C'est l'histoire, belle et inspirante, de Susan Boyle, une timide Écossaise de 48 ans, jamais mariée, sans emploi, qui a toujours habité avec sa maman Bridget (morte en 2007) et son chat Pebbles.

Samedi soir dernier, dans un théâtre bondé de Glasgow, cette petite dame au physique ingrat, bénévole à l'église de son village, s'est pointée aux auditions de la populaire émission Britain's Got Talent, dont TVA diffuse la version américaine doublée - Du talent à revendre - les vendredis à 20h. Avec sa mauvaise coupe de cheveux, ses sourcils à la Michael Ignatieff et sa robe de paysanne beige, Susan Boyle a rapidement provoqué une cascade de ricanements suspicieux et une série de roulements de yeux découragés.

 

Franchement, comment une laideronne pas maquillée comme Susan ose-t-elle se montrer à la télévision nationale? Naïve, l'Écossaise a également soufflé qu'elle n'avait jamais embrassé un garçon.

Puis, les trois juges de l'émission, dont le cynique Simon Cowell d'American Idol, lui ont quasiment ri au visage quand elle a déclaré, avec son accent écossais prononcé: «Je veux devenir chanteuse professionnelle.» Ouais, ouais, c'est ça, dans tes rêves peut-être.

Vous devinez la suite? La bande sonore de la pièce I Dreamed A Dream, extraite de la comédie musicale Les Misérables, a résonné dans l'amphithéâtre et Susan, mal à l'aise sur l'immense scène, a poussé sa première note cristalline. Wow.

Avec cette voix d'ange emprisonnée dans un corps pas très joli, la nouvelle star a conquis toute la salle en un couplet. Tapez Susan Boyle dans YouTube et regardez le visage de juges se transformer quand la candidate se jette dans son interprétation. C'est spectaculaire.

La prestation de Susan Boyle, saluée par une ovation monstre, a été vue plus de 12 millions de fois sur le web et son histoire de vilain petit canard a galopé sur tous les continents. L'actrice Demi Moore et son époux Ashton Kutcher ont même publiquement exprimé (sur Twitter) leur admiration pour cette habituée des karaokés de son patelin de Blackburn, près d'Édimbourg, en Écosse.

Après son tour de chant, Susan a rapidement trottiné vers les coulisses, s'attendant sans doute à un autre rejet. Mais non, les juges l'ont quasiment suppliée de revenir pour la couvrir de compliments.

En pleine Susanmania, les médias britanniques ont crûment posé cette délicate question: pourquoi s'extasie-t-on toujours quand des femmes plus laides - les hommes souffrent moins de cette pression - sont capables d'autant de beauté? Avouez que si Susan avait été coquette, mince et jeune, son histoire n'aurait pas autant voyagé. Dans notre époque de surmédiatisation, où les caméras flattent les fronts lisses et les corps parfaits sans gras, on s'étonne encore que des personnes moins gâtées par la nature débordent autant de talent.

Comme si la laideur équivalait automatiquement à une vie misérable dénuée de succès. C'est désolant, mais c'est la triste réalité. De plus en plus, nous jugeons les artistes pop en scrutant leur apparence physique, leurs vêtements ou leurs coiffures.

Maintenant, les Britanniques couronneront-ils une star plus moche que moche? Peut-être. Mais soyez assurés que Susan Boyle subira une métamorphose des pieds à la tête avant de lancer son premier CD. C'est triste, mais c'est la désolante réalité.

Je lévite

Avec Don't Trust Me de 3OH!3. Du rock énergique, joliment enrobé de pop tonique, parfait pour les longues balades en voiture. Ah oui : le nom du groupe se prononce «three-o-three», une référence au code régional 303 de la région de Boulder, au Colorado, d'où provient la formation.

Je l'évite

La Snuggie. Vraiment, une couverture avec des manches? Selon le New York Times, quatre millions de ces horribles tuniques de style frère Tuck de Robin des Bois ont été vendues jusqu'à présent. Seul point positif: ces quatre millions de consommateurs peuvent, Dieu merci, flatter leur chat et changer les chaînes de la télé tout en restant bien au chaud.

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