Vous avez été deux ou trois, mettons quatre ou cinq, mettons environ 12 500 à m'expliquer durant le week-end la différence entre culture et divertissement.

Je vous en remercie. Je suis moins bête aujourd'hui que vendredi. Vous avez parfaitement raison, je confonds culture et divertissement. Mais vous avez un petit peu tort aussi: ce n'est pas parce que je suis snob ou je ne sais quoi.

Sauf pour quelques rares lectures, pour tout le reste, le cinéma, le théâtre, la musique, la poésie, les beaux-arts et même l'art ménager, je suis un consommateur de divertissement tout à fait semblable aux 887 millions de Français qui sont allés voir Les Ch'tis et aux 32 millions de Québécois qui ont vu La grande séduction.

Et non, je n'ai pas loué Les Ch'tis exprès pour chroniquer.

J'ai loué Les Ch'tis parce que dans ce dépanneur de merde où il n'y a jamais rien, il y avait ce truc dont tout le monde avait parlé et que 990 millions de Français ont vu, j'étais content, hein! Les Ch'tis! J'étais content, je vous dis.

Tous les films que j'ai vus récemment sont des films de divertissement. Et je les ai presque tous aimés. Je suis incapable de me souvenir d'aucun, mais c'est normal, je ne me souviens pas non plus du sandwich que Giuseppina m'a fait la dernière fois que je suis allé au Café Italia. Le plaisir que j'ai eu à le manger, de cela oui, je me souviens, mais ce qu'il y avait dedans? Un peu de tout comme d'habitude.

Tiens, j'ai loué aussi récemment et adoré tous les films de ou avec cette comédienne canadienne - Sarah Polley -, c'est du divertissement ça, non? C'est de la culture tout ce qu'il y a de plus populaire, non? Des bonnes histoires, bien racontées, bien jouées. Je me trompe?

C'est trop intelligent pour être du divertissement? Le divertissement, c'est juste quand c'est du manger mou qui fait péter de plaisir? Je me trompe encore?

Oui tu te trompes, me dites-vous. Tu confonds culture et divertissement. Les Ch'tis, c'est juste du divertissement. On n'attend pas que ce soit génial. On y va pour rire, se divertir, se reposer la tête.

Foglia, bougre de, comment peux-tu confondre culture et divertissement?

J'ai toujours confondu, je pense. Probablement que j'ai été éduqué par des gens qui tenaient la culture pour divertissante, si bien que la confusion s'est installée pour toujours dans ma pauvre tête.

Je trouve que c'est tellement plus clair dans la vôtre. D'un côté, le divertissement. De l'autre, la culture. Divertissement, culture. Divertissement, culture. Torchons, serviettes. Pommes, bananes. Lapins, rhinocéros. Toasters, tournevis. Chaque place a sa chose.

Vous ne précisez pas dans vos courriels à quel moment vous passez du divertissement à la culture, mais je comprends que vous le faites couramment, sans même y penser, instinctivement en somme, pas de problème, hop là, divertissement, culture, divertissement, culture. Le samedi et le dimanche divertissement, le mardi (le jeudi?) culture. Vous m'impressionnez.

Dans ma chronique de samedi, je suggère un déferlement de merde planétaire qui submerge tout, une vaste entreprise de décervelage. Mais non, me dites-vous, tu t'énerves le poil des jambes pour rien, c'est juste du divertissement.

Tu confonds culture et divertissement.

Ah bon! Il y a aussi de la culture? Vous n'imaginez pas comme vous m'avez rassuré.

LES VIEUX - Il y a des semaines comme ça. L'autre jour, je lançais un appel aux vieux et sans doute me suis-je mal exprimé: je ne cherche pas des vieux en forme, je cherche des vieux en crisse. Je cherche des vieux qui ne veulent rien savoir. Je ne cherche pas des vieux pour faire du vélo. Je fais du vélo tout seul. Je cherche des vieux tout seuls aussi. Je cherche Lévi-Strauss. L'anthropologue français qui a eu 100 ans l'autre jour, l'auteur de Tristes tropiques qui n'hayit pas seulement les voyages et les explorateurs, il hayit aussi son siècle. Je cherche Eric J. Hobsdawm, l'historien anglais de L'âge des extrêmes, 91 ans, je cherche des témoins comme lui qui ont vu mourir des mondes, des systèmes. Je cherche des vieux qui ne supportent pas le tutoiement. Je ne cherche pas des vieux avec une pipe, je cherche des vieilles qui... laissez faire. Je cherche des vieux, des vieilles indignes, en colère, insolents, qui ne courent pas après leur jeunesse.

Parlant de vieux, êtes-vous au courant du dernier ridicule des pages de décès où l'ont peut lire des faire-part rédigés par le décédé lui-même? Je tiens à confirmer mon décès à mes parents... Comment ça, ils étaient pas là quand c'est arrivé? Ils étaient à la pêche aux petits poissons des chenaux?

Je cherche des vieux debout dans ce naufrage qu'est la vieillesse et dont le dernier cri avant de sombrer sera sûrement, allez donc chier.

Est-ce plus clair comme ça?

LES PAPILLONS - Au moins un de mes appels à tous de la semaine dernière aura été entendu: celui pour réparer mon vieil ordi. Deux millions de Mac-freaks offrent de m'aider. Merci à tous. Tout particulièrement à Marielle et Louis qui me disent: on ne connaît personne qui répare les vieux ordis, par contre on connaît quelqu'un qui répare les vieilles balayeuses.

C'est pas pour me vanter, mais, moi, je connais quelqu'un qui collectionne les papillons.