Il y a de bonnes idées dans le Plan de déplacement urbain du Plateau-Mont-Royal. Quoi de plus normal, par exemple, que de limiter la vitesse dans les rues transversales?

On pense à émettre des vignettes additionnelles aux résidants pour faciliter le stationnement à leurs visiteurs. Pourquoi ne pas en offrir aussi aux restaurants et aux petits commerces, pour accommoder leurs clients venus en auto?

 

Autre bon projet: l'introduction, dans les parcomètres et les parkings souterrains, d'un tarif plus élevé pour les VUS. Voilà une idée qui devrait être reprise partout ailleurs, en particulier dans Ville-Marie, où les rues sont infestées de grosses cylindrées.

Attention, toutefois, à l'excès de zèle. Montréal ne sera jamais un terroir pour le vélo comme Amsterdam, une petite ville de 750 000 habitants où il n'y a ni côtes, ni neige, ni grand froid, et dont la population, à 80% d'origine germanique, est austère et disciplinée. Il pleut très souvent à Amsterdam, mais la plupart des gens ne s'encombrent ni de parapluie ni de capes imperméables, accessoires peu pratiques en vélo. Les Hollandais, placides et peu coquets, ne se soucient guère d'avoir les cheveux et les vêtements mouillés. Cela ne marcherait pas à Montréal, pas plus d'ailleurs qu'à Paris, où l'on voit très peu de cyclistes les jours de pluie.

Une bonne idée, quand même, à emprunter à Amsterdam: les parents transportent leurs enfants (jusqu'à trois en même temps!) dans des petits chariots branchés au-devant du vélo, ce qui leur permet de surveiller leur progéniture.

Gare au culte excessif du vélo, un moyen de transport plus populaire dans la tête de ses apôtres que dans la vraie vie, comme on le voit chaque jour le long de la piste cyclable, vide la moitié de l'année, qui encombre le boulevard de Maisonneuve. En fait, elle est devenue un danger pour les piétons car à force de ne pas y voir de cyclistes, on la traverse sans regarder des deux côtés.

Il est irrationnel d'aménager la ville en fonction du vélo, quand même dans le Plateau, seulement 6,2% de ses résidants se déplacent sur deux roues! Même à Paris, une ville où l'hiver est très doux, la culture du vélo n'a pas «pris» autant qu'on le croit. Une enquête du Nouvel Observateur, l'an dernier, montrait qu'en dépit de l'aménagement de 380 km de pistes cyclables, la bicyclette représente moins de 2% des déplacements. La proportion est identique dans la rue de Rennes, une artère du 6e arrondissement qui traverse un quartier bourré de lycées et d'universités!

Le fameux réseau des «vélib» a un succès fou quand il fait beau et chaud, mais on connaît moins le revers de la médaille. Selon Le Monde, 18 mois après son inauguration, le parc de vélos a dû être entièrement renouvelé: 11 600 vélos ont été vandalisés, et 7800 autres, volés. À tel point que la mairie devra désormais rembourser à la firme JCDecaux le remplacement des Vélib', à un coût de 400 euros l'unité...

Le réaménagement de Paris en fonction du vélo a aussi eu des effets pervers. Les trottoirs élargis, rapportait le Nouvel Observateur, sont devenus «un cauchemar pour les piétons»; ils servent maintenant à entreposer des vélos et des motos déposés n'importe comment, et qui bloquent le passage...

Si la circulation automobile a diminué de 20%, le nombre de scooters et de motos, dont les conducteurs sont notoirement indisciplinés, s'est accru de 18%... menant à l'augmentation exponentielle des accidents dus aux deux-roues motorisés, dont les piétons sont évidemment les premières victimes.