Il reste un très gros obstacle avant de revoir le Grand Prix du Canada de Formule 1 à Montréal. Effectivement, François Dumontier, l'ancien bras droit de Normand Legault, s'est rendu à Londres rencontrer Bernie Ecclestone à son invitation.

De plus, les gouvernements, qui étaient prêts à allonger 50 millions l'automne dernier pour aider un organisme à but non lucratif à organiser le Grand Prix, consentent maintenant à verser 75 millions en subventions à Bernie Ecclestone, qui agirait comme promoteur. Tous les profits retourneraient à Ecclestone.

Mais il y a un obstacle. Même si Normand Legault désire que la Formule 1 continue de faire battre le coeur des Québécois dans les prochaines années, il est presque acquis que la F1 ne pourra revenir à Montréal sans que le différend commercial qui oppose Ecclestone à Normand Legault soit réglé.

Bernie Ecclestone a déclaré que Normand Legault devait 12 millions à sa compagnie responsable de la commercialisation des droits de la Formule 1. Sauf que ce différend commercial n'est pas à sens unique et que Normand Legault a déjà fait parvenir il y a quelques semaines à Ecclestone la copie d'une poursuite de plusieurs dizaines de millions de dollars qu'il entend déposer devant les tribunaux britanniques et canadiens dans les prochaines semaines.

Le maire Gérald Tremblay a été prévenu de ce qui se passait et une source proche de lui a confirmé l'information: «La poursuite de Normand Legault pourrait faire très mal à Bernie Ecclestone en rendant publiques des ententes confidentielles concernant les milliards de la Formule 1, a d'ailleurs ajouté une source bien informée. Ça explique sans doute pourquoi Ecclestone tente d'obtenir tout de suite une entente pour le Grand Prix du Canada.»

Le rôle de Fortier

L'homme qui est derrière le voyage de François Dumontier est Me Michael Fortier. L'ancien ministre du gouvernement Harper a négocié le sauvetage avorté du Grand Prix de 2009 l'automne dernier. Il a développé un lien de confiance avec Ecclestone. En janvier dernier, Ecclestone a joint l'avocat pour s'informer de la situation au Canada: «Si jamais vous venez à Londres, j'aimerais vous rencontrer», lui a dit Ecclestone.

Selon des informations confirmées, Me Fortier s'est rendu une première fois au bureau de Bernie Ecclestone en janvier. Près de Hyde Park. Les deux hommes ont discuté plus de deux heures avant de convenir qu'ils auraient d'autres conversations.

Un mois plus tard, Michael Fortier est retourné à Londres et cette fois, a eu droit à la grande salle de conférence d'Ecclestone. En plus d'une conversation de près de trois heures, ils ont poursuivi ces négociations qui n'en n'étaient pas par un échange de correspondance.

En mars, Me Fortier s'est rendu une troisième fois rencontrer Ecclestone. Pendant ces trois mois, l'avocat et banquier montréalais est resté en contact étroit avec le maire Gérald Tremblay, avec le ministre des Finances provincial Raymond Bachand et avec le bureau du premier ministre Steven Harper.

Selon ce qu'il a été possible d'apprendre, Me Fortier a agi bénévolement dans ce dossier. Quelques-uns estiment qu'il était peut-être intéressé à devenir le promoteur du Grand Prix mais certains de ses proches expliquent au contraire qu'il avait toujours été clair que le promoteur serait Bernie Ecclestone et que B'wana Bernie confierait à un mandaté comme Dumontier le soin d'organiser la course.

Le bon coup d'Ecclestone

Si Ecclestone réussit à faire monter les gouvernements du Canada et du Québec dans son radeau qui coule de toutes parts, ce serait une victoire colossale pour lui. L'argent viendrait du gouvernement provincial à hauteur de 5 millions, de Tourisme Montréal pour 5 millions perçus par une taxe spéciale sur les chambres d'hôtel, du nouveau programme du fédéral pour 3 millions et finalement, la Ville ferait cadeau à Ecclestone de la location et du montage et du démontage des installations au parc Jean-Drapeau. Encore deux ou trois millions. Pour un total d'au moins 15 millions par année pendant cinq ans.

Ecclestone garderait pour lui les revenus de la vente des billets, de la commandite et de la télévision locale. Il serait donc assuré de faire des profits et de toucher les 35 millions par année qu'il veut avoir de Montréal. Sans avoir à rendre des comptes.

Ce qui est inquiétant, c'est que personne ne sait exactement quelle Formule 1 les gens auraient pour tous ces millions. Les accords de la Concorde ne sont toujours pas signés 18 mois après leur échéance, tandis que les écuries continuent de refuser une nouvelle entente avec la FIÀ et songent de plus en plus à organiser un circuit parallèle de la FOTÀ avec Ferrari, BMW, McLaren-Mercedes, Renault et Toyota.

Quand même, il y a maintenant de l'espoir pour Montréal. Ecclestone s'est planté royalement en Turquie, où il était le promoteur du Grand Prix. Il doit surtout couper l'herbe sous le pied des constructeurs et la FOTA, qui lorgnent vers Montréal pour y présenter un Grand Prix avec les circuits de Magny-Cours, de Silverstone et d'Imola, tous des anciens circuits de Formule 1 abandonnés par Ecclestone. Il a tout intérêt à revenir et vite au Canada pour donner aux écuries un marché important tant pour l'Amérique du Nord que pour la télé européenne, où le seul Grand Prix présenté en Amérique du Nord est offert aux heures de grande écoute.

La Formule 1 de retour à Montréal. Peut-être, mais la partie n'est pas terminée. Elle n'est même pas encore jouée...

DANS LE CALEPIN C'est ce matin que Guy Lafleur connaîtra sa peine dans l'invraisemblable affaire qui a fait les manchettes. De toute façon, à moins que je me trompe totalement, pas un seul juge n'aura assez de courage pour lui donner une libération inconditionnelle. Mais les gens savent reconnaître la justice quand il y a justice. Ainsi, Pierre Paquet, président d'Imavision, va tourner pendant l'été un documentaire sur la vie de Lafleur et, avec ses associés, prépare une fabuleuse fête pour son anniversaire en septembre prochain. C'est énorme. Gilbert Perreault, Marcel Dionne, Jean Béliveau, Mario Lemieux et d'autres légendes ont déjà confirmé leur participation. Politiciens, hommes d'affaires, athlètes et artistes veulent faire partie des 800 invités qui pourront participer à l'hommage qu'on va rendre à ce citoyen mille fois plus généreux que le commun des mortels...