J'aime bien Sylvie Lussier et Pierre Poirier, deux auteurs allumés, drôles et remplis d'esprit. Discuter avec les créateurs de 4 et demi est toujours agréable. Mais pour être bien honnête, je suis moins fan de leur téléroman L'auberge du chien noir, qui ne me rejoint pas beaucoup.

Peu importe. Car des fans, des vrais, L'auberge en collecte un million tous les lundis à 20 h malgré la forte compétition de TVA qui se matérialise sous la forme de Yamaska ou de (feu) Annie et ses hommes. Après huit saisons à l'antenne, tel un lapin Energizer, ce téléroman dure et est à ce point important pour Radio-Canada que même Sylvain Lafrance, grand patron de la tour, est descendu hier matin au studio 46 pour assister à l'enregistrement du 200e épisode que vous verrez le 29 mars.

La particularité de ce 200e? Toute la distribution a enregistré un lipdub sur l'air de la chanson Quelque chose d'animal de Luc De Larochellière. Bon, ce n'est peut-être pas l'idée du siècle, mais les Vincent Graton, Josée Deschênes, Renaud Paradis et Roger Léger s'amusaient ferme hier sur le plateau de cette auberge accueillante.

C'est cette ambiance conviviale, cette camaraderie, ainsi que le mélange d'humour, de légèreté et de drame qui expliquent - notamment - le vif succès de l'oeuvre du tandem Lussier-Poirier, croit la directrice de la télé française de Radio-Canada, Louise Lantagne.

«C'est un téléroman dans lequel il y a beaucoup d'humour. C'est très familial, c'est très réconfortant, c'est attachant. La force de la télévision, c'est de créer des personnages auxquels on s'attache. Et beaucoup d'enfants regardent L'auberge avec leurs parents», souligne-t-elle.

«Cette chaleur-là, ça transparaît à l'écran. Ici, personne ne tire la couverture de son bord», enchaîne la réalisatrice-coordonnatrice de L'auberge du chien noir, Carole Desjardins. Fait étonnant: L'auberge est le téléroman le plus regardé par les hommes québécois, qui forment 47 % de son audience. Comment l'expliquer? «Ça bouge, ça tourne beaucoup. Et les comédiennes sont jolies», rigole Pierre Poirier.

Autre statistique intéressante: 64 % des téléspectateurs se connectent à L'auberge avec un service numérique. Pas mal pour un téléroman classique, qui atterrira bientôt sur Tou.tv une fois que toutes les ententes avec les syndicats auront été bouclées, note Sylvie Lussier, qui préside toujours la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC). «Le jus de cerveau, ce n'est pas gratuit», note son collègue Pierre Poirier.

Tous les ans, Sylvie Lussier et Pierre Poirier réunissent leur gang de L'auberge dans un chalet pour des ateliers de création. Presque toute la distribution y participe. Ça fait beaucoup, beaucoup de monde. «Les débuts de L'auberge ont été plus fastidieux. Nous avions une banque de personnages très imposante. C'était très complexe et nous sommes partis très confiants. Mais ce qui nous a nui au début nous sert maintenant énormément», reconnaît Sylvie Lussier.

Radio-Canada espère garder L'auberge dans sa grille le plus longtemps possible. En septembre, le téléroman paradera un nouveau générique et sortira - pour la première fois - de ses studios afin de tourner des scènes en extérieur comme dans Providence ou La promesse.

Enquête sur les délateurs

Très instructif topo d'Enquête ce soir (20 h) sur l'univers méconnu des délateurs québécois, ces criminels qui retournent leur veste pour témoigner contre leurs anciens collègues motards en échange d'une grosse somme d'argent et d'une peine d'emprisonnement allégée. Racontée par la journaliste Pasquale Turbide, l'histoire du «super délateur» Sylvain Boulanger, que la Sûreté du Québec a payé 2 900 000 $ en échange de ses confessions, est carrément révoltante.

Imaginez: ce Sylvain Boulanger, qui a admis avoir lui-même déjà tué quelqu'un, n'a pas croupi un seul jour en prison malgré ses 20 ans dans le monde interlope, dont plusieurs au sein des Hells Angels. Il vit maintenant - avec tout son fric - sous une nouvelle identité, bien protégé. Ses révélations ont toutefois permis de mettre en branle l'opération SharQc de l'an dernier. À la suite de ce reportage, une seule question nous clignote au visage: notre système offre-t-il l'immunité trop rapidement à ces dangereux délateurs?

Mad Men en juin

Enfin, Télé-Québec a annoncé hier la date de diffusion de la fabuleuse série Mad Men, qui explore le monde de la publicité, à New York, au début des années 60: ça démarre le mercredi 9 juin à 20 h. On aura le temps de s'en reparler d'ici là.

Quelques chiffres

Providence a décroché mardi soir le titre d'émission la plus regardée avec ses 1 094 000 téléspectateurs. Le téléroman de la SRC a battu Rock & Rolland (828 000) ainsi que Caméra café (591 000). À 21 h, Trauma (995 000) garde le dessus sur La promesse (820 000). Chez RDS, la diffusion du match entre le Canadien de Montréal et les Canucks de Vancouver a retenu l'attention de 667 000 amateurs.

 

Photomontage La Presse

Le 200e épisode de L'auberge du chien noir sera diffusé le 29 mars à Radio-Canada.