«Si le Québec était souverain, nous serions assis aux grandes tables internationales où les nations se concertent pour amoindrir les effets de la crise.»

C'est là une des raisons que la chef du Parti québécois, Pauline Marois, invoquait le week-end dernier, dans son discours au Conseil national de son parti, pour expliquer en quoi l'idée de souveraineté était tout aussi pertinente en période de crise qu'en période de prospérité.

C'est le genre d'arguments qu'on a tellement entendus qu'on ne s'arrête plus pour les regarder d'un peu plus près, pour essayer de voir ce qu'ils signifient vraiment. J'ai donc décidé de prendre Mme Marois au sérieux, pour me demander à quelles tables le Québec pourrait être assis s'il était un pays, à quel genre de concertation il pourrait participer, et avec qui.

Un Québec souverain pourrait certainement être membre de l'Organisation des Nations unies et en devenir le 193e État membre. Le problème, c'est que l'ONU n'est pas un lieu privilégié d'intervention économique. Ce n'est pas là que la concertation sur la crise aura lieu.

Il faut aussi noter que si le Québec était membre de l'ONU, il ne serait pas assis à une table. Il se trouverait plutôt quelque part dans un énorme amphithéâtre. Ça peut sembler un peu futile comme argument, mais les mots ont un sens. Et il est évident que la formule «assis aux grandes tables internationales» suggère une proximité et une interaction auxquelles, dans les faits, le Québec n'aurait pas accès.

C'est à d'autres tables qu'auront lieu les grands débats économiques. La coordination des politiques monétaires et fiscales, et l'ébauche d'une nouvelle gouvernance mondiale se font actuellement dans deux forums, le G8 et le G20. On peut affirmer, sans l'ombre d'une hésitation, que si le Québec était un pays, il ne serait membre d'aucun des deux.

C'est assez évident pour le G8. où l'on parle beaucoup d'économie. C'est le club des grandes puissances industrialisées : États-Unis, France, Japon, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, auquel se sont joints le Canada et ensuite la Russie. L'Union européenne participe aux rencontres. Le Canada est, de loin, le plus petit des pays membres. Il risquerait même de ne plus faire le poids s'il était amputé du Québec. Il va de soi qu'un Québec souverain, qui serait un petit pays, n'y aurait pas sa place.

Mais le G20 jouera un rôle croissant en intervention économique. C'est un G8 élargi aux autres grandes puissances, notamment les pays émergents, choisis pour leur taille, mais aussi leur rôle: Argentine, Australie, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Mexique, Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Corée du Sud et Turquie. Plus l'Union européenne. Le Québec serait trop petit pour y être admis. Parce qu'il se classe au 31e rang mondial pour son poids économique, un peu derrière le moins puissant des membres du G20, l'Argentine. Et surtout, parce qu'il serait au 97e rang pour sa population. D'ailleurs, les petits pays riches, comme la Belgique ou les Pays-Bas, n'en sont pas membres.

En outre, le Québec, s'il était un pays, aurait du mal à s'insérer dans une foule de débats parce qu'il n'aurait pas de monnaie, pas de banque centrale, pas de participation formelle à une union monétaire et probablement pas de système bancaire propre.

Et donc, la question reste entière. À quelle table internationale le Québec serait-il assis pour parler d'économie? Aucune.

Maintenant que c'est fait, je dois avouer que j'ai eu l'impression de perdre mon temps en écrivant cette chronique sur un sujet qui me paraît parfaitement oiseux. Mais le drame, c'est que le Québec en entier perd son temps avec des débats comme ceux-l