Quels beaux joueurs, quelle belle équipe, quelle belle foule. On dirait que les Alouettes font ressortir le meilleur chez les gens. Vous avez vu cette belle fête au Centre Bell, mardi soir? Quand les gars sont entrés sur la patinoire en jeans, joyeux, poqués par deux jours de célébrations, ils filmaient les gens qui les acclamaient. Humbles et magnifiques.

Et hier, quand des dizaines et des dizaines de milliers de joyeux fans les ont choyés au centre-ville de Montréal, y a-t-il un seul policier qui a eu peur que la fête dérape?

Pas du tout. Quand le Canadien gagne une toute petite première série éliminatoire, il faut sortir les escouades, les chevaux et les matraques pour empêcher que la ville ne soit complètement saccagée. Et ça n'empêche pas les gangs de détruire des voitures, des vitrines et des édifices. Les Alouettes font ressortir le meilleur; des fois on dirait que le Canadien fait sortir une rage qui ne peut pas s'exprimer ailleurs. Je ne sais pas trop mais ça fait quand même 23 ans que les fans du Canadien célèbrent dans la violence la moindre victoire en séries éliminatoires de leurs dieux.

J'ai aimé ce moment précieux quand la foule a scandé «One more year» quand on lui a présenté Ben Cahoon. Le receveur des Alouettes est un homme de famille et chaque été, il doit convaincre madame et leurs enfants de le laisser s'adonner à un sport qu'il pratique dans la noblesse et l'esprit sportif. Je partage l'opinion de ces milliers de fans. J'espère que Cahoon va donner aux Alouettes une autre année.

Gabriel Grégoire soulignait, hier, comment le football avait progressé au Québec. Dans les années 60, le seul Québécois dans la Ligue canadienne était Pierre Desjardins. En 1970, George Springate s'est joint à l'équipe. Puis en 1976, Grégoire a gagné la Coupe avec Marv Levy.

C'était il y a plus de 30 ans. Depuis, les Bruno Heppell, Éric Lapointe, les André Bolduc et compagnie ont envahi les terrains canadiens. Mathieu Bertrand est un joueur régulier à Edmonton et les Québécois brillent d'un océan à l'autre. Le football, grâce aux Alouettes et au Rouge et Or de l'Université Laval, occupe une place de choix dans la société québécoise et les jeunes en profitent.

Pendant ce temps, le Canadien est passé de Maurice Richard, Jean Béliveau, Guy Lafleur, Guy Carbonneau, Serge Savard, Patrick Roy, Vincent Damphousse et des dizaines d'autres légendes à quelques braves qui s'éreintent dans les troisièmes et quatrièmes trios et comme sixième défenseur. Et les dépisteurs du Canadien (une job pour deux hommes) n'ont pas le droit de sortir du Québec et manquent donc de crédibilité à la table de repêchage puisqu'ils n'ont pas de comparatifs avec les joueurs des autres provinces. C'est pas grave, Geoff Molson a déjà déclaré que rien en changerait...

Bravo aux Alouettes. Bravo et rebravo.

Woods: qui est sans péché?

C'était évident dès la première journée que l'accident de Tiger Woods était lié à une affaire de couple. Un homme ne quitte pas la maison à 2 h 25 dans un état de surexcitation tel qu'il plante sa Cadillac dans une bouche d'incendie devant sa maison. Et l'histoire du bâton de golf ne tenait pas la route.

Depuis, ça déboule. Tiger Woods avait au moins une relation extraconjugale. Ce n'est évidemment pas joli. Cela dit, vous êtes sans doute plusieurs centaines d'hommes et de femmes à lire cet article. Ceux qui ont eu une conduite parfaite, qui n'ont jamais trompé leur blonde même en pensée ou en désir, celles qui n'ont jamais flirté ouvertement avec un compagnon de travail ou un voisin, ceux et celles qui ont toujours eu un comportement droit pendant des vacances ou en voyage, alors ceux-là peuvent se scandaliser de la conduite de Tiger Woods.

Les autres ont une idée de l'enfer dans lequel Woods et sa femme (j'espère que les enfants s'en tirent bien) se retrouvent. Les chicanes, les injures, les demandes de pardon, le repentir trop tardif, la blessure profonde et l'humiliation d'une épouse qui sait que la planète (une partie en tous les cas) fait des gorges chaudes devant ce qui lui arrive, l'insomnie et les mois passés à tenter de recoller les pots quand on y arrive, les brisures, c'est le quotidien de la famille Woods depuis une semaine.

Il se peut que Tiger Woods se sorte de cette tourmente en étant un meilleur homme, un meilleur mari et un meilleur père. Ne plus avoir à porter le poids d'une image immaculée va être un soulagement dans quelques mois. Plus besoin d'avoir l'air parfait, toute la planète sait que Tiger est un homme comme il y en a tant. Capable d'être faible, capable de s'accrocher les pieds, capable de mentir pour espérer s'en sortir. Lui aussi souffre d'une étrange caractéristique physique. Il n'a pas assez de sang dans le corps pour irriguer à la fois le pénis et le cerveau.

Il va passer à travers. Ça va être douloureux et humiliant. Il va gagner des tournois et si son mariage a passé les tempêtes, il va dédier sa première victoire à sa femme et à ses enfants. Le monde va avoir une larme, les commanditaires vont saliver et la vie va continuer.

S'il fallait que ceux et celles qui ont fait comme Tiger lâchent leur carrière, il n'y aurait plus de police à Montréal. Et les salles de rédaction seraient moins peuplées...