Bon, bon, bon. J'avais prédit la tête du classement de l'Association de l'Est au Canadien et voilà que la bande à Carbo languit au cinquième rang à quelques jours de Noël. Scandale!

Montréal étant Montréal, on frôle l'apoplexie collective chaque fois que le CH «commence un match lentement» ou que Ryan O'Byrne fait une gaffe, c'est-à-dire souvent. La Zone, L'antichambre et 110% décortiquent les moindres défauts de l'attaque à cinq jusqu'à l'épuisement (des téléspectateurs, sinon des invités, dont la capacité à faire du neuf avec du vieux ne cessera jamais de nous étonner).

 

Montréal étant Montréal, on réclame le retour de Mark Streit. Mais pas celui d'Yvon Pedneault, même si le pauvre Benoit Brunet semble faire l'unanimité contre lui. On rêve de l'arrivée de Jay Bouwmeester. On s'insurge que Mats Sundin, ce traître, ait choisi l'argent et les longs voyages de Vancouver (zéro Coupe Stanley) plutôt que le flambeau que lui tendaient les bras meurtris de Bob Gainey. (Vous dites? Le plafond salarial? Quel plafond salarial?)

Montréal étant Montréal, on proclame Matt D'Agostini (six buts en 11 parties, quand même) sauveur du mois et, ça s'en vient sûrement, réincarnation de Guy Lafleur et meilleure invention depuis le quatre contre quatre en prolongation. On disserte sur la fameuse guigne du 23 décembre, même si le 23 décembre, c'est aujourd'hui et que le Canadien, tiens donc, ne joue pas. On demande à être remboursé dès qu'Alex Kovalev passe 19 matchs sans marquer (bon, j'avoue, que celle-là...). Et je n'ai pas encore parlé de Tomas Plekanec, qui devrait changer de col roulé, parce que celui qu'il porte cette année ne semble décidément pas lui porter chance. Au moins, «il bouge ses pieds» (Plekanec, pas le col roulé.)

Montréal, c'est Montréal. Une ville où le hockey est une véritable obsession, au point où même le très branché magazine Urbania s'est récemment fendu d'un numéro entièrement consacré à notre sport national... au grand désespoir sûrement des joueurs du CH dont les noms émaillent le croustillant reportage sur les «puck bunnies».

Une telle passion, c'est enthousiasmant, mais ça finit par être épuisant. La pause de cinq jours du Canadien, qui court jusqu'au 27 décembre, est donc le moment idéal pour se ressourcer. Pour faire le vide de hockey... et le plein de tourtière, de ragoût de patte et de bûche. (Si le manque devient trop fort, vous pourrez toujours vous taper le fameux Canadien-Armée Rouge qui figure sur le coffret DVD des 10 plus grands matchs du Tricolore, que vous avez sûrement reçu à Noël.)

Après, ça repart en grand. Et vous savez quoi? Je demeure très optimiste au sujet de votre club. L'ours russe semble finalement sorti de son hibernation. Robert Lang joue comme s'il avait une décennie de moins que ses 38 ans. Mike Komisarek, le futur capitaine, est de retour. Steve Bégin a de nouveau l'air d'un croisement entre un rottweiler et le diable de Tasmanie des dessins animés de mon enfance. Et Plekanec, les frères K. et Chris Higgins, quand il reviendra, peuvent difficilement faire pire que dans le premier tiers de la saison, n'est-ce-pas?

J'ai peine à croire que l'attaque du Canadien ne rebondira pas en 2009. Bien sûr, on aimerait tous que le club compte plus d'attaquants avec du chien, à la Mike Richards ou Milan Lucic, et moins de joueurs d'avant «scientifiques», comme on disait dans le temps où toute stratégie autre que «dumper le puck» passait pour de la trigonométrie avancée.

Mais bon, le Canadien demeure une très bonne équipe. Une équipe avec ses petits problèmes, certes. Mais qui n'a pas de problème, à part les Sharks, les Red Wings et les surprenants Bruins?

Trois beaux livres de sport

Vous cherchez un cadeau de dernière minute à un proche qui aime le sport et la lecture? Permettez que je vous fasse trois suggestions, une en français et deux en anglais. La première, c'est Courir, un extraordinaire roman de Jean Echenoz, prix Goncourt 1999 pour Je m'en vais. En 140 pages et des poussières, la vie du grand coureur de fond tchèque Emil Zatopek, sous la plume d'un écrivain qui mène son récit au pas de charge, sans s'encombrer de dates ou de chronos, mais en respectant la vérité profonde de cet athlète sans style entré dans la légende pour sa capacité à souffrir plus que ses adversaires... et pour ses trois médailles d'or (5000, 10000 et marathon!) aux Jeux olympiques d'Helsinki, en 1952.

Les amateurs de course à pied aimeront sans doute aussi What I Talk About When I Talk About Running, les mémoires de coureur du romancier japonais Haruki Murakami, qui compte plus de 25 marathons à son actif. Un livre inégal, mais qui offre des réflexions intéressantes sur les parallèles entre la course à pied et l'écriture, deux activités solitaires s'il en est.

Finalement, une découverte que je dois à mon collègue Gabriel Béland: The Rider, du Néerlandais Tim Krabbé. Publié en 1978 et traduit en anglais en 2002, ce roman s'inspire de l'expérience de cycliste amateur de l'auteur. Kilomètre par kilomètre, on vit de l'intérieur le Tour du Mont-Aigoual, une course semi-professionnelle dans les Cévennes. Un formidable précis de cyclisme. Bonne lecture et Joyeuses Fêtes!