En cette époque trouble où le Péruvien fait le commerce de la graisse humaine, où le Canadien tolère la torture de l'Afghan, où l'Israélien négocie avec le Hamas et où Guillaume Latendresse est expédié dans le Midwest américain, permettez que j'aborde un sujet un peu moins dense.

Le Montréalais et la neige.

Et son corollaire: le Montréalais et le déneigement.

Nous apprenions hier que les arrondissements du Plateau-Mont-Royal et d'Ahuntsic, désormais dirigés par les progressistes de Projet Montréal, désirent revoir radicalement les procédures de déneigement dans ces quartiers.

 

Luc Ferrandez, le nouveau maire d'arrondissement du Plateau, a lancé ce ballon à mon collègue Éric Clément: pour économiser de l'argent, dans cet arrondissement endetté, on chargera désormais quand 15 centimètres de neige s'accumuleront (plutôt que 8). Et pas de chargement les week-ends (quand les employés sont payés à taux double).

Le maire du Plateau parlait en termes impératifs. Hier, sa collègue Josée Duplessis, qui représente le Plateau au conseil municipal, marchait dans la zone des hypothèses: les deux idées avancées par Ferrandez seront soumises, m'a-t-elle dit, aux citoyens lors d'un sommet du déneigement qui établira les priorités.

Fort bien. Mais j'ai peur quand même, chers élus!

Transparence totale: j'habite le Plateau, j'ai une auto. Voilà. C'est dit.

Transparence totale, bis: nous vivons au Canada, au nord de l'hémisphère nord et, bien que cela soit répréhensible, bien que cela soit dommage, bien que cela soit triste, j'aimerais rappeler cette triste réalité: il neige, ici!

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Je ne suis pas sûr que Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, comprenne le concept, quand je lis cette déclaration, faite à mon collègue Clément: «On peut récupérer de 500 000$ à 1 million dans le Plateau sur un budget de 8 millions. Et, surtout, on n'acceptera pas de surcoût de 3 millions à cause du déneigement.»

Nous avons reçu 222 centimètres de neige, l'hiver dernier. Un hiver moyen. J'ai hâte de lire les communiqués de presse des élus de Projet Montréal si le Créateur nous réserve un hiver de 300 centimètres...

Richard Bergeron n'aime pas l'auto en tant qu'incontournable de notre culture. Rien à redire. J'ai souvent vanté son livre Les Québécois au volant - c'est mortel. Je suis en faveur d'une réduction de notre dépendance à l'auto. Hé, je me suis même acheté un vélo, cet été. Et mon auto est minuscule.

Mais je suis inquiet quand je lis cette autre déclaration de Richard Bergeron: «Cette hystérie du déneigement découle de la dépendance à l'automobile. L'esprit de notre initiative, c'est qu'on va marquer une pause par rapport à cette évolution.»

Dépendance? Peut-être. Mais faut-il vraiment faire le débat du déneigement sur le dos des automobilistes? Me semble que c'est comme faire la lutte contre le tabagisme en retardant la chimiothérapie des fumeurs. J'exagère, je sais. Mais quand je regarde les idées de MM. Ferrandez et Bergeron, je me dis que je ne suis pas le seul...

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Qu'on élimine des espaces de stationnement, qu'on implante des stations Bixi aux deux coins de rue, qu'on m'incite à prendre bus et métro, qu'on rende certaines artères piétonnières: j'en suis. Ça m'irrite, mais je suis un progressiste. Je trouve même que la vignette de stationnement sur rue, à 50$, ne coûte pas assez cher. C'est vous dire à quel point je suis en «évolution».

Mais, chers élus, quand je vous entends lancer ces ballounes à propos du déneigement, j'ai un peu peur. Même avec du chargement le week-end, même avec du chargement à huit centimètres, c'est le bordel, dans ces jours post-tempêtes.

Je sais que ça coûte cher. Mais j'ai la sale impression que ce n'est pas par manque de fric tant que par manque de distribution équitable du fric entre la ville centre et les arrondissements. C'est moins sexy, pour un progressiste, de faire cette bataille, je sais. Mais la politique, ce n'est pas toujours affaire de tramways et de piétonnisation.

Le chef de Projet Montréal veut contrôler les coûts du déneigement. Soit. Mais ce n'est pas tant par souci de frugalité budgétaire que par idéologie: l'auto, pour Bergeron, c'est mal; donc, il faut punir les automobilistes. Je le comprends. Et je suis d'accord, la plupart du temps.

À la fin, par idéologie, Projet Montréal veut écoeurer les automobilistes. C'est un point de vue. Mais le hic, c'est que dans chaque automobiliste habitant les arrondissements, il y a aussi... un Montréalais.

On l'écoeure, lui aussi, ce Montréalais, en rendant le déneigement plus difficile pour faire «réfléchir» le méchant automobiliste. À force de l'écoeurer, il fait quoi? Peut-être qu'il vend son bazou. Mais peut-être qu'il fiche le camp dans le 450, aussi.

Le SPVM débarque

Finalement, quelqu'un, quelque part, a vu la lumière: le SPVM va faire partie de l'escouade Marteau, menée par la SQ pour enquêter sur les gangs de route. Finalement, l'immense obstacle du niveau 6 de la Loi sur la police n'en est plus un. Finalement, on ne se contentera plus de la «collaboration» des enquêteurs de Montréal, on va leur trouver des bureaux, leur donner des tâches, compter sur leur expertise. Amen.

Il y a donc de l'espoir: les gens qui ne voulaient pas donner un vrai rôle au SPVM dans cette enquête sont les mêmes qui ne veulent pas d'une enquête publique.

Poules et dindes

Richard Goyette, président de la FTQ-Construction, a déclaré hier qu'une commission d'enquête publique sur les liens entre le monde de la construction et le crime organisé était inutile. Quand on sait que la FTQ trempe dans des histoires récurrentes qui impliquent le crime organisé, c'est loin d'être une surprise.

Dans la catégorie des non-surprises, c'est aussi non surprenant que d'apprendre que St-Hubert n'est pas le restaurant préféré des poules. Mais bon, M. Goyette nous prend pour des dindes depuis longtemps...