Vous savez, bien sûr, que Michael Jackson est mort. Je voulais dire: êtes-vous tannés de savoir que Michael Jackson est mort? Préparez-vous: je crains qu'il ne meure encore toute la semaine prochaine. Jeudi, dans un effort louable de diversifier l'actualité, Radio-Canada a envoyé Céline Galipeau au Nouveau-Brunswick pour la mort de l'ex-gouverneur Roméo Leblanc: flop total. Toute la province a zappé en même temps; rien à foutre de Roméo Leblanc. D'ailleurs, tout le monde le confond avec Roméo Pérusse parce que les deux racontaient des jokes, comme celle-ci tiens: une fois, c'est un gars qui va voir son médecin et son médecin lui dit: il te reste deux semaines à vivre. Et le gars lui répond: O. K. d'abord, je vais prendre les deux dernières de juillet.

Est-elle de Roméo Leblanc ou de Roméo Pérusse? On n'a jamais su. J'ai écouté le reportage de Céline Galipeau jusqu'au bout dans l'espoir qu'elle le dirait; elle ne l'a pas dit. Vous ne la trouvez pas un peu stuck-up, des fois, la Galipeau?

Si je suis misogyne? Un petit peu, sans doute. J'y pensais justement ce matin en lisant ma collègue Marie-Claude Lortie sur la violence au hockey. Je me disais, ça prend forcément une fille pour écrire que les bagarres au hockey l'ennuient, je la cite, autant que d'attendre aux douanes derrière un camion.

Quatre-vingt-dix-huit pour cent des gars que je connais pensent, comme moi, que les bagarres font partie de la game. On n'attend pas après. On ne les souhaite pas. Mais quand elles arrivent, c'est sûr, on ne s'ennuie pas. Même que des fois on aime ça. Même que ces joueurs que l'on appelle «policiers» sont souvent parmi les plus populaires; rappelez-vous l'ovation à Georges Laraque lorsqu'il a été présenté à la foule, la saison dernière.

Ces discussions sur la violence au hockey reviennent ponctuellement à chaque dérapage, comme cette attaque à coup de bâton qui fait actuellement l'objet d'un procès en chambre de la jeunesse - c'est d'ailleurs bien dommage qu'on ne puisse pas révéler l'identité de l'accusé dans ce cas précis; on comprendrait alors que ce n'est pas le hockey qui est en cause ici. Ces dérapages ne témoignent pas de la violence extrême du hockey, ils témoignent seulement de la moronnerie de quelques individus.

On est malhonnête quand on nous montre Jonathan Roy, le célèbre chanteur, qui fesse et varge et s'acharne sur l'autre gardien qui ne se défendait pas et qu'on dit : voyez, c'est ça, la violence au hockey. C'est pas ça du tout, la violence au hockey. Ça, c'est un truc malade qui mérite d'être jugé mais surtout d'être soigné.

La violence «normale» au hockey, c'est autre chose. C'est par exemple Georges Laraque qui se bat contre Donald Brashear; deux Noirs. La violence au hockey, c'est essentiellement la faute de Noirs. Anyway, je voulais dire qu'on perd son temps à être contre les bagarres au hockey; c'est un peu comme être contre le pince-nez en nage synchronisée, c'est pas beau mais c'est pas si laid que ça et ça aide.

Il y des débats pas mal plus urgents que celui-là à mener pour le bien de la société. Par exemple celui-ci, qui nous a occupés toute la semaine: faut-il payer les décrocheurs pour qu'ils ne décrochent pas?

Quelle grande idée! Je dirais même, quelle suite logique d'une autre grande idée: le renouveau pédagogique.

Reprenons au début. Pour accommoder les futurs décrocheurs, on a changé, il y a une dizaine d'années, la mission première de l'école ; il ne s'agissait plus d'instruire les élèves mais de les former; il ne s'agissait plus de leur transmettre des savoirs, mais de les «transversaliser». En clair: tu ne veux pas étudier, mon petit bonhomme? Ben c'est pas grave; ferme ton livre, on va faire un projet.

Ça n'a pas suffi. Ils ont continué de décrocher.

Alors on a considérablement baissé les exigences sur les matières indispensables, parce qu'il fallait bien quand même apprendre à lire et à écrire. Ils méritaient 0? On leur mettait 6 sur 10, la note de passage. Et pour leur éviter l'horreur de l'échec, on ne les a plus fait redoubler.

Ça n'a pas suffi non plus.

Plus de 10 ans après la mise en place de la réforme, ils continuent de s'ennuyer à l'école, à trouver les profs plates, à trouver que tout cela est du temps perdu. Bref, à décrocher plus que jamais.

D'où cette formidable idée de les payer pour qu'ils restent à l'école.

Mais si ça ne marche pas non plus? Que vont-ils bien pouvoir faire de plus?

J'ai entendu dire qu'ils allaient les emmener aux putes.

OH LÀ LÀ! - Une vieille dame, Mme Font, meurt à l'hôpital en avril. L'état civil émet le certificat de décès officiel avec deux erreurs. Homme au lieu de femme. Veuf au lieu de veuve. Il ne sera pas possible de faire exécuter le testament tant que la correction n'aura pas été faite.

Oh là là! se désole la dame de l'état civil, très gentille, au téléphone. Renvoyez les trois copies par courrier recommandé avec une lettre spécifiant les corrections à apporter.

Deux semaines plus tard, retour du nouveau certificat avec les mêmes erreurs.

Oh là là! Pas encore! s'excuse la dame de l'état civil, toujours très gentille. Renvoyez les trois copies par courrier recommandé avec une lettre spécifiant les corrections à apporter.

Deux semaines plus tard, retour du nouveau certificat avec les mêmes erreurs.

Oh là là! Mais c'est pas vrai! se tortille la dame de l'état civil au bout du fil. Renvoyez les trois copies...

Le nouveau certificat vient d'arriver. Oh là là ! avec les mêmes erreurs.

NOSTALGIE - Le troglodyte est un petit oiseau assez commun, speedé, braillard, pas très sympathique. Elle surtout. Ce printemps, c'est lui qui allait chercher les matériaux pour garnir le nid dans cette cabane qu'on a clouée sur un piquet de clôture. C'est lui qui faisait tout le boulot. Elle, elle inspectait, jamais contente. On les voyait se disputer. Je te l'ai dit cent fois, pas de plumes, pas de poils de chat, lui criait-elle, toute ébouriffée. Les petits de la seconde couvée sont partis mardi. Dans le nid, parmi les branchages, on a trouvé deux clous, un cure-dents, un trombone, et un petit bout de journal de rien du tout, la frange du haut d'une page de La Presse; on lit juste la date: 26 avril. J'ai vérifié, c'était un dimanche. On avait un journal le dimanche, à l'époque.