C'est le secret le mieux gardé en ville. Un secret qui sera révélé ce soir aux environs de 19 h dans 29 autobus qui partiront des quatre coins de la ville et qui seront bondés de Montréalais tout de blanc vêtus.

Le secret? Le nom du lieu ou de la place publique où aura lieu le premier dîner en blanc d'Amérique, une soirée chic et conviviale, née sous le coup de l'amitié et de l'improvisation à Paris il y a 20 ans et qui, cette année, a rassemblé pas moins de 12 000 Parisiens place de la Concorde, pour un dîner sous les étoiles et sur le béton.

Pour ce premier dîner montréalais, les organisateurs, Bobby et Aymeric, le fils de l'instigateur du dîner parisien, ont modéré leurs ardeurs et accepté seulement 1200 convives, qui devaient tous avoir été invités par un ami ou un ami d'un ami dans ce qui est, avant tout, un immense exercice de réseautage.

À Montréal comme à Paris, impossible d'acheter des billets ou de réserver une table au nom d'un organisme ou d'une entreprise. Seuls des individus connaissant d'autres individus et ne défendant aucune cause en particulier, sinon celle de l'élégance et de l'amitié, sont les bienvenus.

Chic et urbain

À Montréal, les organisateurs fournissent les chaises, les tables et les nappes, et demandent 18$ par personne pour couvrir la location des accessoires et des autobus. Pour le reste, les convives doivent fournir le repas, la vaisselle blanche en porcelaine, les verres à pied, les bougies, le vin ou le champagne. Mais surtout, ils doivent respecter la valeur cardinale no 1 du dîner en blanc: l'élégance. Amateurs de t-shirts, de casquettes, de Doc Martens, de grosse Mol ou de six pack de Labatt s'abstenir. Nous sommes ici entre adultes chic et de bon goût.

Même si Aymeric, le fils du créateur du dîner en blanc, vit à Montréal depuis sept ans, ce n'est pas lui, mais Bobby, qui travaille dans le domaine des fournitures médicales, qui a voulu lancer un dîner en blanc à Montréal après avoir vécu l'expérience à Paris.

En préparant l'événement, les deux se sont demandé s'il y avait lieu d'adapter le dîner à la culture québécoise en le faisant plus champêtre et moins formel. Mais très vite, ils ont opté pour le respect de la tradition d'un dîner chic, urbain et absolument pas champêtre. Reste maintenant à savoir quel lieu public ils ont choisi, comment les autorités policières et municipales réagiront à cette occupation «sauvage et sans permis» et, surtout, la grande inconnue de la soirée: quel temps il fera.

Si jamais la pluie a la mauvaise idée de s'inviter, les convives ont déjà prévu le coup et dîneront sous leur parapluie - blanc, comme de raison.