Même RBO, particulièrement tatillons à l'égard de son indépendance artistique, a admis l'année dernière en entrevue qu'une fois tournés, les sketchs du Bye Bye étaient envoyés pour approbation à l'équipe légale puis à l'équipe de direction de Radio-Canada.

Autrement dit, peu importe l'année, le nom ou la réputation des créateurs, Radio-Canada sait exactement ce qu'elle met en ondes le 31 décembre à 23 h. Ultimement, c'est la télé publique qui juge, approuve ou désapprouve le contenu de tous les sketchs du Bye Bye.

Sachant cela, la question demeure entière. Comment la télé publique a-t-elle pu donner le feu vert à des sketchs, pas tous mais certains, qui frôlaient le racisme, le procès d'intention et la diffamation?

La seule réponse que je vois, c'est que le diffuseur a fait confiance à un producteur qui ne savait pas ce qu'il faisait. Lequel producteur a fait l'erreur de croire que pour réussir un Bye Bye, il suffisait d'être bête, méchant et baveux comme RBO. L'ennui, c'est que RBO a une licence pour être baveux. Véro et Louis ont une licence pour être jolis et pour faire les couvertures de magazine en tenues de designers. Quand ils essaient d'être bêtes et baveux, ça jure avec leur image de marque et ça sème la confusion chez le public.

La deuxième raison, c'est qu'en ressuscitant le Bye Bye il y a deux ans, RBO a mis la barre haut et imposé de nouveaux standards de production. Or, l'équipe de Véro et de Louis a été incapable de suivre la cadence, notamment dans la section des postiches, des prothèses, des maquillages, la grande force des numéros de RBO.

Hormis les imitations de Véro, qui étaient réussies et immédiatement identifiables, la plupart des autres imitations étaient souvent mal foutues, mal éclairées et leurs cibles, à peine reconnaissables. Le sketch de Denis Lévesque interviewant Barack Obama est sans doute le meilleur exemple d'une imitation mal faite, pas ressemblante et dont le propos est inutilement diffamatoire. Jean-François Mercier a expliqué qu'il cherchait à faire ressortir le racisme de l'Amérique blanche à travers l'animateur de LCN. Je veux bien mais qu'est-ce qu'un animateur québécois né à Roberval a à voir avec l'Amérique blanche?

Mieux encore: pourquoi avoir choisi Denis Lévesque alors qu'il aurait été plus plausible qu'Obama aille chez Guy. A Lepage ou chez Bernard Derome. Le cas échéant, Radio-Canada aurait-elle laissé Guy A. ou Bernard passer pour des ploucs racistes? Poser la question, c'est y répondre.

Pour ce qui est du pauvre Jean-François Mercier, élu bouc émissaire officiel de ce début d'année, j'espère qu'il a compris que sur scène ou dans la vie, malgré les meilleures intentions du monde, on finit toujours par être le gros cave de quelqu'un d'autre...