L'héritage de Bush est lourd: deux guerres, deux bourbiers. L'Irak et l'Afghanistan.

Le plan du nouveau président américain, Barack Obama, est clair: retrait de la plupart des 146 000 soldats américains d'Irak d'ici 16 mois et intensification de la guerre en Afghanistan.

Simple: abandonner un front pour en regarnir un autre. Sauf que la réalité risque d'être plus compliquée. Je ne veux pas être pisse-vinaigre, mais Obama n'est pas sorti du bois.

 

Pendant qu'il parle d'augmenter l'effort de guerre, le front uni de ses alliés se lézarde.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a déclaré, hier, que la solution en Afghanistan ne peut pas être que militaire. Une façon polie de freiner les ardeurs guerrières d'Obama.

En octobre, le militaire de plus haut rang de l'état-major britannique en Afghanistan, le général Mark Carleton-Smith, a dit tout haut ce que bien des diplomates et des officiers de l'OTAN pensent tout bas: «Nous n'allons pas gagner cette guerre.»

Peu de temps après, le général David Petraeus, chef des troupes américaines en Irak et en Afghanistan, en rajoutait en affirmant qu'il fallait négocier avec les talibans.

À la mi-octobre, le New York Times a publié un rapport des services secrets américains qui confirmait que 1- le conflit se dégrade et que 2- l'OTAN a très peu de chances de battre les talibans.

Le gouvernement d'Hamid Karzaï a fait un discret appel du pied au chef des talibans, le mollah Omar, pour lui dire qu'il était prêt à discuter pour trouver une solution au conflit.

Le problème, c'est que les talibans ne veulent pas négocier. Pourquoi le feraient-ils? Ils ont le vent dans les voiles. Les Occidentaux doivent partir sans condition, disent-ils. Point final.

Jamais la guerre n'a été aussi brutale. En juillet, pour la première fois depuis le début du conflit, il y a eu davantage de morts en Afghanistan qu'en Irak. À Kaboul, les enlèvements se multiplient. Deux Occidentaux ont été abattus à bout portant dans la rue en plein jour.

Les journalistes, les travailleurs humanitaires et même les Afghans sont enlevés ou assassinés. Plus personne n'est à l'abri.

Pendant que l'Afghanistan s'enfonce dans la violence, les Américains multiplient les bourdes. Lundi, ils ont attaqué un village. Ils ont largué leurs bombes sur des gens qui célébraient un mariage. Une quarantaine de civils ont été tués, incluant des femmes et des enfants. Une bavure. Encore.

Au lendemain de la chute des talibans en 2001, la communauté internationale avait promis de rebâtir le pays. Sept ans plus tard, les Afghans se débattent toujours avec des problèmes d'eau et d'électricité, le pays «s'irakise» et le gouvernement Karzaï patauge dans la corruption.

L'Afghanistan ne va pas bien. Pendant que les étrangers n'osent plus se promener dans les rues, que des organisations humanitaires songent à se retirer et que des stratèges militaires ne cachent plus leur défaitisme, Barack Obama, lui, veut mettre le paquet.

Va-t-il éteindre un feu - l'Irak - pour en allumer un autre?

Pour joindre notre chroniqueuse : michele.ouimet@lapresse.ca