«Madoff, Balloon Boy, lipdub, flash mob, Obama, Twitter, médias sociaux, Michael Jackson, iPhone 3G, H1N1, Bixi, One Drop, Tiger Woods, Avatar.»

C'est Marie-Annik Boisvert (@marianik1968), organisatrice d'événements, qui m'a répondu la première avec cet efficace tour de table quand j'ai lancé la question à la volée sur mon blogue Cyberpresse et sur Twitter: «Résumons 2009 en 140 frappes.»

 

«La foule urbaine twittait, silencieuse, morose et isolée, chacun ignorant son voisin pour mieux communiquer», a ajouté un certain Zig1, sur mon blogue, façon haïku, pas mal moins joyeux.

«En espérant que 2010 sera mieux...» a continué Jean-René, sur mon blogue aussi, minimaliste et guère plus enlevé, mais néanmoins tourné vers l'avenir.

Officiellement, Twitter a été lancé en 2006 et a connu une première grande vague de popularité durant le grand colloque sur les médias interactifs South by Southwest à Austin en 2007. Mais c'est néanmoins 2009 que l'on retiendra ici comme l'année Twitter, celle où cette plateforme de communication web a réellement pris son envol, notamment à cause de son utilité lors des manifestations pro-démocratie en Iran au printemps dernier. Aujourd'hui, à l'aube de 2010, Twitter est devenu un incontournable outil de réseautage et de diffusion.

Et on dira sûrement un jour que c'est en 2009 qu'on s'est mis à raconter notre vie en 140 frappes, espaces et ponctuation compris. Car si jadis on s'amusait à faire des rimes, à écrire en alexandrins, à rédiger des sonnets ou des limericks, en 2009, un autre exercice d'écriture s'est imposé: celui de la phrase courte et efficace, à la fois drôle et forte, celui des listes qui suggèrent plus qu'elles ne décrivent.

Non, les livres ne sont pas morts. Non, la langue écrite ne s'est pas évanouie dans le néant avec eux, non plus. La dictature du texto n'a pas eu lieu. Ni l'anarchie, d'ailleurs. Twitter a simplement réinventé l'art de poster élégamment, furieusement, droitement une nouvelle, une pensée, une invitation. Tout comme les Kindle et Nook et leurs petits cousins de lecture portables et téléchargeables réinventeront probablement l'art d'écrire une attaque, un titre, un sommaire...

On peut en dire long en 140 frappes.

2009? «Retour du nationalisme intolérant sous le couvert de l'affirmation identitaire. Islamophobie. Dérapage», déclare M. ou Mme Lemieux (l'anonymat, problème très 2009 qui risque de le rester en 2010...).

«La grande année de la transparence et de la conversation. Merci à Obama et Twitter. Out les politiciens malhonnêtes», affirme pour sa part Nadine Tousignant (connue sur Twitter à l'adresse @nadinet).

Plus cynique: «Faites ce que vous voulez. Mais ne vous faites pas pogner.» C'est signé par la journaliste Marie-Julie Gagnon (@marijugag), grande utilisatrice de Twitter de la première heure, championne dans l'art du 140 frappes.

Parlant de frappes, Michel Monette: «L'année en 140 frappes: celles d'Israël étaient de trop.» Et vlan!

Plus englobant, Mario Asselin: «La recrue Obama n'a pas scoré, on a retiré le chandail de Gilles Carle, l'ADQ, la FTQ et le CH n'ont pas fait les séries...» Ou encore, deuxième essai: «Tiger a beaucoup trop scoré, on a été blanchi à Copenhague et Harel a perdu en fusillade; la puck n'a pas roulé pour nous en 2009.»

Rêveuse, Mae Drolet a préféré, quant à elle, s'exprimer sur 2009 sous forme de souhait, succinct: «En 27 frappes, incluant le point: Less talking, more sharing.» Moins de placotage, plus de partage.

Certains ont aussi joué avec le symbole de chiffre, le #, qui est une sorte d'étiquette de classement, devenue rapidement un outil avec lequel les twitteurs cherchent à faire des effets précis. Par exemple, Laurent LaSalle: «Michael Jackson, Farrah Fawcett, Pierre Falardeau, Gilles Carle et Brittany Murphy #rip». Vous comprenez le principe?

Autre exemple, de moi: «Produits sauvages, restaurants instantanés, retour des vins français, épaule de porc, Corn Flakes, radis, cuisine de rue #2009en7bouchées»!

Et sur ce: «Paix, sérénité. Moins de poubelles. Plus de betteraves roses, d'huîtres, de riz noir, de champagne et de bon design. #souhaitspour2010».

Ou encore plus court: «Meilleurs voeux à tous les lecteurs de La Presse et de @cyberpresse pour 2010!»