Dans un rapport confidentiel sur les changements climatiques datant d'octobre 2003, le Pentagone tentait d'«imaginer l'inimaginable», «de repousser les frontières de la recherche» afin de mieux anticiper les divers risques que ce bouleversement posera sur la sécurité des États-Unis.

Hormis les détails sur l'«indéniable» escalade de conflits dans le monde, l'engloutissement des Pays-Bas et l'intégration de la Russie dans l'Union européenne, une des hypothèses avancées nous touchait directement. «Les États-Unis et le Canada pourraient se fondre en une seule entité», prédisait le Pentagone.

Nous n'en sommes pas là, certes, mais au cours des derniers jours, un rapprochement certain s'est opéré entre les deux pays avec, signe du destin, la question climatique comme toile de fond. Et ce n'est fort probablement qu'un début...

En effet, l'élection de Barack Obama à la tête des États-Unis signale non seulement un virage de la politique environnementale de ce pays, il en annonce également un au Canada.

Le tournant est d'ailleurs déjà amorcé dans les deux capitales. À Washington, M. Obama a profité de son inauguration pour confirmer qu'il se servirait de l'environnement comme levier pour sortir le pays de la crise économique. Et à Ottawa, le ministre Jim Prentice a souligné que la «détermination» du nouveau président dans le dossier climatique constituait «un changement fondamental du contexte», favorable à «une approche nord-américaine».

En termes clairs, l'époque où Ottawa pouvait s'appuyer sur le laxisme de Washington pour justifier le sien est révolue. Derrière nous aussi, le sacro-saint argument de la «compétitivité» entre les deux nations, utilisée comme prétexte à l'immobilisme.

Comment tout cela se traduira-t-il? En un changement de ton, d'abord. Déjà la semaine dernière, le premier ministre Harper a reconnu que «nous devons faire un meilleur travail au plan environnemental sur la question des sables bitumineux». La déclaration est sans précédent.

Une bourse climatique continentale est ensuite à prévoir. Comme l'Europe avant elle, l'Amérique devrait se doter d'un marché financier permettant aux entreprises d'échanger des crédits d'émissions de gaz à effet de serre, une initiative jusqu'ici boudée par les conservateurs.

Poussons plus loin l'exercice. Les deux voisins pourraient aussi, chemin faisant, élaborer un mini-Kyoto bilatéral, qui obligerait le Canada à abandonner ses «cibles d'intensité». Ils pourraient même décider de faire front commun dans les négociations internationales concernant Kyoto, histoire de faire contrepoids à l'Europe, au moment où elle est affaiblie par des dissensions internes.

Petit chien des États-Unis, donc, le Canada? Pas exactement. Le virage du Canada pourrait bien entraîner un virage tout aussi prononcé aux États-Unis, cette fois dans le dossier des sables bitumineux.

Après avoir interdit aux agences fédérales d'acheter du pétrole à la production trop polluante, Washington pourrait bien faire volte-face, au nom de la sécurité nationale des États-Unis.

Les récents propos de Hillary Clinton, mais aussi la nomination de James Jones à titre de conseiller à la sécurité nationale, militent en ce sens. Ce dernier, qui a ses entrées à Calgary, était jusqu'à tout récemment président du 21st Century Energy, un organisme qui prône un rapprochement entre le Canada et les États-Unis.

L'«Amérique» à laquelle fait fréquemment référence Barack Obama dans ses discours n'englobe, bien évidemment, que les États-Unis. Mais pour combien de temps encore?

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12e

Le Canada est devenu le 12e pays au monde à dépasser les 2000 MW de puissance éolienne installée. Quelques années encore avant de rattraper les États-Unis, qui ont récemment dépassé les 20 000 MW...

Le courrier du bac

Q : Pour éviter le gaspillage d'eau, doit-on laver la vaisselle à la main, ou au lave-vaisselle?

R : Le lave-vaisselle est clairement un meilleur choix, tant pour l'environnement... que pour la propreté de votre vaisselle, conclut des chercheurs de l'Université de Bonn. Pour un ensemble de 12 couverts, évaluent-ils, le lavage à la main nécessite 100 litres d'eau, comparativement à seulement 15 litres pour un lave-vaisselle neuf. Au bout d'une année, l'option automatique permet de sauver l'équivalent de 200 bains plein d'eau. Avec à la clé, 400 heures libres de plus...

Dangereuses?

Devra-t-on s'enduire de crème solaire avant de s'asseoir au salon pour une séance de lecture? L'Agence de protection de la santé du Royaume-Uni a évoqué la possibilité que les ampoules fluocompactes émettent suffisamment de rayons UV pour bronzer la personne qui s'en approche trop longtemps. La chose est prise au sérieux par le gouvernement du Canada, qui a lancé une étude sur la question... près de deux ans après avoir annoncé le bannissement  total des ampoules incandescentes.