À quelques jours d'un vote crucial du Parlement européen, Ottawa jure qu'il défendra la chasse aux phoques sur toutes les tribunes, à commencer par celle de l'Organisation mondiale du commerce.

Il y a quelque chose de surréaliste dans ce débat opposant l'Europe au Canada. Le premier semble agir sur le coup de l'émotivité, de la même façon qu'une Brigitte Bardot dénonçant cette «boucherie à ciel ouvert». Et le second semble prêt à protéger cette industrie coûte que coûte, pour de strictes raisons économiques.

La démagogie contre le chauvinisme, en somme. Comment voir autrement cette querelle diplomatique qui s'est récemment envenimée avec la prise de position sans nuance d'une des commissions du parlement européen?

Les députés ont rejeté les recommandations du rapporteur de la commission, qui privilégiait l'étiquetage, et ont opté pour une interdiction quasi totale qui sera bientôt soumise au parlement. «Une claire majorité de citoyens sont horrifiés par le massacre cruel de milliers de phoques chaque année», a lancé la présidente de la commission pour justifier ce choix.

Le Canada rétorque que la chasse aux phoques doit impérativement se poursuivre en raison de son importance économique . Les chasseurs, qui proviennent de communautés lourdement affectées par le chômage, tirent environ le quart de leur revenu de cette activité, fait-on valoir.

Or une analyse menée l'an dernier par le National Post a démontré que les fonds investis par le pays (gardes côtières, représentations internationales, frais juridiques, etc.) dépassent de loin les sommes gagnées par les chasseurs. En clair, le Canada pourrait payer ces derniers à ne rien faire...

Il importe donc de recentrer le débat sur deux enjeux de plus grande importance : le traitement des animaux et l'impact environnemental de la chasse.

Sur le plan animal, un rapport mené par neuf vétérinaires indépendants a conclu que la méthode préconisée pour tuer le phoque n'est en rien cruelle. «La majorité des phoques étudiés dans la chasse au Canada, soit 98 %, ont été abattus de façon non cruelle, confirmait récemment Pierre-Yves Daoust, membre de l'Association canadienne des médecins vétérinaires. Ce taux se compare favorablement aux résultats d'études menées dans les abattoirs d'Amérique du Nord.»

Dans ce cas, pourquoi interdire les produits dérivés du phoque, mais pas ceux provenant du boeuf, si ce n'est que ces derniers font de bien moins belles cartes postales?

Cela dit, c'est sur le plan environnemental que l'interdiction européenne est la plus discutable. «La campagne internationale de lutte menée contre cette activité ne possède aucun fondement scientifique», a d'ailleurs noté l'organisme Nature Québec, dans une lettre envoyée aux eurodéputés.

Non seulement le bannissement des produits de cette chasse est difficile à justifier, elle nuirait carrément à l'équilibre écologique du golfe Saint-Laurent. Bien que l'on tente désespérément de faire revivre les stocks de morue, ils ont récemment atteint un creux historique, malgré des années de restriction sur la pêche.

Au ban des accusés, la population croissante de phoques (plus 243 % depuis 30 ans), qui agit telle «une flotte de pêche non contrôlée», selon Jean-Claude Brêthes, professeur à l'Institut des sciences de la mer de Rimouski.

On le voit bien, ce n'est pas tant le bien-être du règne animal qui est en cause, que celui des âmes sensibles.

 

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Trotinettelib'

Après le Vélib' et le Bixi, voici le Trotinettelib' . Un étudiant en design de la University of New South Wales propose un tout nouveau système de transport urbain qui se démarque par sa simplicité. Il s'agit d'une tour un brin plus grosse qu'un lampadaire à laquelle sont accrochés quatre trottinettes en libre-service. Idéal pour franchir rapidement de courtes distances dans les villes à haute densité.

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Où est Jim?

Le Sierra Club du Canada a lancé un avis de recherche pancanadien : où est le ministre de l'Environnement? Occupé à défendre l'industrie, son ancien portefeuille, Jim Prentice n'aurait pas été vu une seule fois en train de défendre l'environnement depuis sa nomination, il y a trois mois.

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L'anti-bouteille d'eau C'est un peu l'équivalent du réfrigérateur vendu aux Inuits... Un entrepreneur a mis en marché une bouteille d'eau provenant du robinet, appelé Tap'dNY, qu'il présente aux consommateurs comme... une bouteille d'eau provenant du robinet. On fait ainsi valoir l'importance de l'achat local, en précisant qu'«aucun glacier n'a été maltraité». On applaudit l'honnêteté, ou on déplore le machiavélisme de ce produit?

Une fameuse bouteille Tap'dNY