Le verdict est tombé hier, en début d'après-midi. « Le bureau du coroner de New York a indiqué que Natasha Richardson est bel et bien morte des suites d'un violent choc à la tête », disait la dépêche de La Presse Canadienne.

Comme bien des gens, j'espérais encore qu'on nous parle d'une maladie préalable, d'une condition préexistante responsable de la mort de l'actrice britannique de 45 ans. Un anévrisme prêt à se déchirer. Une tumeur. N'importe quoi. J'espérais qu'on nous dise que ce petit accident de ski n'avait rien à avoir avec l'ampleur de la tragédie.

 

Mais non.

On nous a dit l'inverse.

On nous a confirmé qu'une simple chute sans aspect spectaculaire - sans arbre, sans collision, sans sang, sans apparente grande douleur - dans une pente de débutants, avait causé une hémorragie cérébrale. Une hémorragie capable de tuer un humain, comme cette actrice que j'avais vue pour la première fois dans le pétrifiant The Comfort of Strangers, épouse de l'acteur Liam Neeson, fille de la tragédienne Vanessa Redgrave et mère de deux garçons de 12 et 13 ans dont on peut difficilement, aujourd'hui, imaginer la peine.

Surtout que plus cette affaire se déroule sous nos yeux, plus on se pose de questions. Des questions qui nous touchent tous, comme skieurs, comme parents de skieurs, comme sportifs, en général.

D'abord les faits, en gros, d'après ce qui a été rapporté un peu partout dans les médias. Lundi, Natasha Richardson est à Tremblant et prend une leçon de ski. Dans une pente de débutant, dans une zone presque plate, elle tombe. Elle se relève, rigole, fait des blagues. Des patrouilleurs arrivent sur les lieux. On lui recommande d'aller voir un médecin. Une ambulance est appelée puis renvoyée. L'actrice préfère plutôt rentrer à sa chambre d'hôtel où sa monitrice l'accompagne. Là, au bout d'une heure, elle se plaint de violents maux de tête et est prise de nausées, une autre ambulance est appelée et vient la chercher, l'actrice se retrouve à l'hôpital de Sainte-Agathe, puis est transférée en ambulance à Sacré-Coeur, à Montréal. Mardi, elle est transférée par avion dans un hôpital de New York, où elle meurt mercredi, mais dès mardi en fin de journée, les médias commencent à affirmer qu'elle s'était éteinte d'un point de vue cérébral.

Première question: était-ce vraiment une chute ordinaire?

Depuis le début de cette affaire, tout le monde parle d'une chute ordinaire. Mais si c'était seulement une chute normale comme on en voit tous les jours dans les pentes de débutants des centres de ski, comment se fait-il que des patrouilleurs aient jugé bon de s'y arrêter? Généralement, quand les patrouilleurs arrivent, c'est parce que la dégringolade est importante... D'ailleurs, une première ambulance a-t-elle été appelée. Et puis pourquoi est-ce que cette première ambulance, comme on l'apprenait hier dans le Globe and Mail, a été renvoyée? Surtout qu'on a jugé quand même important de raccompagner Mme Richardson à sa chambre pour la garder sous surveillance. Est-ce l'actrice qui tenait à ce point à ne pas voir de médecins?

Deuxième question: aurait-on dû transporter Mme Richardson en hélicoptère plutôt qu'en ambulance routière de Sainte-Agathe jusqu'à l'hôpital du Sacré-Coeur, à Montréal? Est-ce que cela aurait permis réellement de gagner du temps sur cette distance? Lorsqu'il y a hémorragie cérébrale, chaque seconde compte. Cela dit, est-ce que cela aurait été suffisant pour permettre une intervention chirurgicale afin de soulager la pression sur le cerveau causé par l'épanchement sanguin? Était-il déjà trop tard?

Troisième question: est-ce que Natasha Richardson s'en serait mieux sortie si elle avait eu un casque protecteur?

Selon tous les médecins que j'ai consultés, la réponse est: très probablement oui. On ne peut être formel, car personne ne connaît le dossier à fond, évidemment. Et il y a toujours un élément de malchance, d'incontrôlable, dans ces tragédies. Mais d'après ce qu'on en sait, il y a de bonnes raisons de croire qu'un casque aurait pu aider. À moins que l'impact soit important au point de briser le casque, celui-ci joue un réel effet protecteur lors des chutes en basse ou en moyenne vélocité.

Personnellement, il me semble évident que nous devons tous tirer une leçon importante de cet accident et choisir de porter le casque protecteur. Non, cela ne garantit rien, mais si on peut aussi aisément réduire le risque d'un traumatisme crânien grave, pourquoi pas? Les urgentistes de l'Association des médecins d'urgence du Québec ont demandé publiquement le mois dernier à la ministre des Sports, Michelle Courchesne, qu'on rende le port du casque obligatoire. Selon les médecins cités dans Le Soleil à l'occasion, 60% des traumatismes crâniens à survenir durant les sports de glisse pourraient être évités si tout ces sportifs portaient un casque.

Actuellement, si 92% des enfants de moins de 12 ans portent des casques, leurs parents les boudent: seulement 45% des skieurs et planchistes de plus de 24 ans acceptent de se protéger la tête.

Pourquoi tant de « sans casque »? Parce que ce n'est pas cool? Alors pourquoi 70% des planchistes et skieurs de 12 à 24 ans, eux, en portent un?