Luc Senay est déçu. Pas amer. Juste désappointé. Il a récemment offert aux nouveaux patrons de TQS de reprendre du service à la barre de La guerre des clans, un quiz qui lui colle encore à la peau 12 ans après son retrait des ondes. Tant qu'à raviver le concept, tant qu'à le loger dans la même case horaire qu'en 1995, pourquoi ne pas ramener l'animateur original qui y a exécuté la «split» pendant cinq ans?

«J'ai l'impression que je n'étais pas dans leurs cartes. Ils veulent changer d'image, ils cherchent quelqu'un de plus jeune. Après 22 ans dans ce métier, oui, c'est toujours décevant», constate Luc Senay, 50 ans, qui habite Shefford, en Estrie.  

Dans la rue, «deux ou trois fois par jour», les fans de La guerre des clans lui demandent encore de faire le grand écart. Évidemment, vous vous posez sûrement la question: Luc Senay est-il encore capable? Réponse: «Non, je suis trop gros», blague-t-il.

 

Le producteur de cette Guerre des clans 2.0, Luc Rousseau, de chez Zone 3, militait aussi pour la réembauche de Luc Senay. «J'aurais aimé ça que Luc revienne. Il a été formidable et il le serait encore aujourd'hui. Mais TQS a demandé d'aller en audition. Ils se voyaient mal revenir avec le même show et le même animateur 15 ans plus tard», détaille Luc Rousseau qui, entre 1993 et 1997, était l'animateur de foule et la voix officielle de La guerre des clans. C'est donc lui qui placotait pendant que les familles posaient - façon Sears - dans les énormes cadres de l'émission.

 

Diffusée entre 1992 et 1997 à Télévision Quatre Saisons, La guerre des clans opposait deux familles devant deviner les réponses les plus populaires d'un sondage effectué «auprès de 300 Québécois et Québécoises», comme le récitait inlassablement, soir après soir, Luc Senay. «Je suis très marqué par ce quiz-là. C'est un des jeux les plus accessibles de la télé», remarque Luc Senay, qui a déniché des petits rôles dans L'âge des ténèbres, Les 3 petits cochons et la minisérie Ni plus ni moi à Séries +.

 

En 1997, c'est Luc Senay qui a choisi de ne plus se tourner vers le grand tableau où s'affichaient les réponses du sondage. «J'étais rendu à le faire juste pour l'argent. TQS voulait continuer. Mais moi, je n'avais plus de plaisir», glisse-t-il.

 

Pour la résurrection de ce populaire jeu télévisé, un dérivé de Family Feud, plusieurs noms d'animateurs potentiels ont circulé, dont ceux de Réal Bossé et Bernard Fortin. En audition, c'est l'humoriste Jean-François Baril, ex-membre des Mecs comiques, qui a le plus brillé. «Il avait beaucoup d'empathie envers les candidats», note le producteur Luc Rousseau.

 

En entrevue hier, Jean-François Baril a beaucoup parlé du style d'animation de Luc Senay «très proche des familles, très accessible». «Il ne riait jamais des participants quand ils donnaient des mauvaises réponses», se souvient Jean-François Baril.

 

Le concept du quiz restera intact avec des questions comme: nous avons demandé à 300 Québécois et Québécoises de nommer un élément qui s'ajoute en option sur une voiture. Des glaces électriques? L'air climatisé? Un toit ouvrant? Voyons voir ce que le sondage donne.

 

S'il est vrai que ce serait vachement écolo, TQS ne recyclera pas le décor décati de La guerre des clans. «Le nouveau sera plus glamour, plus jeune», note Jean-François Baril, qui adore toutes les formes de jeux: Xbox, Wii, nommez-les, il les a essayés.

 

Et pour les curieux, non, Jean-François Baril ne se fendra pas d'un grand écart coïncidant avec la fin du générique de La guerre des clans. «Je ne suis pas capable. Et même si je l'étais, je ne le ferais pas. J'aurais l'air du gars qui veut faire comme Luc Senay. Et avec les modes des pantalons serrés d'aujourd'hui...», philosophe Jean-François Baril.

Enquête sur Call-TV

 

Coup de fil à La Presse mardi, en fin d'après-midi. C'est Ronald Cohen, président du Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR). «Oui, il y aura une enquête sur Call-TV à TQS. Nous avons déjà reçu quelques plaintes», indique-t-il.

 

Vous avez été des dizaines et des dizaines à m'écrire à propos de cette télé-tirelire, nouvelle vache à lait du Mouton noir (la pognez-vous?). Premier truc: non, quand la ligne téléphonique est occupée, personne ne devrait vous facturer les frais de 1$ associés aux appels et textos de Call-TV.

 

Deuxième info: c'est un «système automatique qui attribue au hasard la ligne» ou le SMS qui débouchera en studio avec Évelyne ou Marie-Andrée. Alors, pourquoi c'est constamment occupé quand vous téléphonez et que l'animatrice à la télévision poireaute longuement en attendant que ça sonne enfin? C'est «le hasard», semble-t-il, qui ne joue pas en votre faveur. Ben coudonc!