Des couineuses, j'en ai déjà entendu dans ma vie. Je croyais que la reine des reines avait été Monica Seles. Quand Mlle Seles frappait la balle avec entrain, on aurait dit qu'on égorgeait un cochon dans l'étable du voisin.

C'était tellement fort, tellement exaspérant que, à Wimbledon, on lui avait donné l'ordre de baisser le volume si elle ne voulait pas être pénalisée à son prochain match.

Évidemment, les tabloïds de Londres s'étaient emparés de l'histoire et avaient placé des micros près de la chambre à coucher de la jeune femme à l'hôtel. Juste au cas où. Et on avait interviewé une jeune mère de famille qui s'était dite traumatisée par ces cris parce qu'elle avait été obligée d'expliquer à sa fillette que ces cris n'étaient pas des cris comme «ceux de sa maman» le dimanche matin quand papa traînait au lit.

S'cusez, mais Monica Seles, c'était du p'tit lait comparé à Maria Sharapova. Samedi, en demi-finale, j'ai été obligé de baisser le volume de la télé pour ne pas déranger les voisins. Je ne voulais pas non plus attirer l'attention de la SPCA. On sait que, dans ce pays, c'est plus dangereux de tuer un raton laveur qu'un policier. Pourtant, le policier a rarement la rage, lui...

Dimanche, même scénario. Des cris de putois. Encore pire, à un moment donné, Elena Dementieva s'est mise à crier elle aussi.

C'était insupportable. Pour couper les cris, fallait couper les commentaires de Louis Cayer. Qu'est-ce qui était le pire?

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Il y a de nombreux coachs qui enseignent ces cris. Qui conseillent à leurs jeunes joueuses de libérer tension et expiration par ce «kiai» qui rappelle le cri de l'assaut en karaté. Il se peut que l'intention soit noble. Mais il se peut aussi que se cache une intimidation sournoise derrière ces cris assassins.

Certaines joueuses disent que ces cris ne les dérangent pas, qu'elles sont dans leur bulle et qu'étant concentrées sur leur jeu, elles n'entendent pas les hurlements d'agonie de leurs adversaires.

Pourtant, ça n'avait pas empêché Jennifer Capriati de protester officiellement contre les cris de Monica Seles lors d'un match à San Diego. Et Nathalie Tauziat, qui était tout élégance et intelligence sur un court et en entrevue, avait critiqué avec véhémence le comportement de Seles lors d'un match.

À Wimbledon, on avait mesuré les couinements de Sharapova à 101,2 décibels. C'est le bruit d'une perceuse électrique ou d'un avion à hélice au décollage. C'est quand même ironique dans un sport où, si un pauvre spectateur échappe un stylo sur le sol, il se fait avertir par l'arbitre de ne pas faire de bruit et où toute conversation entre deux personnes pendant un échange est interdite.

La presse anglaise, la plus fouilleuse de merde en Occident, n'en est pas restée là. Le Sun de Londres a interrogé Adam Levine, du groupe Maroon 5, ex-petit ami de la belle Maria. Selon lui, il n'y a que sur un court de tennis que grande championne russe se laisse aller à crier. Sinon, c'est le silence total qu'elle exige pour ne pas perdre sa concentration. Il parlait évidemment de vous-savez-quoi.

De ce qui troublait tout à l'heure la fillette quand papa et maman se reposaient le dimanche avant-midi...

Cela dit, il n'y a eu que 138 000 spectateurs pour le tournoi des filles à Toronto. Alors que 19 des 20 premières étaient du tournoi. À Montréal, l'été prochain, on va dépasser les 170 000 personnes.

J'espère qu'il reste un soupçon d'inquiétude dans la besace du maire Tremblay...

DANS LE CALEPIN - Guy Carbonneau va se retrouver derrière le banc d'une équipe de Montréal. Michel Bergeron sera le coach de l'équipe de Québec dans le projet de téléréalité concocté par Stéphane Laporte et Julie Snyder. Du hockey de ligue de garage que la machine Quebecor devrait être capable de vendre à l'intérieur d'une émission qui va certainement tabler sur les émotions de tous ces joueurs qui ont rêvé d'une carrière à un moment ou l'autre de leur vie. J'espère seulement que cette petite incursion dans l'univers de Star Académie ne diminuera pas la crédibilité de Guy Carbonneau auprès des décideurs de la Ligue nationale. Après le coup de Jarnac que lui a administré Bob Gainey, Carbo doit être prudent.

Les fefans sont merveilleux. Ils n'ont pas laissé tomber le blogue de François Gagnon de l'été. Toute équipe, tout chanteur, tout acteur a besoin des fefans. C'est l'amour inconditionnel du fefan qui permet de traverser les périodes difficiles sans perdre espoir. Parce que le fefan, même s'il est conscient, ne raisonne pas. Il aime. On est tous le fefan de quelqu'un. Parfois, on est même un fefan battu. Ça arrive avec les Glorieux, qui maltraitent parfois leurs fefans. Mais ils encaissent les coups et disent en choeur: «On les aiiiiime pareil!»

Photo: Reuters

Il fallait baisser le volume de la télé pour ne pas entendre Maria Sharapova s'égosiller à chaque coup en fin de semaine à la Coupe Rogers.