Dans cette chronique on parlera de plein de choses mais pas de Cavendish, ça vous va? On parlera d'abord du mont Ventoux en haut duquel se termine le Tour de France aujourd'hui(1), le mont Ventoux, qu'on appelle aussi le mont Chauve, coiffé qu'il est à son sommet de ce pierrier lunaire.

Que l'on appelle aussi très abusivement la montagne qui tue, en réalité ce n'est pas elle qui a tué le coureur anglais Tom Simpson, ce sont les amphétamines. Il faisait très chaud ce jour-là, c'était en 67, à trois kilomètres du sommet, Simpson est tombé une première fois, des spectateurs l'ont remis en selle, il est retombé. Trois ans plus tard, Eddy Merckx a ôté sa casquette en passant devant la stèle à la mémoire de Tom Simpson... avant de faire lui-même une syncope ou presque. Il a fallu lui donner de l'oxygène.

En 2000 on avait changé d'époque et surtout de dope, désormais les coureurs ne manquaient plus d'oxygène, ils pouvaient même parfois en avoir trop, toujours est-il que Armstrong et Pantani sont arrivés détachés au sommet, frais comme des roses. Armstrong a fait cadeau de la victoire à Pantani qui l'a mal pris. Humilié, il a piqué une crise devant les médias. Il était gentil Pantani mais qu'est-ce qu'il pouvait être con aussi.

Ça c'est le Ventoux des coureurs, maintenant je vais vous parler deux secondes du mien. Je l'ai monté une fois en trichant puisque je l'ai fait par le versant est, de très loin plus facile que le versant nord ou que le versant sud qu'empruntent les coureurs aujourd'hui<sup>(2)</sup>.

Sur son versant est, le Ventoux ne colle pas à la réputation de désolation qu'on lui a faite. Au début de la montée, j'avais rencontré des jeunes Canadiens d'un club d'ornithologie de Calgary qui étaient venus débusquer ici le bruant fou, absolument: le bruant fou.

Pourquoi fou?

Y savaient pas. Franchement je ne trouve pas ça fou du tout de vivre dans ce coin-là. Même si je ne suis pas fou de la Provence, je fais une exception pour le Ventoux et ses dépendances.

Pour la course aujourd'hui, ce dont on est certain c'est que les Schleck vont réattaquer Contador. Ce qu'on ne sait pas c'est si Armstrong, derrière, parviendra à empêcher le deuxième Schleck de le devancer sur le podium.

MADAME DANONE - Ça va, ça va, j'ai compris. Vous aimez beaucoup Bernard Vallet et la nutritionniste que j'appelle madame Danone. C'est pas grave. C'est pas la première fois que vous et moi n'aimons pas les mêmes affaires. Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire: vous aimez Le petit prince, La grande séduction, Marie Laberge, Pierre Lapointe, la pouaisie, vous aimiez Richard Virenque sans doute, Astérix, Groucho (moi c'est Harpo), Tintin, la Gaspésie, la Provence, San Gimignano, vous adorez San Gimignano. Je vous le redis: c'est pas grave. Ça tombe juste mal pour vous: c'est moi qui écris.

Notez que la nutritionniste ne me donne pas de boutons. Ses messages sont plein d'allure. Ce qui fait hurler, c'est l'idée tordue, ratoureuse, que plus son message est juste, plus il cautionne Danone, alors que dans l'esprit même de ce message, il y a bien mieux que Danone pour la santé, y'a par exemple, dans presque tous les supermarchés, du vrai yogourt nature au lait de chèvre sans amidon de maïs modifié pour la consistance et l'apparence.

L'autre jour madame Danone m'a fait rire, son message disait que faire de l'exercice c'était bon contre le cancer, je me demande ce que Lance Armstrong (et ses couilles) en pense.

LA JOKE - Vous êtes plusieurs à avoir lu cette chronique que signe Greg LeMond dans Le Monde, celle dans laquelle il avance qu'Alberto Contador est forcément dopé. Il se base sur les calculs d'un savant spécialiste de l'effort - qui chronique lui dans Libération - qui prend en compte la capacité aérobique de Contador, son poids, sa consommation d'oxygène, et calcule que pour grimper les huit kilomètres de la montée vers Verbier à cette vitesse-là, Contador a dû produire tant de watts, ce qui est impossible, donc il est dopé.

Ce que j'en pense? D'abord que LeMond devrait avoir la décence de fermer sa gueule.

J'en pense par ailleurs que le même spécialiste refait les mêmes calculs Tour de France après Tour de France. Avec les mêmes résultats. Et que la suite des choses lui donne souvent raison, Landis, Rasmussen, Armstrong, Di Luca cette semaine. Dopés. Pis?

Ils ont pogné Di Luca, tu dis? Tu pognes Di Luca second du Tour d'Italie, mais tu pognes pas Menchov, le vainqueur? Arrête, OK, je vais rire et c'est même pas drôle.

AUTOPORTRAIT - Il y a un mois ou deux, en entrevue, cette question d'une étudiante: M. Foglia, quel genre de journaliste êtes-vous? Je n'ai pas su quoi répondre. Je m'excuse du retard mademoiselle, mais je crois avoir une piste ici...

C'était hier matin, je suivais le Tour à la télé tout en répondant à mes courriels quand il en est arrivé un nouveau, de Lausanne, du Comité international olympique, un certain Robert Roxburgh du service des communications du CIO. Il voulait, disait-il, me parler brièvement de vive voix. Je lui laisse mon numéro. Ça sonne deux minutes après. C'était M. Roxburgh, directement de Lausanne: bonjour monsieur.

Il m'appelait à propos de la flamme olympique. À l'occasion des jeux de Vancouver, la flamme olympique passera par Montréal, des porteurs se la relaieront de Mont-Tremblant à Montréal, est-ce que je voulais être un des porteurs?

Non monsieur, je ne veux pas.

Il y a eu un petit silence et bien inopportunément j'ai ajouté: je ne suis pas le genre de journaliste à porter une flamme. Cette incongruité est de votre faute mademoiselle, c'est à vous que je répondais.

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Je termine par une petite correction: je vous ai dit l'autre jour que le transport des vélos sur Air Transat était gratuit. Vous avez été 12 000 à m'engueuler, mais non tata ça coûte 30$ aller et autant retour. Voilà mademoiselle, je suis aussi ce genre de journaliste-là. Les lecteurs m'informent. Je les divertis.(1) À moins qu'elle se termine par un contre-la-montre, la dernière étape du Tour de France qui amène les coureurs à Paris se résume toujours à un sprint sur les Champs-Élysées.

(2) Pour les cyclos qui voudraient faire le Ventoux par le versant est, il faut se rendre à Sault, la montée commence par une descente, je vous assure. Après ça monte 20 kilomètres mais vraiment mollo. À six kilomètres du sommet, à Chalet Reynard, on recoupe la route des coureurs et là par contre ça se complique...