J'aime parler livres, j'aime parler écritures, j'aime parler bouffe, j'aime parler paysages (et vélo), j'aime parler chiffons et mode (mais je ne trouve jamais personne avec qui en parler), j'aime parler pâtisseries, j'aime parler des lieux (surtout des villes), j'aime parler des gens en généralisant (les Français ceci, les Italiens cela, les Américains, les Québécois), j'aime parler des gens en spécifiant (quelle conne celle-là), j'aime parler de la beauté des hommes, moins homogène, moins convenue que celle des femmes. Il y a un type que je trouve super beau en ce moment: c'est le jeune homme qui fait le hibou dans cette pub déjantée de l'Industrielle Alliance.

Je sais, je sais, mon collègue Hugo Dumas a dit le contraire dans sa chronique de samedi. Je l'aime beaucoup Hugo: il est hyper branché, il me fait découvrir plein de musiques que je ne trouverais jamais tout seul, comme tout récemment cette compilation sortie sous le titre de Dark was the night. N'empêche: qu'est-ce que Hugo connaît aux hiboux? Arien. En plus, il vient de Québec et même si ça fait longtemps, ça paraît encore un petit peu. 

J'aime parler pour ne rien dire (je peux vous le prouver n'importe quand), j'aime parler de la solitude, j'aime parler de la nuit, j'aime parler longtemps longtemps d'un très très court instant, j'aime de plus en plus parler de la mort, j'aime parler des animaux, surtout les hibouxes et les minouxes, j'aime parler urbanisme, en fait contre les urbanistes. J'aime parler de ma mère, de mes mères en fait, j'en invente une nouvelle à chaque fois, le jour où je vais vous parler de la vraie, vous allez avoir assez peur. Il fut un temps où j'aimais beaucoup parler de la confiture de mirabelles, mais j'ai complètement épuisé le sujet.

Plus que tout ce que je viens de vous dire mis ensemble - les livres, la bouffe, les hiboux, les minous, ma mère, les mirabelles - plus que tout cela ensemble, j'aime parler de sport avec mes amis, avec mes collègues du cahier des sports: sauf que mes amis je ne les vois quasiment jamais, mes collègues du cahier des sport une fois par quatre ans aux Jeux olympiques.

Alors? Avec qui, croyez-vous, je parle sport? Avec ma fiancée? Vous n'imaginez comme ça ne l'intéresse pas. Avec qui alors?

Tout seul ! Je parle tout seul ! Un long soliloque de fucks, de ah ben calvaire, de ah ben crisse, de ça s'peut-tu, de quelle bande de nuls. Même les meilleurs, ceux de La Zone mettons, finissent par moroniser. C'est qu'il ne suffit pas de ne pas dire des niaiseries, quantitativement, QUANTITATIVEMENT, il y a une limite à ce qu'on peut dire sur un match de hockey: au-delà de cette limite, le propos, même intelligent se débonde en gargouillis d'évier.

Il y a une limite aussi à dire aujourd'hui le contraire de ce qu'on disait hier. Le Canadien va bien ces jours-ci. Il y a dix jours, il allait mal. Nous voilà en plein festival de la girouette. Celui-là qui disait que Gainey était complètement nul comme coach lui prête aujourd'hui presque du génie. Je paie le lunch au premier qui dira : je me suis trompé.

Je me disais: attention, vieux Foglia, avec la soucoupe, tu vas rester collé devant la télé tout le week-end, basket, hockey et le reste. Même pas. Est-ce le show lui-même? Le discours qui le supporte? Le ton? Je sais pas. J'ai comme un peu mal au coeur. Est-ce une idée que je me fais où l'action est de plus en plus noyée dans de plus en plus de pub? Et le propos de plus en plus criard comme pour s'ajuster aux décibels des annonces de char?

J'ai soudain un goût de silence. D'athlétisme, tiens. Un petit stade de province ou de banlieue. C'est le soir, presque la nuit, on doit être au début de mai parce que l'air est chargé de l'odeur des lilas. Je connais un petit stade comme ça, à Saint-Denis, si près de Paris qu'on y va en métro, un stade collé sur des jardins communautaires où il y a des lilas. Dans les estrades vides, un vieux coach avec son chrono autour du cou crie les temps de passage à une fille avec une queue de cheval.

LES VRAIS CHOUCHOUS D'OBAMA - Fausse la rumeur qu'il ne se passe rien au March Madness. Il s'est passé que Michigan State avec ses blessés a sorti Louisville, le club que M. Obama, président des États-Unis, avait choisi pour emporter la grande finale.

Complètement vraie la rumeur que, anyway, ce sont les Tar Heels de North Carolina qui vont gagner cette grande finale lundi soir prochain. Entre nous, les Tar Heels sont les vrais chouchous de M. Obama. Il s'était déclaré pour Louisville juste pour essayer d'arracher le Kentucky aux républicains à la prochaine élection.

MATANTE GERMAINE - Vous vous rappelez les Jeux de Turin? Un gars qui s'appelait Razanakolona? Mère québécoise, papa malgache, représente Madagascar en ski alpin, grosse histoire à l'époque, de celle qui me tombe joyeusement sur les rognons, quand le sport fait pleurer matante Germaine. Je me suis fait crier des noms pour l'avoir écrit presque comme ça: matante Germaine, elle-même, m'avait envoyé un courriel pour me dire que j'étais un sale con.

En 2007, le jeune homme qui excellait en tout, sports, études, employé modèle au Mouvement Desjardins s'est soudainement laissé convaincre par des fraudeurs de leur donner des renseignements qui leur ont permis de débiter 308 000$ avec des cartes clonées. Raza a plaidé coupable. Sentence la semaine prochaine.

Je lui souhaite une peine pas trop lourde, un nouveau départ. Je sais qu'il est bien entouré, je pense notamment à Marc Santerre, son coach depuis des années, un grand coach, un beau monsieur. Marc, dans les jours qui viennent, je t'envoie un livre pour le jeune homme, tu connais sûrement, Pat Conroy, My losing season, un livre sur la défaite, « cette maîtresse impitoyable et lucide ».

Euh non, pas de courriels de matante Germaine. Ma tante Germaine n'aime que les belles histoires. Ces jours-ci, elle doit être folle comme la marde de la nomination de M. Aubut à la présidence du COC.

Moi? Si je suis content pour M. Aubut?

Je ris en tout cas.