Les critiques virulentes ont dégouliné sur le Bye Bye 2008 mitonné par Louis Morissette et Véronique Cloutier: vulgaire, déplacé, méchant, cheap, facile, épais, enragé, raciste et alouette! Comme dirait Julie Couillard, qui a multiplié les apparitions en cette veille de la Saint-Sylvestre, «c'est t'ivident qu'il y a eu de l'eau dans le gaz».

Contrairement aux formidables et décapantes années de Rock et Belles Oreilles, aucun sketch du tandem Cloutier-Morissette n'a marqué au point où on souhaitait se le repasser 12, 15 ou 20 fois en se tapant sur les cuisses. Du style Loft Sorry ou Séraphin Péladeau. Les bons coups (le méchoui de Chantal Lacroix, les imitations de Véro) ont été éclipsés par les maladresses (Denis Lévesque) et le manque de jugement (pourquoi autant de gags sur Nathalie Simard?), qui ont ponctué l'émission vedette de fin d'année de la SRC. Venant de la fille de Guy Cloutier, mettons que les vannes sur l'ex-vedette du Village de Nathalie ont rapidement suri.

 

Clairement, l'équipe de Véronique Cloutier a mal dosé son fiel et rajouté une tasse de malaise à la recette de base. Malgré cette boue de commentaires négatifs, le Bye Bye de Véro et Louis a récolté de meilleures cotes d'écoute que celui de RBO: 2 668 000 téléspectateurs ont dégusté la cuvée Morissette-Cloutier, dans la soirée du 31 décembre, contre 2 475 000 qui ont savouré le Château RBO de l'an dernier. Le soir du 1er janvier, 1 467 000 téléphages ont consommé la reprise de ce Bye Bye 2008 controversé.

Ce qui donne un score total de 4 135 000 curieux, en excluant tous ceux qui ont enregistré l'émission pour la regarder plus tard. C'est énorme: 83 % des Québécois qui ont défoncé l'année avec la télé allumée ont syntonisé Radio-Canada.

Les chiffres BBM de Dieu, merci, l'année est finie ont souffert de la présence magique de Tout le monde en parle. De 1 898 000 téléspectateurs en 2007, l'audience de l'émission d'Éric Salvail a fondu à 1 316 000 fans. Guy A. Lepage et sa joyeuse bande - mon coup de coeur du 31 décembre - ont attiré une moyenne de 1 559 000 fidèles pendant 2 h 30. Très rigolo, mais un brin trop gentil, Infoman a intéressé 1 452 000 accros. La spéciale d'Et Dieu créa... Laflaque a aussi fracassé la barre du million avec 1 006 000 mordus à l'écoute.

La grande tour de Radio-Canada n'a pas émis de puissant signal hier: aucun patron n'a accordé d'entrevue à propos de ce plus récent Bye Bye. Après une cogitation de plusieurs heures, la SRC a publié un soporifique communiqué appuyant les créateurs du Bye Bye, soit Louis Morissette, François Avard, Jean-François Mercier, Jean-François Léger et Pierre Hébert.

Même stratégie chez Novem, l'entreprise appartenant à Véronique Cloutier: ni Louis ni Véro n'ont parlé publiquement hier (ils se reposent en Floride). Une courte déclaration a résumé qu'«il serait malhonnête de prétendre que nous avons fait preuve de racisme. Nous rejetons cette affirmation avec vigueur. Chaque allusion raciale servait à mettre en relief l'ineptie des personnages impliqués dans le sketch. Nous regrettons sincèrement que certains mots aient pu choquer, mais assumons totalement les intentions derrière l'utilisation de ces mots».

Dans un courriel humoristico-politique qu'il m'a expédié, François Avard note que «nos sondages internes étaient bons. Rien ne laissait présager un revers si abrupt. Visiblement, la plateforme humoristique mise de l'avant proposait des items qui n'ont pas su répondre aux attentes de la majorité et ont ainsi nui à l'adhésion au reste de notre programme. Un comité restreint se penchera sur la question dès la tourmente traversée et certaines résolutions seront certainement adoptées et, dès lors, annoncées».

Le seul qui a osé se mouiller publiquement, c'est l'humoriste Jean-François Mercier, d'une franchise désarmante et rafraîchissante. «C'est un constat d'échec. Je serais bien surpris si Radio-Canada renouvelait mon contrat. On savait que ça allait brasser. Mais jamais à ce point-là», détaille Jean-François Mercier, qui incarne aussi Maurice Ladouceur dans Virginie.

Il poursuit: «Si c'était à refaire, je ne le referais pas. Je vais me tenir loin des entreprises du genre. Je vais me contenter de faire des shows. Quand je me suis couché en 2008, tout allait bien. Quand je me suis réveillé en 2009, tout allait mal.»

Selon Jean-François Mercier, Radio-Canada a grincé des dents en lisant les blagues pondues sur Nathalie Simard. Après plusieurs discussions, ces segments ont été conservés.

Quant à Louis Morissette et Véronique Cloutier, dont les vacances au soleil étaient planifiées avant que la tempête médiatique ne se lève, «je mentirais si je disais qu'ils sont contents», résume Jean-François Mercier.

 

Photo: Radio-Canada