Ils auront beau dire que les quatre partielles de cette semaine se sont déroulées dans des circonscriptions qui ne leur avaient jamais appartenu, les libéraux sont devant un désastre.

Leurs candidats sont partout en troisième et dernière place. Pire, dans trois circonscriptions sur quatre (y compris les deux situés au Québec), le score du PLC est inférieur au résultat des élections générales de 2008! Dans Hochelaga, le parti a reculé de 20,6% à 14,3%!

 

Il n'en fallait pas plus pour que Denis Coderre, l'ancien lieutenant désavoué il y a deux mois par Michael Ignatieff, revienne à la charge. Il a réitéré cette semaine son intention de briguer le leadership d'un parti dont le chef vient à peine d'être élu! On n'ose penser à la réaction de Stéphane Dion, qui doit constater douloureusement que le parti faisait moins piètre figure sous son règne pourtant si contesté.

La performance du PLC aurait-elle été moins pitoyable si M. Coderre avait été aux commandes? Ou si M. Coderre lui-même s'était abstenu de jeter de l'huile sur le feu quelques semaines avant les élections partielles?

Marc Garneau, son remplaçant, est un gentleman qui donne à la fonction une classe qui manquait totalement à Denis Coderre, mais il n'a ni la poigne, ni l'expérience politique, ni la connaissance du terrain nécessaires à la fonction.

Mais attention, les déboires successifs du Parti libéral pourraient indiquer autre chose, qui échappe à la responsabilité du chef et de son entourage. Un vieil adage veut que les gouvernements se battent eux-mêmes, et que l'opposition ne gagne que lorsque le parti au pouvoir a perdu son allant et sa crédibilité. Tout parti d'opposition, quel qu'en soit le chef, a peu de chances devant un gouvernement solidement en selle. Or, tout indique que le gouvernement Harper a acquis au cours des années une habileté politique qui lui permet de gouverner comme s'il était majoritaire... en attendant d'obtenir une véritable majorité parlementaire.

Les libéraux d'Ignatieff, faut-il dire, souffrent de l'héritage empoisonné de Stéphane Dion, qui a définitivement coulé le bateau l'an dernier en participant à un projet de coalition surréaliste qui a suscité une colère durable dans l'opinion publique anglo-canadienne. Et cela n'a même pas sauvé les meubles au Québec, où l'on était plutôt sympathique à cette coalition mort-née.

Quand le PLC en est rendu à voir un deus ex machina en la personne de Peter Donolo, l'ancien communicateur dont l'heure de gloire remonte à une quinzaine d'années, c'est que les choses vont vraiment très mal. Quand Michael Ignatieff se voit forcé de congédier Ian Davey (qui l'avait arraché au confort de Harvard en lui faisant croire qu'il serait le prochain Pierre Trudeau) pour le remplacer par Donolo, un homme du clan Chrétien qui est probablement en son for intérieur un partisan de son rival Bob Rae, c'est qu'il est vraiment rendu au bord du précipice.

Le PLC est-il en train de disparaître? C'est déjà pratiquement le cas dans l'Ouest, la région la plus dynamique du pays. Le PLC vivote dans les Prairies, il est mort et enterré en Alberta, et en Colombie-Britannique c'est le NPD qui constitue la véritable opposition. Même dans leur château fort ontarien, les libéraux doivent se replier sur leur forteresse torontoise.

Quant au Québec, où l'hiver dernier le PLC semblait promis à un certain avenir, voilà encore un territoire en train de leur échapper. M. Garneau, toujours zen, opine qu'une fois qu'on connaîtra leur programme, les libéraux remonteront la côte. C'est à voir...

lgagnon@lapresse.ca