Bien sûr que Tiger Woods est sincère. Son monde s'est écroulé. Il veut ravoir ce monde. La stabilité qui venait avec. La normalité avec laquelle il vivait sa vie de demi-dieu du golf, d'homme-sandwich parfait, d'image même de la perfection.

Bien sûr qu'il y croit, aux excuses - efficaces - écrites par son équipe de relations publiques.

Deux trucs m'irritent. Le premier concerne Woods. Le second nous concerne nous, le public. Ou devrais-je dire nous, le marché, qui achetons ces champions, ces vedettes que nous souhaitons parfaites.

Commençons par nous, le public.

On a tout su des aventures de Woods grâce aux indiscrétions de ses maîtresses, qui ne se sont pas gênées pour vendre leurs secrets aux magazines à potins. On a tout su, dans le détail. Où, quand, comment, dans quelle position.

À première vue, tout a été dit. Mais non.

La vraie discussion, elle est sur la fidélité. Cette discussion-là n'a pas été menée. Parce qu'elle est trop inconfortable. Parce que si vous voulez gâcher votre samedi soir, les gars, essayez d'aborder la question de la fidélité, après le souper.

Essayez d'expliquer à votre blonde que vous pourriez - peut-être - sauter la clôture et l'aimer quand même. Essayez d'expliquer à votre blonde qu'elle n'est pas la seule au monde qui puisse vous titiller. Pour l'immense majorité des couples, cette discussion tient de la science-fiction.

Donc, tout n'a pas été dit, dans le cas de Woods. On a su les détails des textos compromettants; on a su qu'il s'était envoyé en l'air dans un parking, en plein jour. Mais la vraie discussion, sur la fidélité, n'a pas eu lieu.

Parce que pour les femmes, il n'y a pas de discussion possible. Woods est un écoeurant. Son cas est extrême: le gars est une star, il croule sous les offres de filles. Une quinzaine de filles en un an? Ce n'est pas à la portée de la moyenne des ours. Mais ce n'est pas grave. Pour la moyenne des femmes, il n'y a pas de discussion possible au sujet de la fidélité. C'est interdit, mal, péché. Point.

À partir de là, les gars savent qu'ils n'ont pas le choix de trouver Tiger Woods dé-gueu-las-se.

Puis, enfin, il y a Woods. Depuis son entrée dans l'âge adulte, il EST Tiger, l'icône, la bête, la star. Il sait que, s'il veut multiplier les conquêtes, il peut. Il sait depuis longtemps que, s'il veut s'envoyer en l'air avec trois filles par jour, il pourra le faire.

Ce qui nous amène à la question cruciale : pourquoi diable se marier, alors?

Le cynique en moi ne peut s'empêcher de penser qu'une blonde et scandinave épouse, ça fait de plus belles photos pour vendre des Buick, du Gatorade, des chaussures Nike. Et que nous, le public, son marché, aimons vivre dans la fiction selon laquelle Tiger Woods est un gars comme les autres, comme tous les autres : absolument pas intéressé par le cul de la voisine.