Grand, intense et poignant moment de télévision mardi, vers 23 h 30, alors que la patineuse Joannie Rochette a démontré un courage et une force hors du commun. Il n'y avait pas beaucoup d'yeux secs dans les chaumières du Québec et un peu partout dans le monde. J'en ai encore des frissons.

Et nous étions extrêmement nombreux au rendez-vous: BBM estime à 1 443 000 le nombre de fans qui sont restés debout, devant V et RDS, pour encourager la vedette québécoise. Pour une heure aussi tardive, c'est exceptionnel. Vraiment.

RDS a amorcé la couverture de cet événement historique à la seconde où Joannie Rochette a posé ses lames sur la glace du Pacific Coliseum, mais pas V, qui a rapatrié à son antenne la compétition des femmes après la pause publicitaire, insérée en plein réchauffement de Rochette et ses compagnes du dernier bloc. Étrange.

Après que les notes eurent été attribuées, le réseau américain NBC a choisi de laisser sa caméra sur Joannie Rochette qui pleurait dans la zone «kiss&cry», plutôt que de montrer le programme court de la patineuse suivante, soit celui de la Hongroise Julia Sebestyen. Un choix logique: toute une nation et même nos voisins américains suivaient l'histoire crève-coeur de la jeune athlète de l'île Dupas, près de Berthierville.

Bizarrement, RDS a fait exactement le contraire de NBC, braquant tout de suite sa caméra sur Julia Sebestyen plutôt que de montrer Joannie Rochette et son entraîneuse Manon Perron qui échangeaient des paroles en français. Pendant le solo de Sebestyen, Alain Goldberg a même mentionné que Rochette se trouvait toujours dans la zone des notes, une situation inusitée, mais jamais nous ne l'avons vue à RDS. Pourquoi? «Nous avions les images, mais nous avons décidé de ne pas les montrer par respect pour la famille. Nous n'avons pas voulu en beurrer trop épais», explique le chef des communications de RDS, Claude Deraîche.

Un à zéro pour NBC ici. Par contre, NBC a sérieusement gaffé en identifiant incorrectement un homme dans les gradins comme étant le père de Joannie, Normand Rochette, alors qu'il s'agissait en fait de Denis Valiquette, un ami de la famille. Erreur de débutant.

Food Network québécois

Vous ne jurez que par le jambon serrano et la moutarde de Meaux, vous priez à l'autel di Stasio et vénérez Ricardo? Vous vous enfilez toutes les émissions de Nigella, Jaime, Gordon et Émeril? Zeste, le nouveau Food Network québécois, qui entrera en ondes le lundi 22 mars à midi, espère combler cette fringale de télé gourmande.

Officiellement, la chaîne Zeste, une propriété du groupe Serdy, qui possède également Évasion, deviendra la toute première antenne québécoise consacrée entièrement à la bouffe. Canal Vie d'Astral et Les idées de ma maison de TVA consacrent beaucoup de minutes de leur programmation à la cuisine, mais pas totalement.

«Ce ne sera pas un copier-coller du Food Network. Ici, on mange et on boit différemment des États-Unis ou du reste du Canada», assure le président et chef de la direction de Serdy, Sébastien Arsenault. Comme dans: le fils de Serge Arsenault, ex-journaliste sportif à la SRC et toujours tête dirigeante d'Évasion.

Le très tatoué Antoine Sicotte, qui a publié le livre Le cuisinier rebelle cet automne, ouvrira Zeste avec une nouvelle émission hebdomadaire inspirée de son bouquin. «Je ne suis pas un chef. Je vais partager ma passion pour la bouffe. Ce sera une cuisine cosmopolite», explique Antoine Sicotte, fils de Gilbert Sicotte, musicien accompli (c'était la moitié de Sky) et papa de deux fillettes.

L'autre vedette maison de Zeste, c'est Daniel Vézina, qui cuisinera L'effet Vézina, du lundi au jeudi, dans l'appartement qu'il habite au-dessus de son restaurant Laurie Raphaël à Québec. «Je serai chez moi, en jeans et en t-shirt. Je veux revisiter des recettes traditionnelles et partager des trouvailles», détaille Daniel Vézina, qui animera également Les chefs! à Radio-Canada ce printemps, une sorte de combat de cuisiniers.

Environ 12 % de la programmation de Zeste se composera de productions originales québécoises, le reste a été pigé dans l'immense marmite d'émissions de bouffe concoctées un peu partout dans le monde: Curtis dans ma cuisine, Allô Sophie, Anthony Bourdain: sans réservation, Objectif restauration, Hell's Kitchen UK et Nigella, entre autres. Plus de la moitié des doublages a été réalisée par des studios québécois.

À moins d'un revirement inattendu, Vidéotron et Bell offriront la chaîne numérique Zeste à leurs abonnés. Les négociations avec Shaw sont plus ardues et compliquées, indique la directrice générale de Zeste, Catherine Dupont.

Soirée tranquille

Est-ce l'effet olympique qui fait souffrir autant TVA et Radio-Canada? Chose certaine, la plupart des émissions phares des deux grandes chaînes généralistes ont dégringolé mardi soir dans les sondages BBM. À 21 h, La promesse de TVA (777 000) a battu Trauma de la SRC (666 000). À 20 h, Providence a glissé sous la barre du million avec ses 916 000 accros, contre 722 000 pour la comédie Rock & Rolland. Le hockey olympique (Canada-Allemagne) a attiré 777 000 mordus sur V.

 

Photo: David Boily, La Presse

Antoine Sicotte et Daniel Vézina seront parmi les animateurs des émissions originales de Zeste, la nouvelle chaîne spécialisée sur la cuisine.