Quand Éric Lapointe a grimpé dans le train de Josélito Michaud, le 30 septembre dernier, il digérait encore l'alcool ingurgité la veille lors de sa fête d'anniversaire. L'oeil vitreux, le visage bouffi, le rockeur de 39 ans butait sur les mots et bredouillait ses phrases avec la voix graveleuse d'un noctambule qui a écumé tous les bars de Montréal en une seule nuit.

«Il buvait même de la vodka pendant l'interview», se souvient Josélito Michaud. Vous verrez cette fascinante entrevue dimanche à 21 h, pour le grand départ de l'excellente série On prend tous un train, toujours chauffée avec beaucoup de délicatesse par Josélito Michaud.

Dans la même émission, vous verrez aussi une deuxième entrevue qu'a accordée Éric Lapointe après son séjour prolongé au Royal Victoria, où il a sombré dans un delirium tremens. Deux hommes complètement différents, vraiment. Le premier, désoeuvré, triste et confus. Le deuxième, serein, pétillant et joyeux.

«Éric ne se souvenait même plus de notre premier entretien», détaille Josélito Michaud, le concepteur, animateur et producteur d'On prend toujours un train, des grands entretiens qui explorent - avec douceur et tact - toutes les formes de deuil.

Enfoncé dans sa banquette, une cigarette à la main, l'interprète de Terre promise se raconte avec une franchise désarmante. Sur sa relation quasi fusionnelle avec sa mère Doris, il confiera: «L'hôpital de l'âme, c'est ta mère.»

Sur son corps, qu'il a passablement usé: «Mes médecins me donnent 15 ans de plus.» Sur son hospitalisation, une sorte de suicide calculé: «Les médecins m'ont sauvé la vie. Ils m'ont aussi sauvé le cerveau.» Sur ses vices: «Il ne me reste que la cigarette. Les femmes, ç'a l'air que c'est bon pour la santé.» Sur sa rupture avec l'alcool, son enfer paradisiaque: «Je ne m'en cache pas, j'adore l'ébriété. Ça va me manquer jusqu'à la fin de ma vie.»

En deuxième partie, autre sujet émotif: Josélito confesse le caméraman de Radio-Canada Charles Dubois, amputé à Kandahar en août 2007 après avoir roulé sur une mine. Pendant quatre ou cinq mois, il n'a pas mis le nez dehors et a été aspiré dans une profonde dépression.

Dans les semaines à venir, d'autres témoignages poignants, dont ceux de Geneviève Borne, qui a subitement perdu son copain en début d'année, et Justin Trudeau, qui lève le voile sur la mort de son petit frère Michel et celle - de chagrin, il croit - de son célèbre père.

Honnêtement, le récit de l'humoriste Mario Tessier qui, 18 ans après le décès de son papa, exerce encore sa mémoire pour ne pas oublier, vous arrachera des sanglots. Et difficile de ne pas refouler des larmes quand Ricardo Larrivée, dont la femme a combattu un cancer, souffle: «C'est moi qui suis en train de mourir avec elle.»

Josélito Michaud a enregistré ses 13 émissions à bord de l'Orford Express, un train touristique qui relie Sherbrooke et Magog en 57 minutes, soit le temps exact qu'il alloue à chacune des rencontres. Quand l'entrevue se corse, d'un signe de la main droite, Josélito signale qu'il souhaite que le train ralentisse, question de ne pas couper les élans des invités (Sylvie Fréchette, Monique Lépine, Liza Frulla, Lise Dion ou Mario Pelchat).

«Moi, je n'ai pas le droit de me répandre. Et je ne me dis pas: il faut que ça braille dans le show», note Josélito Michaud, qui rêve d'interviewer Diane Dufresne et Lise Payette pour la troisième et dernière saison d'On prend toujours un train.

Au printemps 2008, la première tranche, diffusée les vendredis à 21 h, a rallié une audience chiffrée à 409 000 téléspectateurs. Tous les dimanches après l'émission, entre 22 h et 23 h, Josélito clavardera avec les téléspectateurs. Les épisodes resteront en ligne sur le www.radio-canada.ca pendant une semaine.

Pour vous plonger dans cette ambiance de recueillement et de confidences, une suggestion musicale: la magnifique chanson Pitter-Pat d'Erin McCarley, une pièce mélancolique (disponible sur iTunes) tout droit descendue du ciel. Superbe.

6000 courriels pour Pénélope

Depuis son grave accident de la route, survenu le 17 mai, les courriels d'encouragement clignotent à une vitesse ahurissante dans la boîte de Pénélope McQuade: elle en a déjà reçu plus de 6000, qui remplissent deux gros cahiers à anneaux. «Elle est vraiment touchée», indique l'agent de l'animatrice de Salut, bonjour Week-end, Éric Young.

Autre bonne nouvelle: hier, Pénélope McQuade, 38 ans, a pu s'asseoir pour la première fois avec son corset. La reporter-vedette de TVA quittera aujourd'hui l'Hôtel-Dieu de Lévis pour un grand hôpital montréalais, où elle subira une autre batterie de tests. D'ici 10 jours, si son état s'améliore, évidemment, elle devrait être transférée dans un centre de réadaptation équipé pour l'aider à reprendre une vie normale. «Elle ne sera pas autonome avant plusieurs semaines. Mais chaque jour lui apporte des petites victoires», philosophe Éric Young.

 

Photo: Radio-Canada

Pour le grand départ de l'excellente série On prend toujours un train, dimanche, Josélito Michaud a rencontré Éric Lapointe à deux reprises. Avant son hospitalisation et après.