Bonsoir Québec! Bonsoir Mercier! Bonsoir Gouin! Bonsoir et merci à tous ceux qui ont rendu ceci possible! Merci pour cette raison d'espérer un autre Québec!

Amir Khadir était lancé.

Ses premiers mots de député.

Une économie au service des gens!

Un système de santé gratuit.

Un Québec où les jeunes n'auront pas à s'endetter pour étudier. Une pause. Et puis il demande à la foule la permission de sortir de son texte, juste 30 secondes, dit-il, juste le temps de réciter la chanson de Claude Dubois Comme des millions de gens...

Du Amir tout craché. Du grand Amir? Il est toujours comme ça. Ils vont en avoir plein les bras à Québec. Ils ne se doutent pas à quel point. Ils ne se doutent combien ce type est tenace. Intelligent. Ils ne se doutent pas de ce qu'un homme tout seul comme celui-là peut faire.

Qu'est-ce que tu vas faire à Québec, Amir?

Cette question! Il sera le bras politique de la gauche. Il sera la voix de tous ceux qui n'en ont pas. Y compris des verts. Y compris de ceux qui ne croient plus.

Et de remercier Françoise David et toutes ces femmes qui les premières ont évoqué (au lendemain de la Marche des roses en 2000) la nécessité d'une alternative, d'autre chose.

Et même de remercier Daniel Turp, le candidat péquiste dans Mercier, qu'il venait de battre, «Daniel, mon ami, qui partage bien des idées de Québec solidaire».

Battu par 1123 voix en 2007 par Daniel Turp, justement, Amir Khadir n'a cessé de «travailler» son comté depuis sa défaite, menant une campagne très intense en terrain connu puisque c'est la troisième fois qu'il se présente dans Mercier, où il avait déjà été candidat en 2003 sous les couleurs de l'Union des forces progressistes (UFP).

C'était la surprise la plus attendue de cette élection, la plus espérée aussi à gauche mais pas seulement à gauche. M. Khadir a reçu l'appui de l'ancien ministre péquiste Robert Perreault ; de Claude Béland, l'ex-président du mouvement Desjardins; même la militante écologiste Laure Waridel serait intervenue auprès du candidat vert dans Mercier en lui demandant, en début de campagne, de faire un geste «écologiste» en se recyclant lui-même (ou à peu près).

M. Khadir a-t-il bénéficié du vote stratégique des libéraux qui ont voulu faire battre Turp? Rien d'impossible dans Mercier, qui a déjà été assez fantasque pour préférer l'éditeur-poète Gérald Godin au premier ministre Robert Bourassa et, alors que les péquistes le pensaient acquis, pour élire une libérale inorthodoxe (Nathalie Rochefort), avant de revenir au PQ avec Daniel Turp.

Et maintenant Amir Khadir, de loin, l'élu le plus à gauche qu'on aura dans cette partie-ci de l'hémisphère nord... depuis Gérald Godin dans Mercier justement.

Arrivé au pays à l'âge de 10 ans avec des parents francophiles qui fuyaient le schah, à 15 ans il rencontre René Lévesque et devient souverainiste. Il voulait devenir physicien et... poète; il est poète et spécialiste en microbiologie-infectiologie à Pierre-Le Gardeur, où il est d'ailleurs de service ce matin et pour la prochaine semaine. Pour rendre à ses collègues, notamment les docteurs Maziade et Murray, un peu de la couverture qu'ils ont assurée pour lui permettre de mener sa campagne.

Quitter la médecine ne sera pas un deuil si facile ; M. Khadir pense, espère pouvoir pratiquer encore une journée par 15 jours pour garder «la main».

Les nouvelles étaient moins réjouissantes pour l'autre tête de Québec solidaire, Françoise David, défaite dans Gouin par le péquiste Nicolas Girard. Défaite crève-coeur pour cette femme de coeur, justement, qui a mené une campagne très intense dans une circonscription foncièrement péquiste. «Ce n'est pas un candidat que j'ai à battre, c'est un parti», confiait-elle, dans les derniers jours de sa campagne.

Amir Khadir député, il est à prévoir que Mme David prendra seule la présidence de Québec solidaire qui, à 4%, a fait légèrement mieux qu'en 2007.