Il aura fallu seulement quatre années à Guillaume Latendresse pour passer de Gui, Gui, Gui! à Qui, qui, qui?

Rappelez-vous le tout premier match (hors-concours) de Latendresse dans l'uniforme du Canadien, en septembre 2005. Deux buts, une passe, de solides mises en échec et la première étoile. La foule du Centre Bell était à ses pieds. Et scandait une syllabe qu'on n'avait pas entendue à Montréal depuis la retraite d'un certain Guy Lafleur.

Latendresse n'avait que 18 ans, mais déjà, on fondait en lui des attentes démesurées.

Quatre ans plus tard, les échos de la foule en délire se sont tus. C'est dur d'encourager un gars qui ne joue pas: lors des sept dernières parties, Latendresse, oublié au bout du banc, a passé une moyenne d'à peine huit minutes sur la patinoire, dans l'anonymat du quatrième trio le plus souvent.

Guillaume qui, déjà?

Les attentes de Jacques Martin étaient sûrement plus modestes que celles des partisans aux temps bénis de 2005. Il voulait que Latendresse évite les revirements bêtes, qu'il utilise sa grande taille pour gagner les batailles le long des rampes, qu'il se positionne intelligemment devant le filet adverse et qu'il trouve le moyen de la mettre dedans une fois de temps en temps.

Ça n'a pas fonctionné. Et la confiance de Latendresse a périclité au même rythme que son temps d'utilisation. «Tu vois ton nom dans le deuxième trio le matin d'un match, mais tu sais que si tu fais une erreur au bout de deux shifts, tu vas te ramasser dans le quatrième, a dit Latendresse sur les ondes de CKAC, hier soir. C'est dur pour la confiance. Tu as les jambes dans le ciment tellement ça tourne dans ton cerveau.»

On peut ne pas aimer Latendresse. On peut lui reprocher son mauvais coup de patin. On peut critiquer son omniprésence dans les magazines à potins. Mais le jeune homme a quand même du talent. Avant cette saison, seuls quatre joueurs repêchés en 2005 avaient récolté plus de points que lui depuis leurs débuts dans la LNH: Sidney Crosby, Anze Kopitar, Paul Stastny et Andrew Cogliano. On a déjà vu pire compagnie.

Latendresse a ses torts. Son sens de l'effort est pour le moins inconstant et il a une fâcheuse tendance à s'apitoyer sur son sort. Mais l'entraîneur du Canadien a aussi sa part de responsabilité.

En juin dernier, j'avais passé une heure en compagnie de Jacques Martin, dans son bureau du centre d'entraînement de l'équipe, à Brossard. Il venait d'être embauché. Nous avions parlé d'une foule de choses, de sa jeunesse à Saint-Pascal-Baylon (pas très loin de Saint-Isidore, d'où vient Benoît Pouliot) à ses années à la barre des Sénateurs d'Ottawa.

Une des choses que j'avais retenues, c'est que le métier de l'entraîneur n'est plus seulement un boulot «technique», mais un véritable travail de gestion - de personnel, notamment. Un bon entraîneur trouve le moyen de tirer le meilleur des athlètes qu'il a sous la main.

Le meilleur de Guillaume Latendresse, c'est Guy Carbonneau qui l'a obtenu, pas Jacques Martin. L'ancien professeur s'est trompé de méthode pédagogique. Latendresse espérait une tape dans le dos. Il n'a reçu que des tapes sur les doigts.

La NASL revit

C'est confirmé, la nouvelle ligue dans laquelle l'Impact entend jouer l'an prochain va s'appeler la North American Soccer League. Oui, NASL, comme le défunt circuit dont faisait partie le non moins défunt Manic de Montréal, au début des années 80. La ligue avait atteint la notoriété en recrutant des vedettes en fin de carrière, comme Pelé et Franz Beckenbauer, qui ont fait les beaux jours du Cosmos de New York.

La NASL, qui n'a pas encore reçu la sanction de la United States Soccer Federation, a ajouté deux nouvelles équipes, Tampa Bay et Baltimore, en deux semaines, et en compte maintenant neuf. (Quoiqu'officiellement, l'Impact n'écarte toujours pas la possibilité de jouer en USL-1.) On va souhaiter à la ligue que cette expansion à la vitesse grand V ne soit pas suivie d'un déclin tout aussi rapide que celui ayant mené à l'échec de sa devancière, il y a 25 ans.