Steve Bégin s'en est donc allé retrouver les deux meilleurs Québécois du Canadien. Ceux que Bob Gainey a donnés aux Stars de Dallas. Mike Ribeiro, le meilleur pointeur des Stars, et Stéphane Robidas, qui a joué au match des Étoiles.

L'an prochain, si on se prête à un petit exercice de réflexion, les grenouilles vont faire de la place aux ouaouarons chez le Canadien. Alex Tanguay, à 5,6 millions par année, va être trop cher pour la Flanelle. Patrice Brisebois aura 38 ans. J'espère que Guy Carbonneau va avoir l'intelligence de le former comme entraîneur des défenseurs. Francis Bouillon risque de perdre son poste à cause de ses genoux endommagés. Et Mathieu Dandenault, qui deviendra joueur autonome, a exprimé le souhait de jouer plus souvent, à Montréal ou ailleurs. On peut gager sur ailleurs.

 

Si tout se passe normalement, il va rester Guillaume Latendresse, Maxim Lapierre et Georges Laraque, qui jouit d'une clause de non-échange. Trois grenouilles très timides pour représenter les indigènes dans la grande célébration du grand centenaire des Flying Frenchmen.

Du jamais vu de mémoire d'homme. Sous la présidence de Pierre Boivin ! Faut-il qu'il s'en sacre pour qu'on en soit rendu là. Tant que le building est plein et que le bon peuple achète ses bebelles, la job est faite. C'est ce qu'il doit dire à Oncle George qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup besoin d'un building plein.

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J'écoutais Dave Morissette, hier matin, avec Jacques Thériault à CKAC. Le Dave cherchait des mots et des structures de pensée pour exprimer ce qu'il ressentait. Ce qui lui brûlait son coeur de Glorieux et de Québécois. Et Thériault, qui jouait le rôle de l'avocat du diable, a vite coincé Morissette en lui disant que de toute façon, les Russes et les Européens qui affrontent le Canadien en séries éliminatoires ont la même sourde envie de sacrer le camp chez eux.

Évidemment que Thériault avait tort. Je le sais intelligent. Donc, il jouait vraiment un rôle.

Les faits et l'histoire le prouvent. Les sept dernières équipes du Canadien à avoir remporté la Coupe Stanley avaient au moins 10 Québécois dans leurs rangs. Et je n'ai pas vérifié pour les années 60 avec Dickie Moore, Gilles Tremblay, Jean-Claude Tremblay, Henri Richard, Jacques Laperrière, Jean Béliveau, Phil Goyette et compagnie.

Le contexte a changé. Mais en ignorant systématiquement les joueurs du Québec, Bob Gainey (et son directeur du dépistage) se prive d'un extraordinaire atout que seul Montréal peut s'offrir à cause de son statut de ville distincte. La force de l'énergie d'une société communiant avec ses joueurs. On a vu mercredi soir avec l'Impact ce que cette énergie peut faire. Les joueurs étaient transportés. Il n'y a que le Québec qui puisse allier joueurs et société distincte dans toute l'Amérique du Nord.

Pensez-vous une seule seconde que le contexte familial et social d'un Mike Ribeiro est le même que celui de Tomas Plekanec rendu au mois de mai ? Quand il aura perdu, Plekanec va retourner à Prague où le monde va lui ficher la paix, gagne ou perd. Ribeiro restera à Montréal. Avec ses oncles et ses tantes, avec sa famille et ses amis. La défaite va être lourde à porter et la victoire meilleure que la plus belle des filles. Malheureusement, le Canadien a perdu cet avantage difficile à chiffrer, mais qui a toujours bien servi la dynastie au fil des décennies.

C'est inexplicable à moins de croire que Bob Gainey et Guy Carbonneau ont des préjugés défavorables envers le style d'hommes et de joueurs que sont les Québécois. Peut-être qu'on ne sait pas reconnaître ceux qui ont du talent parce qu'ils se marient mal à la masse et au style des « Canadians « et des Américains. Je ne sais pas ce que c'est, mais il y a quelque chose. Jamais dans toute son histoire, le Canadien n'a-t-il autant tourné le dos à son patrimoine. À son autre clientèle. Celle qu'il bafoue à tous les jours à RDS, son partenaire, avec un français dégradant.

Serge Savard doit regarder aller les choses et se demander dans quelle ville il est tombé...

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Avant de blâmer Bob Gainey et Trevor Timmins, il faut cependant jeter un coup d'oeil sur la capacité de la Ligue junior majeur du Québec de produire et de développer de bons joueurs de hockey. S'il y a un problème, qu'on s'y attaque. Sinon, qu'on sache pourquoi nos jeunes subissent cette discrimination

Parce qu'actuellement, la situation est tragique pour nos jeunes et pour nos entraîneurs. Traditionnellement, le Canadien a servi de porte d'entrée dans la Ligue nationale à de nombreux dépisteurs et à de nombreux coachs. Sans parler des joueurs. Les Nordiques de Québec ont également fait leur part. Mais par où passeront les Alain Vigneault, Pat Burns, Jean Perron, Claude Julien, Jacques Martin, Michel Therrien, Guy Carbonneau, François Giguère et compagnie si l'organisation québécoise ferme les portes tant à Montréal qu'à Hamilton ?

Je sais, je sais que des partisans vont m'écrire qu'ils s'en foutent, que le Canadien peut bien mettre sur la patinoire 12 Chinois, qu'ils s'en sacrent pourvu que le club gaaaaaaaagne. Le problème, c'est que justement, depuis qu'on a rompu avec les grenouilles et ce qu'elles représentent, le club ne gagne plus.

Un club de ouaouarons !