Le printemps dernier, les nouveaux propriétaires de TQS, Maxime et Julien Rémillard, promettaient au CRTC de faire de l'information différemment.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes s'inquiétait avec raison de la décision des dirigeants de Remstar de sacrifier le service de l'information de la chaîne généraliste.

Je me suis demandé, à l'époque, dans cette chronique, si TQS sans service de l'information valait mieux que pas de TQS du tout.

 

Six mois plus tard, la question reste entière. D'autant plus qu'à TQS, «faire de l'information différemment» se résume à laisser un ex-concurrent d'Occupation double lire les journaux à voix haute dans le décor d'inspiration Épopée Rock de Deux laits, un sucre, une lamentable émission du matin qui attire en moyenne deux pelés et un tondu.

En voyant ce qu'est devenue TQS, je me demande comment le CRTC, dont les audiences ont été une véritable farce, peut siéger ailleurs qu'aux Parlementeries, dans le cadre de Juste pour rire. Au printemps, le président du CRTC, Konrad von Finckenstein, a feint la ligne dure, pour ensuite acquiescer aux moindres désirs de Remstar. Une mascarade.

Résultat: TQS, qui était déjà une chaîne assez médiocre merci, n'est plus aujourd'hui qu'un dépotoir d'émissions affligeantes telles Scrap métal (Pimp mon char sans les mots d'esprit), Les voisines d'à côté (des Playmates comparent leurs implants mammaires) ou Vérité choc (la version française de The Moment of Truth, le jeu questionnaire le plus trash de la télé américaine).

Comment les nouveaux propriétaires de TQS ont-ils pu laisser les choses se dégrader à ce point? Ils ont remplacé Flash par Monsieur Showbiz, une émission de télé communautaire tournée dans le décor de Ciné-Quiz, le bulletin d'information du midi par André Arthur, le député-commentateur qu'ils doivent censurer au moins une fois par semaine, et le bulletin du soir par 110 %, dont la manchette du 14 juillet était sans doute «la Coupe à Montréal?». Vive «l'information différente».

Maxime Rémillard répète à qui veut bien l'entendre depuis une semaine - après des mois de mutisme - que la programmation navrante de TQS en est une de transition. On n'en doute pas une seconde. Qui oserait dire qu'il s'agit d'une «vraie» programmation?

On veut bien laisser la chance au coureur. Permettre aux frères Rémillard de trouver meilleure sitcom que Grande fille (ce ne sera pas trop compliqué) pour meubler sa prochaine grille. Remstar n'est officiellement propriétaire de TQS que depuis septembre. Est-ce une excuse valable pour justifier la mise en ondes d'une programmation aussi risible?

Je ne connais pas les frères Rémillard. Mais je suis gêné pour eux quand je vois TQS. S'ils n'ont pas les moyens de faire de la télé, qu'ils ne fassent pas de télé. En diffusant des émissions de radio télévisées ou des téléréalités mal doublées, Remstar fait du tort à ce qu'il restait de réputation à TQS. Ce n'est pas peu dire. En comparaison, le Canal Savoir passe pour le HBO québécois.

Est-ce bien cette chaîne généraliste à la dérive que le CRTC a cautionnée? A-t-on sacrifié tout un service de l'information, 270 journalistes, recherchistes, monteurs et caméramans, pour ce contenu d'une consternante pauvreté? Pour que des mononcles puissent voir davantage de concurrentes analphabètes se faire photographier en lingerie cheap à Loft Story? Pour qu'on puisse lire sur les lèvres d'André Arthur qu'il se moque de l'origine ethnique d'un électeur de Québec? Pour que des gorilles se tapent sur la gueule sans retenue aux Vendredis knock-out?

Mon collègue Hugo Dumas parlait hier d'un sondage Nielsen sur les habitudes d'écoute télévisuelle des électeurs républicains et démocrates. Je ne suis pas sûr que l'auditeur ciblé par Remstar, cet homme de 18 à 49 ans si cher aux publicitaires, sache faire la différence entre un âne et un éléphant. Même à jeun.

«Donnez-nous un an, implore Maxime Rémillard. On ne verra le nouveau TQS qu'en septembre 2009». C'est mieux d'être bon. Parce qu'en ce moment, c'est pire que jamais. À tel point qu'on se demande si TQS pourra survivre jusque-là.

De la télé au livre

En parlant de télé, deux livres inspirés d'émissions de télévision viennent de paraître. Le superbe «coffee table book» de Cabine C (ARTV), où Christiane Charette recueille les confidences de ses invités, illustré de magnifiques photos de Jean-François Gratton (Éditions Occhi Neri). Puis Le petit Infoman illustré (Les 400 coups), pour lequel Jean-René Dufort a sélectionné plusieurs perles des huit premières années de son émission. Un exemple parmi tant d'autres: en 2003, Dufort rencontre Mario Dumont au début de la campagne électorale...

«J.-R.D.: Mario, je voulais te féliciter pour ton autobus de campagne.

M.D.: Pourquoi? Parce que ma face n'est pas dessus?»

J'adore.

Message à Anne Dorval

J'adore Anne Dorval. Vraiment. Je n'en dirai pas plus, ma blonde risquerait de me le reprocher. Je ne suis pas seul. Depuis la publication, mardi, de ma chronique «À table avec...», des dizaines de lecteurs ont senti le besoin de m'écrire pour me dire leur amour de la grande comédienne. Je le relève, tellement leur réaction est exceptionnelle.

Au moins une vingtaine de ces courriels commencent par «Pourriez-vous dire à Mme Dorval...» qu'on aime «sa vivacité d'esprit», «sa spontanéité», «son intelligence», qu'elle est «épatante», «rafraîchissante», «éloquente», «lucide», «gracieuse», «irrésistible», et j'en passe. Message transmis.

Mme Dorval, prière de me contacter si tu veux la recette «divine» de gâteau aux fruits, sauce sabayon au Riopelle de l'Isle, que te propose Georges Boucher...