Connaissez-vous busurleweb?

Oui, busurleweb.com, le site de capsules vidéo où, plusieurs fois par semaine, la pétillante Aurélia Filion à l'enthousiasme hyper contagieux nous parle de sa passion: le vin.

Né en décembre dernier, ce site est le phénomène du moment en matière de communication oenologique au Québec. Et je dis au Québec, mais en fait le site attire aussi un public francophone européen. Il a même gagné le prix des internautes du Salon des vins de la Loire et compte des gens de partout sur la planète parmi les centaines de cliqueurs qui vont lui rendre visite chaque jour.

 

La formule est simple: aidée de trois comparses (dont Tobie Marier-Robitaille, un directeur photo dont on sent l'influence sur les images simples mais soignées des capsules), Aurélia Filion, copropriétaire de l'agence d'importation de vins OEnopole et membre de l'équipe de sommellerie du restaurant Club chasse et pêche, s'installe devant la caméra et déguste du vin en direct. Plate? Oh! que non! Filion déborde d'énergie et réussit à transmettre efficacement son amour du bon vin en deux ou trois minutes.

On est loin, très loin du cliché du dégustateur ronflant d'une autre époque qui se gargarise autant de grands crus que de termes techniques obscurs, pour ne pas dire imbuvables.

Filion n'est pas toute seule. De plus en plus de jeunes femmes, dont certaines n'ont même pas 30 ans, versées en oenologie, en sommellerie ou en production prennent leur place et deviennent incontournables dans le monde du vin.

Cette année, par exemple, au festival Montréal en lumière, qui prend fin ce week-end, une des invitées vedettes du Portugal était la productrice de vin Sandra Tavares, de la maison Wine & Soul, qui produit notamment portos et vins secs dans la vallée du Douro.

Ensuite, si vous êtes allé au Newtown durant le festival, vous avez sûrement été conseillé par Marie-Josée Beaudoin, la sommelière des lieux, auparavant chez Laloux. Si vous êtes allé faire un petit tour au Pullman, le bar à vin où tous les chefs se retrouvent après le service pour faire tomber l'adrénaline, alors vous connaissez sûrement la sommelière Véronique Dalle, une autre des figures bien présentes de la relève féminine.

De plus, impossible de ne pas reconnaître l'immense travail accompli par Alyne Carmeline Russo, l'agente en vins (sa boîte s'appelle Enotria), pour faire venir à Montréal, pour le festival, une brochette de producteurs de vins et de porto portugais, allant du légendaire Luis Pato à l'innovateur Dirk Niepoort.

Évidemment, on pourrait aussi parler de Nadia Fournier, nouveau bras droit de Michel Phaneuf pour la préparation de son célèbre guide. Ou d'Élyse Lambert, gagnante du premier prix au dernier concours de sommellerie des Amériques, qui s'en va maintenant au concours mondial avec sa copine Véronique Rivest, elle aussi primée. En fait, même l'Association canadienne des sommeliers professionnels est présidée par une jeune québécoise, Jessica Harnois.

Selon Sandra Tavares, personne ne devrait être surpris de cette féminisation du monde du vin. «Nous utilisons toujours beaucoup notre goût et notre odorat, on l'a toujours fait, nous sommes très sensibles», note-t-elle. Cuisine, parfums... Une femme n'achètera jamais même du shampoing ou du savon à vaisselle sans le sentir, dit-elle en riant. «On se préoccupe constamment des odeurs, dit Mme Tavares. Ce n'est pas surprenant qu'on soit bonnes pour déguster.»

Contrairement à bien des femmes dans le monde des vignobles, la productrice du vin Pintas n'a pas hérité d'un domaine familial. Elle a étudié le génie agricole, puis l'oenologie en Italie avant de revenir au Portugal travailler dans le Douro, où elle a rencontré son mari. «J'ai été chanceuse d'arriver dans le Douro dans les années 90, des années de transformation, avec plein de nouveaux vignerons prêts à changer les choses.» Cet esprit de renouveau, dit-elle, a facilité son intégration, comme femme, même si elle a eu parfois de la difficulté à faire accepter qu'un ancien mannequin comme elle soit aujourd'hui à la tête de vignobles.

Aurélia Filion, de busurleweb.com, est quant à elle arrivée dans le vin par la porte française. Partie dans l'Hexagone faire autre chose, elle en est revenue oenophile passionnée, formée sur le terrain, au gré de rencontres et de temps passé avec des vignerons et des cavistes. «Ce sont eux qui m'ont appris à goûter», note-t-elle. D'ailleurs, dit la jeune femme, tout son site web est axé sur la découverte du fruit du travail des producteurs. Ce sont les vins, mais aussi les gens qui les font qu'elle veut faire connaître.

Aurélia admet que, parfois, elle se retrouve en face d'hommes d'une autre génération qui la regardent avec un air sceptique, elle, la jeune blonde allumée qui parle de vin sans chichi.

Mais ces personnages ne sont plus omniprésents dans le monde du vin.

De plus en plus de jeunes amateurs, hommes et femmes, rejettent le style oenophile à l'ancienne, coincé et strict, parfois snob. Ils veulent des gens capables de les conseiller d'une façon très professionnelle, mais moderne et sans prétention. C'est à eux que busurleweb.com s'adresse. Et c'est dans cet univers que les Sandra Tavares, Alyne Carmeline Russo, Élyse Lambert et compagnie évoluent et rafraîchissent la profession.