Attachant, intelligent et conscient. Une entrevue avec Georges Laraque commence avec deux ou trois questions bien banales et se transforme en une longue conversation qui ferait honneur à un salon huppé d'Outremont.

Parce que l'homme est attachant, qu'il est intelligent et qu'il est conscient de qui il est, de ce qu'il fait et de la situation dans laquelle il se trouve.

 

Georges Laraque donne beaucoup d'entrevues ces jours-ci. Il est l'expert recherché chez le Canadien pour commenter l'élection de Barack Obama. Tellement qu'on pourrait l'appeler Barack Laraque. Mais je le répète, Georges a compris comment fonctionnaient les radios, les télés et toutes les gazettes de Montréal autour du Canadien. «Je sais fort bien que c'est juste une game de hockey qui se joue sur une patinoire. Je sais que ce qui intéresse les médias, c'est le téléroman qui se passe autour de la game. Les gens veulent de la controverse, on leur en donne», de dire le gros Georges.

Il sait comment jouer la game des médias. Lundi soir, pour la première de l'Antichambre à RDS, il a été très bon. Vif d'esprit, amusant et parfois émouvant. Puis, depuis deux jours, il est invité à commenter certains aspects des élections américaines. Seul Noir de l'équipe, c'est vers lui qu'on se tourne. Et il répond avec aplomb.

C'est plus délicat pour lui de s'ouvrir sur sa situation. S'il le fait, il ne cesse de préciser qu'il est «quand même» heureux avec le Canadien parce que l'équipe gagne et qu'il est un gars d'équipe. «Mais c'est certain que cet été, quand 15 équipes m'ont joint pour m'offrir un contrat, le Canadien ne m'a jamais dit qu'on ferait une rotation à cinq pour le quatrième trio. J'ai discuté avec Bob Gainey et Guy Carbonneau de mon utilisation et les deux m'ont dit qu'ils voulaient m'avoir dans l'équipe. Sauf que c'est la première fois que je saute des matchs comme ça m'arrive cette saison. C'est très difficile», d'expliquer Laraque.

En fait, il a parlé à plusieurs reprises de la «game shape». Autrement dit, de la forme de match, cette forme physique et mentale qu'on finit par acquérir à force de jouer. «On prend le rythme du jeu, on rentre dedans, on est plus affûté», dit-il. Le corollaire, c'est qu'en jouant si peu souvent, même en travaillant fort dans les exercices, on n'arrive pas au niveau souhaité. Ça rend encore plus difficile l'idée de se battre contre des adversaires utilisés plus souvent dans les matchs. «On est cinq joueurs pour le quatrième trio. Tu joues en sachant que si tu commets une petite erreur, tu ne joues pas le match suivant. D'ailleurs, le club gagne et tout le monde mérite de jouer. Mais il y a beaucoup de profondeur dans l'équipe et le coach est obligé de faire des choix», de reprendre le colosse.

C'est d'autant moins facile que Laraque n'est pas particulièrement friand de ces bagarres sur une patinoire. Mais il est conscient que son «talent» lui vaut un immense privilège. «Je serais mal placé pour me plaindre. Il y a 800 joueurs de hockey (en fait, c'est 600) dans la Ligue nationale et je fais partie du groupe. J'ai un contrat de trois ans et ça me permet de prendre les choses avec plus de calme. Si j'étais à la dernière année de mon contrat, j'angoisserais plus en me disant: Je joue pas, qui c'est qui va m'offrir un contrat?

«Heureusement, ce n'est pas le cas», dit-il.

Quand même, il y a des détails qui le tracassent. «L'autre jour, j'ai dit que même quand je ne jouais pas pendant un match, que j'aidais mes coéquipiers à se sentir plus en sécurité. Y a des gens qui n'ont pas compris. C'est évident que si un adversaire veut prendre trop de liberté avec un de nos gars, même si je ne suis pas en uniforme ce soir-là, il sait que la prochaine fois, il va devoir m'affronter. Dans ce temps-là, c'est certain qu'il va y penser deux fois avant de faire le fou. C'est dans ce sens-là que je parlais», de dire Laraque.

Tant que le hockey va tolérer les bagarres ou des racistes têtes folles comme Sean Avery, les Georges Laraque de ce monde auront du travail. Au plan du principe, je trouve déplorable que Laraque ait un emploi de 1,7 million par année. Ça veut dire que le hockey n'a pas encore assez progressé. Mais en pratique, tant qu'à avoir un homme fort pour faire régner une forme de loi du plus épeurant, tant mieux que ce soit Georges Laraque. Il est généreux, intelligent et ouvert.

DANS LE CALEPIN... Des fois, il y a des scènes vraiment délicieuses qui se jouent derrière les portes closes du Centre Bell. Hier, Guy Carbonneau mangeait tranquillement avec sa femme Line dans son bureau pendant que le reste de l'univers hockey-Québec débattait sur tous les sujets essentiels touchant le Canadien. Que doit faire Bob avec Mats Sundin? Et qui devrait être l'ailier gauche du troisième trio? Vous voulez savoir? Ils ne parlaient pas de hockey.

DANS LE CALEPIN (BIS)... Le calendrier «moins provisoire» de la FIA vient de sortir. Montréal n'est toujours pas à l'affiche. Ça sent la charogne, si vous voulez savoir.

DANS LE CALEPIN (TER)... Mon confrère Jean-François Bégin se pose de lourdes questions sur la RIO et ses bastringues de fonctionnaires peinards. Le connaissant, quand il va ouvrir sa besace de questions, ça ne lâchera plus. Vaudrait peut-être mieux le rassurer tout de suite à propos de l'Impact. S'il se met à écrire sur les incompétents dans la planque, il en aura sans doute pour un an. Pensez-vous que Raymond Bachand a le goût qu'un vrai bon journaliste se mette à gratter la gale? En période électorale?