Vérification faite auprès du consortium de diffusion olympique, RDS et V n'ont pas décroché de permission spéciale pour hausser le nombre de minutes de publicité pendant les Jeux de Vancouver. Ah non?

Dans nos salons, on a pourtant la désagréable sensation d'être bombardé par une quantité astronomique de pubs qui saucissonnent les compétitions aux deux minutes. Probablement parce que ces mêmes réclames nous agressent à répétition depuis une semaine déjà: Postes Canada, Air Canada (et son riff de guitare agaçant), Coca-Cola (ouvrez du bonheur!), le Menu bleu du Choix du président, les jongleurs de McDo, Tim Hortons (le café qui nous ressemble!), plus capable.

 

Probablement, aussi, parce que nos chaînes officielles présentent de nombreux segments commandités comme les «Héros chez soi» de la RBC, «l'Odyssée olympique» de Chevrolet ou la «Biomécanique» de GE, sans compter Viagra et les producteurs d'oeufs du Québec qui nous offrent «le sous-titrage de cette émission». Rajoutez au lot toutes les autopromotions de V - fort réussies, soit dit en passant - pour ses nouveautés télé (Veux-tu m'épouser, Atomes crochus, Le show du matin ou Big Brother) et vous obtenez l'épreuve la plus souffrante des J.O.: celle de la descente de la publicité.

Bon, trêve de râlage. En fait, non. Pester contre les contre-performances de nos athlètes fait un peu partie du rituel des Jeux olympiques à la télévision. On chiale quand nos planchistes valsent dans le décor de Cypress Mountain. On hurle quand nos patineurs, dont Jessica Dubé et Bryce Davison, se plantent au Pacific Coliseum.

Mais en même temps, on sourit devant la fraîcheur et la spontanéité d'une Marianne St-Gelais, on frissonne quand son copain Charles Hamelin refoule des larmes en la voyant triompher, on applaudit Alexandre Bilodeau quand il serre son frère très fort, on a le coeur brisé quand Dominique Maltais subit l'élimination et on jubile pour la belle médaille de Maëlle Ricker. Des images fortes, marquantes, touchantes.

Bien sûr, la couverture télé de V et RDS n'est pas parfaite. Loin de là. Le matin, Claude Mailhot (et son célèbre foyer) n'a pas offert - jusqu'à maintenant - la meilleure performance de chef d'antenne. Par contre, Chantal Machabée et Jean Pagé se débrouillent plutôt bien. Attention aux mauvais cadrages, par contre. C'est très dérangeant.

Là où l'absence de Radio-Canada se fait le plus cruellement sentir, c'est pendant les temps morts. Et avec la météo pourrie, entre deux soporifiques parties de curling, dieu sait qu'il y en a. Alors que les têtes d'affiche de RDS babillent et remplissent péniblement du temps d'antenne, la SRC nous servait des reportages fouillés sur des phénomènes sociaux ou culturels qui animaient la ville hôtesse, Infoman livrait des capsules rigolotes, bref, il y avait de la viande autour de l'os. À RDS, c'est plutôt du boeuf extra-maigre.

Pour la couverture des différentes épreuves, l'excellence des commentateurs varie énormément. En descente, Mélanie Turgeon et Claudine Douville ont parfois été pénibles à entendre. Depuis mercredi, les deux ont dû répéter «mauvaise position dans les airs» et «elle se fait brasser par la piste» environ 52 fois. En ski de fond, un des analystes a commis une grosse bourde en annonçant une deuxième place à la Montréalaise Dasha Gaiazova. C'était faux. Il s'était trompé de compétitrice, car les deux portaient des combinaisons foncées similaires. Oups.

Au final, heureusement qu'il y a les athlètes. Sans eux, sans leur courage, leur détermination, leur passion, personne ne vibrerait présentement. Un réseau a beau disposer de la plus belle machine de production, il est tributaire de cette connexion émotive: si les athlètes ne nous émeuvent pas, les Jeux tombent en panne comme une vieille Zamboni.

Message en terminant à RDS: coucher un montage d'images émouvantes sur la chanson Les vieux chums de Jonathan Painchaud, c'est tout sauf émouvant.