«Mangez de la nourriture. Pas trop. Surtout des plantes.»

Pas besoin de se prendre la tête plus que ça pour bien se nourrir, affirme Michael Pollan, auteur du best-seller The Omnivore's Dilemma dans son nouvel opus In Defense of Food, publié chez Penguin Press.

Oubliez les calories, le gras, le sucre, les lycopènes, les omégas-3 et autres concepts supposément scientifiques au sujet de ce qui constitue l'alimentation idéale. La solution est beaucoup plus simple, affirme le professeur de journalisme à Berkeley, bien connu des lecteurs du magazine du New York Times.

En gros, dit-il, notre problème, c'est que nous pensons que la science nous a permis de comprendre ce qui est bon pour nous et même d'améliorer la nature. Or, la réalité, c'est que la science de la nutrition ne peut tout comprendre et tout expliquer en réduisant uniquement les aliments à la somme de leurs nutriments. Et fait, non seulement la science n'arrive pas à comprendre ce que les cultures alimentaires - la méditerranéenne, la japonaise, la crétoise, etc. - ont su, elles, bâtir instinctivement depuis toujours, en fait, la «science» nous met continuellement sur de fausses pistes.

L'exemple typique d'une erreur de ce genre est la margarine. On pensait savoir que c'était encore meilleur pour nous que le beurre. On nous a encouragés à en manger. On s'est rendu compte que c'était plein de gras trans néfastes.

Mais nous acceptons de continuer de croire la science nutritionnelle, malgré des échecs continus.

Pourquoi? Parce que c'est devenu une idéologie. Ce n'est plus de la nutrition, c'est du nutritionnisme.

Cette idéologie imprègne évidemment le discours des nutritionnistes, médecins et compagnie. Mais c'est aussi cette idéologie qui permet à l'industrie agroalimentaire de nous embarquer dans toutes sortes de galères ésotériques au pays des omégas-3, du sans-gras, du sans-sucre, des céréales pour enfants rose fluo «enrichies», nous emmenant toujours plus loin, jour après jour, de la vraie nourriture.

Quand Pollan dit «Mangez de la nourriture», il invite donc à manger des fraises, du lait, du chou... bref, du vrai, pas ces «substances comestibles».

Pollan se permet d'insister sur les plantes. Pourquoi? Parce que les bienfaits d'une alimentation accordant une large place aux plantes - fruits, légumes, grains - est une des rares constatations incontestée. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille éviter à tout prix viandes, poissons et produits laitiers. Mais du lait produit par des vaches stimulées aux hormones de croissance? Des oeufs et du steak provenant de bêtes nourries avec des moulées qui n'ont plus rien à voir avec leur alimentation naturelle? Non.

Sur ce, je vous souhaite un bon début d'été. Non, je ne pars pas tout de suite en vacances. Je disparais d'abord pour terminer la rédaction d'un second livre sur l'alimentation. On se revoit en août ou, en attendant, sur mon blogue à www.cyberpresse.ca/lortie/.