Dans un monde où la liberté de circulation, en particulier par voie aérienne, est de plus en plus entravée, voici au moins une bonne nouvelle: les États-Unis viennent de rouvrir leur territoire aux personnes atteintes du VIH.

L'interdiction durait depuis... 22 ans. Une décision ahurissante qui remontait à l'époque où l'on croyait le sida transmissible par contact superficiel, et qui, étonnamment, n'avait jamais été révoquée depuis. Ceux qui devaient se rendre aux États-Unis par affaires ou pour des raisons familiales pouvaient toujours obtenir une dispense, mais pour les simples touristes, c'était plus difficile. L'idée de voir sa requête rejetée après s'être plié à une démarche humiliante et aléatoire suffisait à leur enlever l'envie d'aller chez le voisin du Sud.

 

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LE YÉMEN, NOUVEL AFGHANISTAN? - L'intervention de l'OTAN aura au moins servi à chasser Al-Qaeda de l'Afghanistan... mais c'est une victoire à la Pyrrhus, car Al-Qaeda s'est tout simplement déplacée.

Des organisations terroristes apparentées à l'organisation d'Oussama ben Laden sont à l'oeuvre dans les régions pakistanaises contrôlées par les talibans, et Al-Qaeda s'est trouvé d'autres sanctuaires dans les États «ratés» (failed states), notamment au Yémen... qui est comme par hasard la patrie de la famille ben Laden.

En autant qu'on puisse le savoir - car n'importe quel amateur peut s'en revendiquer -, Al-Qaeda est devenue, plutôt qu'une organisation cohérente et hiérarchisée, une sorte de «brand», un nom, une raison sociale si l'on veut, dont la puissance symbolique se nourrit de sa seule grande victoire, celle des attentats de septembre 2001. Ce vaste parapluie abrite des groupuscules animés du même délire islamo-fasciste, mais qui fonctionnent comme des franchises, sans nécessairement nouer des liens structurels avec la maison-mère. Le leadership de l'organisation, dont le chef historique est peut-être décédé, serait passé aux mains d'une nouvelle génération, dont certains sont des «anciens» de Guantánamo...

L'étonnant, c'est que malgré la paranoïa antiaméricaine qui sous-tend le terrorisme international, il y ait finalement eu si peu d'attentats en Amérique du Nord, voire en Occident. Exception faite des horribles attaques dans les transports publics de Madrid en 2004 et de Londres en 2005 et, l'an dernier, de la tuerie de Fort Hood, qui semble elle aussi avoir été motivée par le délire islamiste, les attentats ont été déjoués et les complots, éventés.

Est-ce dû au fait que, malgré les failles grossières qui ont permis à un jeune illuminé de monter dans un avion en partance pour Detroit porteur d'une ceinture d'explosifs, les systèmes de renseignement et de sécurité fonctionnent quand même plutôt bien? Ou au fait que les aspirants au martyre ne sont pas si nombreux, ou alors pas aussi méticuleux, dans leurs préparatifs meurtriers, que les kamikazes du 9-11? On ne sait pas, mais la réalité est là: neuf ans après le grand choc, les États-Unis sont toujours relativement indemnes.

L'ironie, c'est que ce sont les musulmans qui sont les premiers à souffrir du terrorisme islamiste, qui prétend pourtant agir en leur nom. Selon une étude de l'Académie militaire de West Point - étude fondée sur des sources exclusivement arabes - 85% des victimes d'attentats revendiqués par Al-Qaeda entre 2004 et 2008, étaient des non-Occidentaux, principalement des musulmans. Plus le temps passait, plus c'était le cas. En 2006-08, en dehors de l'Irak et de l'Afghanistan, seulement 4% des victimes étaient des Occidentaux. Cette année, c'est le Pakistan, un pays non arabe mais musulman, qui a été le plus ravagé par le terrorisme d'inspiration islamiste. Voilà un triste commentaire sur un mouvement dont la vocation était l'extermination du Grand Satan occidental.