L'activité humaine est-elle la cause première du réchauffement de la planète? Si vous le dites...

Je suis comme 99,9% des gens, incapable de me faire une idée par moi-même, faute des connaissances requises, et donc obligée de croire sur parole les experts. Le seul signe de réchauffement que j'aie constaté de visu est le rétrécissement des glaciers dans les Rocheuses (dont la masse blanche est effectivement réduite à comparer avec les photos d'il y a quelques décennies)... et même là, si un groupe de géologues renommés affirmait que ce phénomène est dû à autre chose que le réchauffement, je serais bien obligée de les croire.

Je veux bien, donc, faire confiance aux experts. Mais je me garde un petit doute. Par principe. Par déformation professionnelle aussi, les journalistes apprenant vite qu'il y a toujours deux côtés à une médaille et que le scepticisme est un sain réflexe.

 

C'est pourquoi je me rebiffe instinctivement quand l'on vient nous dire que le doute, en matière de réchauffement climatique, est impossible, et le scepticisme, inadmissible, sous prétexte qu'un comité de gens de sciences réunis sous l'égide de l'ONU (le Giec) a une fois pour toutes réglé la question. Je trouve inique que ceux qui osent contester les conclusions du Giec, ou simplement diverger d'opinion sur des nuances, se fassent accoler l'étiquette infamante de «négationnistes», ce qui est bien la pire insulte, cette épithète étant réservée jusqu'ici à ceux qui nient l'Holocauste.

Pourtant, s'il y a un domaine où le doute est créateur, c'est bien la recherche scientifique! Pourquoi la climatologie, science relativement neuve labourant un domaine d'une complexité inouïe - les températures de la planète sur une période de 8000 ans! -, serait-elle une science plus exacte que la médecine ou la physique nucléaire? La science avance à l'aveugle, stimulée par le doute, justement. De nouvelles découvertes viennent sans cesse bouleverser les acquis. On croyait que Darwin avait tout dit sur l'origine des espèces? Eh bien, non. Grâce à la génomique, qui n'existait pas au XIXe siècle, on vient d'apprendre que le grand biologiste avait tort que croire que toutes les espèces ont un ancêtre commun.

Même l'origine du langage humain, dont on croirait tout savoir, reste sujet à débat. La plupart des linguistes estiment que la base du langage est acquise, mais d'autres, Noam Chomski par exemple, la considèrent innée. A-t-on déjà traité Chomski de négationniste parce qu'il soutient cette théorie minoritaire?

Même dans des domaines aussi limités que la nutrition, on va d'une controverse à l'autre, que ce soit sur l'eau du robinet, le vin rouge ou les OGM, inoffensifs en Amérique, calamité en Europe... Même en théologie, le doute est permis - à preuve ces innombrables querelles entre théologiens!

Ce qui dérange, dans le récent scandale du «climategate», ce n'est pas que des chercheurs traitent leurs contradicteurs d'«idiots». Les meilleurs chercheurs peuvent être aussi férocement compétitifs que des pilotes de Formule 1.

Le scandale est que, comme le révèlent leurs courriels, ils aient systématiquement manoeuvré pour écarter des revues savantes tous ceux qui n'adhéraient pas à leurs thèses. Si l'on a éliminé toutes les voix dissidentes des revues les plus crédibles, la quasi-unanimité des climatologues devient un peu suspecte. Autre facteur troublant, les chercheurs qui semblent avoir manipulé des données viennent des deux principales institutions qui alimentent le Giec en statistiques sur les températures: l'Université d'East Anglia et le Godard Institute for Space Studies... que dirige le mentor d'Al Gore, James Hansen.

Je veux bien continuer à croire le Giec. Mais l'on serait plus rassuré si ses prédictions avaient émané d'un véritable débat au sein de la communauté scientifique.