Une confession qui me rend un peu honteux: aux Jeux olympiques d'hiver, c'est cruel, mais quand je regarde le patinage artistique, je retiens toujours mon souffle quand la fille s'élance dans les airs. J'espère toujours qu'elle trébuchera au moment de se recevoir.

C'est vache et je n'en suis pas fier. Mais j'adore le chaos dans les programmes courts, j'éprouve une satisfaction malsaine à voir le sourire crispé se transformer en rictus, la grâce ficher le camp, les cheveux spraynetés lutter héroïquement contre la gravité.

 

Ce qui nous amène au ministre de la Famille du Québec, M. Tony Tomassi. Si M. Tomassi était un athlète olympique, il serait une patineuse artistique.

Je le confesse: j'éprouve un plaisir malsain à regarder M. Tomassi tomber sur le derrière depuis quelques jours.

M. Tomassi multiplie les chutes sur le derrière dans le dossier des places de garderies subventionnées accordées à des donateurs du PLQ. Dans le triple salto arrière de ses réponses, M. Tomassi éblouit la foule à chaque coup, pour les mauvaises raisons. Ses chutes sont de plus en plus spectaculaires.

Mais M. Tomassi est infatigable. C'est un teigneux.

Il se relève, voyez-vous, à chaque coup, et revient faire face à la musique. C'est pour ça qu'il force l'admiration. Ce sport n'est pas pour lui, mais il fonce, il fonce! Il se relève et s'élance sur la glace, on y croit une seconde puis il tombe.

Une affaire de pointage l'a mis dans le pétrin. Il y a toujours un os avec le pointage, en patinage artistique. Et le problème, ici, dans cette affaire de garderie mêlée au financement politique, c'est aussi le pointage. Le dossier d'un M. Joe Magri, politicien municipal et propriétaire de garderie, n'a récolté qu'un minable D (c'était avant le bulletin chiffré) quand il a réclamé des subventions pour sa garderie.

Qu'à cela ne tienne, le bureau de M. Tomassi a avalisé le projet de M. Magri. M. Magri est un ami d'enfance de M. Tomassi. M. Magri donne des sous au PLQ. Pour se sortir de ce bourbier, on le devine, M. Tomassi aurait besoin d'un 10.

Mais il chute, il chute! Ce n'est pas beau à voir.

D'accusations de racisme en réponses évasives promptement contredites par l'Association des centres de la petite enfance, M. Tomassi doit commencer à se demander si ce sport est fait pour lui.

On dirait qu'il aura besoin de la complicité d'une juge brésilienne pour gagner.

LE SKELETON HASSIDIQUE Avez-vous déjà fait de la luge?

C'est un peu angoissant parce que ça va très, très vite. Sans blague, j'en ai fait, il y a 20 ans de cela, à Lake Placid, sous la conduite d'un coach de soccer qui a depuis épousé une lugeuse turque (sans blague).

Michelle Courchesne, ministre de l'Éducation du Québec, a toute ma sympathie. Depuis quelques jours, elle file à toute allure sur la piste glacée d'une épreuve qui demande des nerfs d'acier.

Si Mme Courchesne était une athlète olympique, elle ferait du skeleton. Du skeleton hassidique.

Mme Courchesne, tête première, dévale donc la piste glacée. On voit bien qu'elle est en difficulté. On voit bien qu'elle n'est brusquement plus parallèle à sa luge, elle est même perpendiculaire à sa luge, on voit bien qu'elle a pris cette courbe, la 7, dérivée de la Kriesel, beaucoup trop haut, et...

Et hop! la voilà qui prend le décor. Sa luge est catapultée hors de la piste. Mme Courchesne poursuit sa course sur la glace, comme un pantin désarticulé, au ralenti, pour finalement s'arrêter à mi-piste, une mitaine en moins et la visière fendue.

La voilà qui se relève, un peu difficilement, elle salue la foule. Dit qu'elle va bien, qu'elle va très bien même, qu'il y a aucun mal.

On ne la croit pas, évidemment.

Et on sait bien qu'au skeleton hassidique, les tricheurs sont récompensés.

STÉROÏDES Jean D'Amour est député libéral.

Il s'est avoué coupable d'avoir enfreint la Loi sur le lobbyisme, ce qui n'est pas rien, quand même.

Si Jean D'Amour était un athlète olympique, il serait dopé.