Sophie Bérubé, animatrice dans une radio communautaire (VOX), prend la défense de madame Marois dans une lettre qu'elle a envoyée à Forum qui en a peut-être déjà disposé, je n'en sais rien, mais comme elle m'en envoie copie, qu'elle m'interpelle brièvement dans cette lettre, et surtout comme elle met le doigt, involontairement, sur le malaise Marois, je me permets de revenir sur ce malaise Marois, parce qu'il y a un malaise Marois, pas aussi patent que le malaise Dion sans doute, mais de même nature : l'image.

Essentiellement, Mme Bérubé déplore le portrait de grande bourgeoise que les médias ont fait de Mme Marois, elle déplore surtout ces détails sans pertinence, le mot est d'elle, sur sa résidence, sur ce kilomètre qu'elle doit parcourir pour aller cueillir son journal à la grille, le détail qui tue effectivement, cet interminable kilomètre suggérant la distance qui la sépare de la réalité du monde.Ma collègue de la radio communautaire refait le portrait de Mme Marois en mère de famille de quatre enfants, en grand serviteur de l'État (30 ans de loyaux services à la population), riche sans doute, mais très engagée dans sa communauté, une femme heureuse et accomplie dans sa vie, dans son couple, sont-ce là des tares ? Millionnaire à 30 ans, doit-on le lui reprocher ? Quand on est allé la chercher dans sa retraite, même Foglia a soupiré...

C'est vrai. Mais je ne soupire plus, madame. Et cela n'a rien à voir avec son château, avec sa richesse, avec son état de grande-bourgeoise - mes valeurs (de gauche), ont presque toujours été défendues par des grands bourgeois. Oui, c'est vrai, j'ai soupiré, essentiellement parce que lorsque qu'elle était au pouvoir, Mme Marois a toujours montré un minimum de solidarité sociale, parfois en rupture avec son gouvernement, notamment celui de M. Lucien Bouchard.

Je ne soupire plus, ou plutôt si, je soupire comme quelqu'un de déçu. Je vois bien que cela ne marche pas, que le PQ s'en va vers une autre demi-défaite qui ne paraîtra pas trop parce qu'il va sans doute redevenir l'opposition officielle et on dira que ce n'est pas si mal, mais au fond ce ne sera rien, un embourbement.

Qu'est-ce qui ne marche pas avec Mme Marois ? L'image. Celle qu'on lui a fabriquée ou qu'elle s'est fabriquée elle-même, je n'en sais rien.

Ma collègue met peut-être involontairement le doigt sur ce malaise quand elle raconte qu'elle a rencontré madame Marois à deux reprises, alors qu'elle n'était plus en politique et plus récemment, comme chef de l'opposition.... elle avait d'ailleurs hésité à me recevoir chez elle, de peur précisez-vous, madame, que la somptuosité de sa résidence suscite une réaction négative de votre équipe de tournage.

Cette peur de susciter une réaction négative est peut-être au coeur du malaise Marois. Cette peur, je la sens dans les sourires, dans les poses, dans la gestuelle, bref dans le personnage de matante que s'invente Mme Marois. Le malaise n'est pas le château. C'est la châtelaine qui ne s'assume pas en châtelaine. Les gens préféreraient une vraie châtelaine à une fausse matante.

Merci au Nebraska...

Depuis le début des années 2000, les 50 États américains se sont dotés d'une Safe Haven Law, un refuge où les mamans qui ne veulent pas de leur bébé peuvent l'abandonner, no question asked, tu sonnes à la porte, tu donnes la chose vagissante à la dame qui est là, tiens madame, j'en veux pas. Et tu t'en vas.

Dans une quinzaine d'États, pour être accepté, le nouveau-né doit avoir moins de 72 heures. Dans l'État de New York, l'enfant ne peut pas avoir plus de cinq jours, une semaine en Illinois, deux semaines en Virginie, un mois dans une autre quinzaine d'États dont le Vermont et le Maine, on comprend que ce sont essentiellement des refuges pour nouveau-nés qui, dans la plupart des cas, seront donnés en adoption.

Le Nebraska est le dernier État à avoir adopté une Safe Haven Law, en juillet dernier. Mais c'est aussi le seul État qui a oublié de fixer un âge limite.

Les conséquences de cet oubli sont assez stupéfiantes : presque la totalité des 34 enfants abandonnés dans le refuge officiel du Nebraska depuis juillet ont plus de... 10 ans ! La presse nationale américaine fait grand tapage ces jours-ci d'une mère qui est partie de Floride pour se débarrasser de son fils de 12 ans au refuge du Nebraska. Il y a eu aussi une jeune fille de 14 ans. Il y a eu ce couple de l'Arkansas qui a porté ses quatre enfants au refuge. Quatre d'un coup. Paraît qu'ils ont embrassé l'asphalte de l'aérodrome en arrivant à Lincoln (la capitale du Nebraska).

Voilà tout à coup que le Nebraska, cet obscur État dont on ne parle jamais, soulève un immense intérêt. Un immense espoir aussi. Des milliers et des milliers de parents d'ados dans toute l'Amérique et même dans le monde entier rêvent ces jours-ci du Nebraska. Pas d'enquête, pas de travailleuse sociale, pas de question, tu conduis la bête au Nebraska et ça finit là. Fi-ni.

On me dit que l'association des parents catholiques de mon comté (Brome-Missisquoi) est en train d'organiser un convoi vers le Nebraska. Je viens moi-même de téléphoner à ma fille (42 ans) pour lui demander si elle voulait passer les fêtes de Noël avec son papa, on irait à Lincoln.

C'est où ?

Au Nebraska, ma grande...

Je peux-tu emmener mes filles ?

Certain !

LA POLITIQUE - Je vous reviens samedi, d'ici là je m'en vais me promener en Outaouais avec Mme Françoise David dans la caravane de Québec solidaire. Une entrevue arrangée avec le gars des vues ? Complètement ! Pour une vraie entrevue, objective et tout, il vous faudra attendre que M. Derome rencontre M. Charest, si c'est déjà fait et que je l'ai manqué, ne m'envoyez pas la cassette.