Les navets cinématographiques de 2008 ont-ils aussi mauvais goût que ceux de l'an dernier? Demandons à l'Infoman de Radio-Canada qui, à quelques jours du gala des Jutra, attribuera demain soir ses célèbres prix Aurore aux films québécois qui ont vraiment, vraiment, vraiment fait pitié sur nos écrans. Bref, les plus poches.

Quatre oeuvres se disputeront l'Aurore - une bobine collée sur un rond de poêle - du «meilleur pire film de l'année»: Cruising bar 2, Le cas Roberge, Le grand départ et Le piège américain. L'an dernier, Jean-René Dufort et Chantal Lamarre ont décerné la statuette à Québec sur ordonnance de Paul Arcand. L'année précédente, le déshonneur avait jailli sur Roméo et Juliette d'Yves Desgagnés. Ouf.

En trois ans d'Aurore, aucun artisan du cinéma québécois n'a encore cueilli sa récompense directement des mains de notre Infoman. Fidèle au poste, le dévoué Pierre Brassard acceptera encore les statuettes au nom des absents. Le milieu manquerait-il, ô quelle surprise, d'autodérision? «Nous avons l'épiderme mince au Québec. Les gens ne réagissent pas trop bien quand ils gagnent un Aurore», remarque Jean-René Dufort.

Les nommés, de même que les gagnants ou les perdants, c'est selon, ont été sélectionnés par un jury de critiques chevronnés: Odile Tremblay (Le Devoir), Manon Dumais (Voir), Michel Coulombe (Première Chaîne de Radio-Canada), Maxime Demers (RueFrontenac.com) et le collègue Marc Cassivi. Pendant toute la durée de la cérémonie enregistrée au cinéma Ex-Centris, un chialeur en chef - Vincent Graton - s'acquittera des traditionnelles montées de lait associées à ces soirées mondaines.

Dans la catégorie «film dont on redoute le plus la suite», faites vos choix entre Le cas Dufaux, Cruising bar 3 ou Baboune, le deuxième chapitre de Babine mettant en vedette Richard Martineau.

Pour l'accessoire de l'année, voici les finalistes: le col de fourrure meurtrier dans Truffe, l'étoile de shérif du mamelon de Michel Côté dans Cruising bar 2, la boule de ruban sur la tête de Michel Côté dans Cruising bar 2 et le pantalon moulant de Roy Dupuis dans Un été sans point ni coup sûr.

Du côté des acteurs, Michel Côté (Cruising bar 2), Stéphane Rousseau (Astérix aux Jeux olympiques) et Benoit Roberge (Le cas Roberge) se disputeront l'Aurore «Liquid Paper pour effacer de son CV le film dans lequel il a compromis sa carrière en 2008». Chez les femmes, ça se jouera entre Fanny Mallette (La ligne brisée), Véronique Le Flaguais (Cruising bar 2), Susan Sarandon (Emotional Arithmetic), Guylaine Tremblay (Le grand départ) et Fabienne Larouche (Le piège américain).

Fabienne, comédienne? «Elle a tellement accordé d'entrevues pour Le piège américain qu'elle est quasiment devenue une actrice du film», précise Maude Vachon, recherchiste pour Infoman. Faudra également surveiller les catégories de l'Aurore «la farme-tu ta yeule pour la pire réplique de film» et le «Life Achèvement Aurore», qui récompensera un artiste pour l'ensemble de son oeuvre.

À l'unanimité, le comité de sélection a voté pour la création d'un nouvel Aurore pour le navet de l'avenir. Et qui le récoltera? Indice: ça commence par «Le bonheur» et ça finit par «de Pierre». «Les Aurore, c'est le plus court et c'est le plus sympathique des galas. Un gala ne devrait jamais défoncer les 10 minutes», rappelle Jean-René Dufort. Karine Vanasse, est-ce que tu prends des notes en prévision de dimanche?

Compressions dans la tour

Panique, angoisse et incertitude dans la grande tour du boulevard René-Lévesque hier: dans quels secteurs les compressions annoncées par la haute direction de Radio-Canada feront-elles des ravages? Toutes sortes de rumeurs ont trotté hier: émissions torpillées, mises à pied en région, retraites anticipées, etc. Le PDG de CBC/Radio-Canada, Hubert Lacroix, dissipera le brouillard ce matin dans un discours qu'il prononcera à 11 h 45 et que la société d'État retransmettra sur son réseau interne.

Chose certaine, pas question de permettre la vente de publicité sur les ondes radiophoniques. Pas question, non plus, d'augmenter le nombre d'émissions américaines dans la grille horaire de CBC.

La baisse des recettes publicitaires a creusé un trou d'une soixantaine de millions dans le budget de la SRC. La nouvelle année financière s'amorce le 1er avril, d'où l'annonce de cette nouvelle cure minceur. Demain midi, Hubert Lacroix prononcera un discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain à l'hôtel Delta du centre-ville.

Une Mère indigne populaire

Les webépisodes des Chroniques d'une mère indigne cartonnent sur le site de Radio-Canada. Le lundi, jour de mise en ligne des nouvelles aventures de cette famille indigne, plus de 18 000 internautes les regardent. Même chose pour le mardi: Radio-Canada y enregistre en moyenne 18 000 branchements. En comparaison, la «vraie» émission la plus populaire sur Radio-Canada.ca, Les Invincibles, clignote à 36 000 visionnements par semaine. Un jour, BBM devra tenir compte des téléspectanautes, de plus en plus nombreux à consommer leur télé devant un ordinateur.

Au printemps, s'il daigne se pointer le bout du nez, la SRC garnira sa banque d'émissions en ligne des titres suivants: Perdus, Des kiwis et des hommes, Bons baisers de France et On prend toujours un train.