence. Les libéraux, de leur côté, comme souvent, en font trop et se dispersent dans des éléments qui n'ont plus de lien avec la récession, par exemple des projets hydroélectriques dont l'horizon est lointain, des mesures très vagues sur l'innovation.

Ce qui donne un certain avantage aux libéraux, c'est que le programme présenté hier est le prolongement d'une action gouvernementale. Une action qui, depuis quelques années, a été cohérente et bien ciblée. C'est ce bon bilan qui donne à Jean Charest une crédibilité dans ces domaines.

Mais c'est donc aussi sur le bilan des libéraux que porteront les débats. On l'a vu depuis deux jours avec cette chicane sur les «vrais chiffres» et le désaccord entre le gouvernement et le vérificateur général. C'est une bataille comptable pas très intéressante, mais qui permet de mettre en doute la qualité de la gestion des finances publiques du gouvernement Charest.

En dernière analyse, ce qui comptera, ce n'est pas le plan, mais celui qui le propose. On regardera bien davantage les équipes, les chefs, et la performance passée. Tout se ramènera en fin de compte à une question de confiance, de crédibilité et de leadership.