Débutons avec le meilleur de Trauma: sa facture visuelle impeccable. D'un point de vue esthétique, rien à reprocher. Les images tournées par le réalisateur François Gingras (Les soeurs Elliot, Casino, Fortier) baignent dans une lumière magnifique, ce qui confère à la nouvelle série médicale de Fabienne Larouche des airs de flamboyante et étincelante production américaine.

Vraiment, l'auteure et productrice a judicieusement investi les 710 000 $ l'heure qu'ont coûté chacun des 10 épisodes de son dernier bébé télévisuel, qui déménage dans l'ancienne case d'Aveux à partir du mardi 5 janvier, à 21 h. Les décors de l'hôpital fictif de Saint-Arsène, d'un blanc immaculé, brillent à l'écran. Et les chansons, toutes des reprises interprétées par Ariane Moffatt, collent parfaitement au scénario. Au fil de la saison, vous entendrez Mme Aquanaute interpréter Hallelujah de Leonard Cohen, Everybody Hurts de R.E.M. et Be My Baby des Ronettes. Très joli, très agréable.L'histoire de Trauma, maintenant. Fabienne Larouche a tricoté son intrigue autour de ce qu'elle appelle «l'être médecin». Un postulat très (trop?) cérébral qui lui permet d'explorer tout ce qui grouille dans la tête des chirurgiens d'une unité de traumatologie d'un rutilant hôpital: leurs dilemmes moraux, leur sens de l'éthique, leurs questionnements existentiels, leur construction psychologique ou leur rapport à la mort. Vous voyez le genre. Ne vous attendez donc pas à un festival de l'hémoglobine comme dans E.R. ou à des cas médicaux extrêmes ou loufoques comme dans Grey's Anatomy. Pas de scènes olé olé de couchette dans les chambres de repos non plus. Un parfum de philosophie enveloppe Trauma.

Sur papier, le concept séduit. Mais à l'écran, ça devient lourd et didactique. Difficile de s'attacher à des personnages de médecins presque toujours bêtes, froids, cassants et tourmentés à l'os. Certaines de leurs répliques, flirtant avec le prêchi-prêcha, sonnent faux. Du genre: «S'il y a un endroit dans le monde où les absents n'ont jamais tort, c'est dans une salle d'opération.» Ou bien: «Vos exploits n'égaleront jamais vos erreurs.» Parfois, on a la drôle impression que les médecins de Fabienne Larouche nous passent des messages peu subtils sur les aléas de leur métier, leurs journées de 28 h et sur la «fragilité de la vie et l'insignifiance du corps».

Chacun des épisodes, qui portent des titres comme «vérités et mensonges» ou «doutes et certitudes», démarre de la même façon: le téléavertisseur du Dr Julie Lemieux (Isabel Richer), chef du département de traumatologie, vibre toujours au moment inopportun, détruisant le peu de vie privée qu'il lui reste avec son conjoint et collègue, le neurochirurgien Mathieu Darveau (Jean-François Pichette).

Toujours pendue à son téléphone, Julie Lemieux ne soigne évidemment que des cas graves. Dans le premier épisode, les deux victimes ont été écrabouillées lors d'une dangereuse course sur l'autoroute. Dans le deuxième, une femme (Anne Casabonne) et son copain atterrissent aux urgences avec des blessures internes inexplicables. Ont-ils été drogués et rossés?

Rapidement, Fabienne Larouche expose les failles de ces êtres qui jouent à Dieu tous les jours. Le Dr Pierre Meilleur (James Hyndman) picole beaucoup trop. Sa patronne, Julie Lemieux, revoit constamment - en flash-back - des images de son passé trouble. La jeune résidente Sophie Léveillée (Laurence Leboeuf) commet des bourdes fatales. Et son collègue Étienne Labrie (Yan England) souffre d'hypocondrie.

En fait, seul le Dr David Roche (Christian Bégin), chef des urgences, nous apparaît sympathique et empathique. Non, attendez. Il y a aussi le psychiatre Antoine Légaré (Gilbert Sicotte), qui agit comme mentor pour les chirurgiens de la relève.

Sinon, on ne rit pas beaucoup dans Trauma, ne serait-ce que pour diminuer la pression dans la salle d'opération. Mais on se prend solidement la tête à deux mains. Côté performance d'acteurs, aucune catastrophe à signaler. Aucune scène particulièrement marquante non plus. Les comédiens semblent souvent coincés dans un jargon médical très technique, dénué de chaleur humaine.

Mais, bon. Nous n'avons visionné hier que les deux premiers épisodes de la série. Peut-être que la suite nous permettra de vraiment adopter ces chirurgiens cassés à l'intérieur. Chose certaine, les patrons de Radio-Canada les aiment beaucoup et s'intéressent déjà à la suite de Trauma.

Secret de plateau, en terminant: les opérations filmées dans Trauma ont été pratiquées sur des porcs. L'illusion est parfaite. On jurerait que les scalpels tranchent des corps humains.

Triomphe d'OD

Vous croyiez qu'Occupation double 6 avait levé les feutres après la finale de la semaine passée? Oh que non. TVA a diffusé L'heure de vérité dimanche soir, où les célibataires échaudés par «l'aventure» ont essayé de se crêper le toupet, sans trop de succès. Résultat aux audimètres de BBM: 1 828 000 accros. Pendant ce temps à la SRC, 1 306 000 fidèles ont communié à la grand-messe de Tout le monde en parle. Tout de suite avant, Et dieu créa... Laflaque a déridé 813 000 téléspectateurs. La deuxième partie du spectacle de Céline Dion sur les Plaines à TVA a rivé 1 294 000 fans devant leur téléviseur.

Vendredi soir, les célébrations du centenaire du Canadien de Montréal ont cartonné sur les ondes de RDS: 1 124 000 amateurs ont visionné l'avant-match, 1 331 000 ont regardé les cérémonies officielles, 1 512 000 ont assisté au retrait des chandails d'Elmer Lach et d'Émile «Butch» Bouchard et 1 056 000 ont gardé l'antenne pour la partie opposant les Glorieux aux Bruins de Boston. Au fil d'arrivée, RDS a accaparé 35 % de toute l'écoute télévisuelle entre 18 h et 23 h 45.

Photo: Radio-Canada

D'un point de vue esthétique, Fabienne Larouche a judicieusement investi les 710 000 $ l'heure qu'ont coûté chacun des 10 épisodes de son dernier bébé télévisuel, Trauma, qui déménage dans l'ancienne case d'Aveux à partir du mardi 5 janvier, à 21 h.