Carey Price. Saku Koivu. Alex Tanguay. Chris Higgins. Mathieu Dandenault. Georges Laraque.

Ces jours-ci, la liste des blessés du Canadien est longue comme un bâton de Zdeno Chara. Longue comme une nuit d'hiver à Winnipeg. Tellement longue, en fait, que les blessés du CH auront bientôt manqué plus de matchs en 2008-2009 que dans l'année dernière au grand complet. Et on n'est pas encore tout à fait arrivé à la mi-saison!

Avant le match contre les Maple Leafs de Toronto, hier soir, les joueurs du CH avaient manqué 94 parties pour cause de fractures, entorses et autres blessures au bas du corps. C'est seulement 20 de moins que les 114 affrontements manqués par les hommes de Guy Carbonneau dans l'ensemble de la saison 2007-2008 - un total qui devrait être surpassé dès la semaine prochaine.

Pourtant, si éprouvé soit-il par les temps qui courent, le Canadien ne fait pas exactement pitié. Quatrième rang dans l'Est, fiche de 8-2-1 à ses 10 derniers matchs, c'est le genre de résultats dont Réjean Houle se serait sûrement accommodé, à une autre époque...

Il faut dire que ce n'est que récemment que les blessures ont commencé à se multiplier. À preuve, le Canadien ne vient qu'au 10e rang de l'Association de l'Est et au 20e de la LNH pour le nombre de matchs ratés jusqu'ici par ses joueurs. On est loin des 260 parties ratées par les Islanders de New York, premiers au palmarès des équipes hypothéquées.

En fait, il est difficile d'établir une corrélation constante entre les blessures et la performance d'un club, comme le démontre le tableau en une. Certes, les deux équipes les plus lourdement touchées - les Islanders et les Blues de St. Louis - croupissent dans la cave du classement. Mais à l'inverse, les blessures qui ont décimé les Capitals et causé l'absence plus ou moins prolongée de vedettes comme Alexander Semin et Mike Green ne les empêchent pas de trôner en tête de leur division. Pareil pour les Flyers, autre équipe qui a déjà vu ses joueurs s'absenter pour plus de 200 matchs: ils jouent sans Daniel Brière depuis la fin octobre et ne s'en portent pas vraiment plus mal. (Oui, je sais, ils ont aussi Mike Richards et Jeff Carter...)

Et pourtant, elle gagne

Bref, les blessures n'expliquent pas tout. Mais cela ne veut pas dire qu'elles sont sans importance. Pensez-vous vraiment que Pittsburgh en arracherait autant si Sergei Gonchar et Ryan Whitney, les deux piliers de la ligne bleue des Penguins, n'avaient pas manqué les trois premiers mois de l'année?

Rappelez-vous l'année dernière. Combien de fois a-t-on dit que l'étonnant championnat de l'Association de l'Est du Canadien était dû en bonne partie au fait que le club avait été miraculeusement épargné par les blessures? Si c'est vrai, alors il faut reconnaître que les succès récents de l'équipe sont particulièrement méritoires.

L'équipe est privée de son capitaine et de deux ailiers de premier plan. Elle emploie un gardien qui boxe la rondelle et s'amuse à donner de juteux retours à l'adversaire. Elle ne peut compter sur son matamore en résidence (même si Tom Kostopoulos fait de nobles efforts pour le remplacer). Et pourtant, elle gagne, comme disait Galilée, grand amateur de hockey devant l'Éternel.

C'est parfois joli, bien qu'un peu soporifique: voir la victoire de 6-3 contre les Rangers, mercredi. C'est parfois laid, quoiqu'efficace: rappelez-vous le gain de 6-5 en fusillade contre les Panthers, dimanche. Mais au final, l'équipe gagne plus souvent qu'autrement. Et elle présente une meilleure fiche qu'à pareille date l'an passé, malgré l'absence de plusieurs de ses joueurs-clés.

Price. Koivu. Tanguay. Higgins. Dandenault. Laraque. Les blessés du Canadien sont loin d'être des manchots. Et pourtant, l'équipe gagne. Ça doit bien vouloir dire quelque chose. Ça doit vouloir dire que des vétérans comme Robert Lang, qui a marqué trois buts en 12 minutes, mercredi, font leur part. Que des recrues comme Max Pacioretty ou Matt D'Agostini prennent la relève. Que le trio de l'heure, celui de Lapierre, Latendresse et Kostopoulos, offre des performances inespérées.

Un de mes collègues et ami écrivait, hier, que c'était le temps pour l'organisation du Canadien de prouver qu'elle a bel et bien la remarquable profondeur dont elle se targue. M'est avis que la preuve est déjà faite.