Lorsqu'elle est arrivée à la Maison-Blanche, l'an dernier, Michelle Obama a décidé qu'elle se voyait comme la maman en chef, une blague faisant évidemment allusion au rôle de commandant en chef de son mari.

L'expression, à l'époque, avait frappé, car elle exprimait bien l'image de fraîcheur moderne incarnée par la jeune famille Obama.

Au lieu d'une tête blanche à la Barbara Bush ou des tailleurs ringards de l'effacée Laura Bush, très first lady, au lieu de la politicienne Hillary Clinton avec ses costards sérieux et son style coprésidentiel, on a tout de suite compris qu'on découvrirait un nouveau modèle de femme de président: une mère moderne, sportive, brillante, éloignée de sa jadis étincelante carrière mais gérant sa vie familiale avec toute l'intelligence et la profondeur d'une double diplômée de la Ivy League.

Un an plus tard, où est rendu ce personnage?

Pour comprendre la première année de Michelle Obama, pour comprendre ce qu'elle a réellement accompli durant ses 12 premiers mois, il faut se rappeler qu'elle n'a pas toujours eu cette image de mère parfaite. Michelle Obama est avocate, diplômée de Harvard et de Princeton. Quand son mari a été élu, elle était vice-présidente de l'Université de Chicago. Elle était, il n'y a pas si longtemps, non pas une maman traditionnelle mais d'abord et avant tout une professionnelle engagée avec ses idées et son bagout, et qui avait une réflexion critique face à la conciliation travail-famille dans la société américaine.

Plus elle a commencé à se rapprocher de Washington, toutefois, plus son personnage s'est transformé pour laisser place à la carte de mode - on a même commencé à la comparer à Jacqueline Kennedy - et pour accorder beaucoup plus d'espace à une nouvelle image de mère, d'épouse et de soeur dévouée. Rappelez-vous la convention démocrate.

Anodin, comme transformation? Pas du tout. Plus Michelle a commencé à s'éloigner de la femme forte qui faisait peur aux médias, plus elle devenait surtout mère et épouse, et plus sa popularité s'est mise à grimper dans les sondages.

Alors que pensez-vous qu'elle a fait durant sa première année à la Maison-Blanche? Elle a consolidé ce personnage.

Et ce choix confirme son flair électoral. Ses séances de jardinage de légumes biologiques, ses discours sur l'éducation et sur le recyclage des décorations de Noël et, de façon générale, son attitude au quotidien de souriante soccer mom aux bras musclés et chaussée de baskets, même de marque Lanvin (un de ses rares faux pas, vus comme trop chic et chers), plaisent. Sa popularité suit.

Selon un sondage Marist publié avant Noël dans le Washington Post, de plus en plus de gens (46%, comparativement à 32% il y a huit mois) trouvent qu'elle ne change pas le rôle traditionnel de la première dame et cela plaît. Son taux d'approbation est maintenant de plus de 57%.

En avril dernier, même les femmes républicaines lui ont donné leur soutien (67%) dans un sondage Pew.

L'automne dernier, le New York Times Magazine a publié une très longue entrevue avec le couple présidentiel. Un truc pas mal personnel. À un moment, durant la rencontre, la journaliste Jodi Kantor leur a demandé jusqu'à quel point on peut avoir une relation réellement égalitaire dans un couple quand l'un des deux est président. Fait intéressant, Barack Obama a alors répondu à la blague, comme il aime le faire.

Michelle Obama, elle, a pris la question de front. «Il est clair que les décisions de carrière de Barack passent en premier. Ce ne sont pas les miennes, c'est évident. Je suis mariée au président des États-Unis.»

Michelle comprend mieux que quiconque sa situation. Elle joue son jeu très consciemment. Où s'en va-t-elle, personnellement, comme femme? Dur à dire. Mais en attendant, elle joue son rôle traditionnel avec modernité et intelligence, de son potager à la Maison-Blanche à ses discours sur la couverture de la santé, l'éducation ou le cancer du sein, en passant par ses choix de jeunes designers souvent d'origines diverses et son ouverture aux arts.

Savez-vous où elle a fêté son anniversaire ce week-end? Dans un resto bio.

En plus d'être concrète, la maman en chef fait preuve de profondeur et d'intelligence, montre qu'elle réfléchit avec tout son talent de professionnelle avant d'accomplir ce qui est trop souvent jugé domestique et donc trivial, et ne l'est pas du tout puisqu'elle est un modèle pour la nation au complet.

Évidemment, plusieurs ont hâte qu'elle choisisse une cause. LA cause qui la définira, comme la lutte contre la drogue a défini le passage de Nancy Reagan à la Maison-Blanche, tandis que Laura Bush a été identifiée à la lutte contre l'analphabétisme.

Vu son choix de resto et son potager, Michelle fera-t-elle de l'alimentation sa cause no 1? Peut-être. Ou peut-être pas. Il y a tant de choses qui touchent les familles actuelles. Pourquoi Michelle devrait-elle, nécessairement, faire comme les autres et en choisir juste une? La vie d'une mère de famille contemporaine et brillante est pas mal plus complexe et diverse que ça.