Permettez un dernier retour sur la chronique «contrôle de qualité dans les labos de pathologie». Je sais, ce n'est pas votre sujet préféré. Franchement, ce n'est pas le mien non plus. Mais rappelez-vous, la semaine dernière, des centaines, des milliers de femmes freakaient: les a-t-on bien soignées? Beaucoup de choses ont été dites. Le ministre de la Santé tentait de calmer les esprits. Le Dr Barrette montait au créneau au nom des médecins spécialistes. Les journalistes chroniqueurs, éditorialistes essayaient de comprendre. On me dit que mon résumé de la situation n'était pas si mal, mais tout de même bien incomplet. Je complète donc.

Rappel. Un labo de référence - celui du Dr Gaboury - a donné 15 cas de cancer du sein à étudier à 25 laboratoires de pathologie. Dans 20% des cas (parfois jusqu'à 30%) les labos testés ont renvoyé des résultats différents de ceux du labo de référence.

 

Il est faux de dire que ce sont des erreurs, ont plaidé le ministre de la Santé et son comité d'experts. Le but de l'étude était d'évaluer la capacité des labos à colorer les cellules et à interpréter les résultats.

Arrêtez de farfiner, disais-je dans ma chronique. Oui ou non, ces labos se sont-ils trompés dans 20%, parfois 30% des cas? Si c'est pas des erreurs, c'est quoi?

Évidemment, ni le ministre ni ses experts ne m'ont répondu. Cependant, quelques pathologistes se sont manifestés. Assois-toi Foglia, on va te donner un cours. Je souligne qu'aucun de mes informateurs n'est directement concerné par l'étude.

Ce qu'ils m'expliquent, c'est que les conditions de «conditionnement» des prélèvements varient d'un labo à l'autre et que les labos paramètrent leurs «automates» ou leurs manipulations manuelles en fonction de ce conditionnement propre à chacun. Et c'est cette capacité à colorer les cellules et à interpréter les résultats qu'évaluait l'étude du Dr Gaboury.

On m'explique encore, sur le point précis du contrôle de qualité, qu'en attendant la systématisation d'un contrôle de la qualité externe pour tous les labos, chaque labo a ses propres témoins internes pour s'assurer de la validité de son travail.

Est-ce que cela signifie que les labos performent mieux avec leurs malades qu'avec ceux de l'étude?

Oui, me disent les pathologistes. Oui et non, ajoutent-ils aussitôt. En fait, on n'en sait rien. Cette étude ne nous renseigne pas là-dessus. Elle ne dit pas non plus que les labos au Québec sont débordés, que les pathologistes sont payés à l'acte, que le contrôle de qualité n'est pas un acte (remboursé par RAMQ), et relève donc du... bénévolat. Ou presque.

Les commentaires que j'ai reçus questionnent aussi le financement de l'étude du Dr Gaboury par la compagnie Roche. Pas aussi fortuit que vous semblez le croire, me dit un pathologiste québécois exilé aux États-Unis. Il faut savoir que la mise en place d'un système de contrôle de qualité serait grandement facilitée si les labos utilisaient tous les mêmes automates et les mêmes réactifs. Or, imaginez-vous donc que Roche vient d'acheter la compagnie Ventana, qui fabrique la Ventana Discovery qui sert à tester les récepteurs hormonaux. Des Ventana Discovery dans chaque labo de pathologie du Québec? C'est peut-être la solution... et c'est assurément un juteux contrat.

Enfin, dernier point, pourquoi ce bordel? Parce les journaux? Parce que le Dr Barrette? Ou parce que, au fond, ça faisait bien l'affaire du Dr Gaboury, même s'il a dit le contraire, peut-être effrayé par l'ampleur médiatique qu'a prise l'affaire Ça fait plusieurs années que le Dr Gaboury se démène pour la mise en place d'un indispensable système de contrôle de qualité. Il rencontrait, semble-t-il, beaucoup de résistance du côté des vieux pathologistes attachés à leur train-train. Et comme le ministère n'était pas, non plus, très pressé de traiter un dossier inexistant dans l'opinion publique...

Voyez, des fois, un peu de bordel fait avancer les choses.

Vous savez où me joindre.

C'EST UNE ERREUR, BON Ça va, ça va, je me suis trompé. Le Dr Béliveau dont je parlais samedi n'est pas médecin. Il est seulement docteur en chimie, enfin je crois que c'est en chimie, il faudrait que je vérifie, mais ça me tente pas. Tout ce que je sais, c'est qu'il a fait son doctorat sur la culture du brocoli en zone septentrionale. Voilà. Il ne reste plus qu'un dernier détail à éclaircir à son sujet: c'est moi tout seul qui ai erré en le prenant pour un médecin ou bien se prend-il lui-même pour un médecin et c'est pour ça qu'on s'y trompe?

Millénium

Ce fut la semaine Millénium, la sortie du film nous ramenant au succès planétaire de la trilogie. Relevé dans un magazine cette affirmation: Ces trois tomes qu'on ne peut pas lâcher...

C'est pas pour me vanter, mais je suis passé bien proche de lâcher celui que j'ai lu. Cela racontait l'histoire d'un journaliste injustement accusé de je ne sais plus quoi et défendu par une petite punk hacker qui me tapait sur les nerfs.

J'appelle ce genre d'histoires: des plants de tomates. Il faut les attacher avec des bandelettes à un bâton pour qu'elles se tiennent. Dans Millénium, une bandelette pour attacher le féminisme, une autre l'antifascisme, une autre l'anticapitalisme... que des bonnes choses, remarquez bien, mais le bâton me gêne pour lire.

Ce qui m'a énervé encore plus, c'est la vraie histoire qu'on n'arrête pas de raconter pour vendre l'autre: Comment! Tu ne sais pas? Quand l'auteur - Stieg Larsson - a eu fini d'écrire les 2500 pages de ses trois volumes, il les a remises à son éditrice et, 10 jours après, il est mort d'une crise cardiaque.

C'est ça, la vraie histoire de Millénium. Elle a ému le monde au point où 12 millions de lecteurs sont passés au salon. Pas le salon du livre, le salon funéraire.

LE CON MOYEN La décision de limiter la vitesse des cyclo-sportifs qui s'entraînent sur le circuit Gilles-Villeneuve me fâche autant que vous, mais il n'y a rien à faire. Ce n'est pas une erreur. Ce n'est pas une incompréhension. C'est un courant de pensée. C'est l'Amérique du Nord dans ce qu'elle a de plus étouffant: l'obsession sécuritaire. Et de plus réducteur: toujours tout ramener au niveau du con moyen à pédales. Si j'osais, je dirais au niveau du Tour de l'Île. Il y a deux façons correctes de faire du vélo chez nous: en-respirant-l'air-pur-et-en-écoutant-les-ti-zoizeaux. Ou en étant 35 000 au parc LaFontaine.