À quoi rêve Montréal ? C'est la question qu'on vous a posée en mai. Envoyez-nous vos rêves tricotés en 100 mots, pas plus, vous a-t-on dit. Et assurez-vous que ces rêves soient réalisables et contribuent au rayonnement de la ville.

Ce qui ressort de ce remue-méninges préélectoral, dont vous pouvez lire les résultats dans le cahier Plus, c'est que les Montréalais ne manquent pas de bonnes idées pour leur ville. Si seulement on les écoutait davantage. Si seulement Montréal avait à sa tête un leader capable de mettre en valeur l'extraordinaire potentiel de la ville. Si seulement on arrivait à empêcher qu'autant de bonnes idées finissent par se perdre dans le dédale bureaucratique municipal.

 

Cela dit, en épluchant les 381 propositions reçues et en s'attardant aux propositions irréalisables qui n'ont pu être retenues par le jury d'experts, on constate au fond que bien des rêves montréalais ont peu à voir avec la politique municipale. Aux yeux de plusieurs, le principal défaut de Montréal, ce ne sont ni ces affreuses autoroutes qui balafrent la ville, ni le manque d'espaces publics ou de rues piétonnes, ni ce dos tourné au fleuve. Aux yeux de plusieurs, l'ennemi public numéro un de Montréal, c'est son hiver interminable.

Les Montréalais qui ont un rapport névrotique avec l'hiver - j'en suis - rêvent sans tuque. Ils veulent que Montréal devienne une immense terrasse chauffée. Une lectrice frileuse, Aurelia Garcia, propose même d'implanter un système de chauffage de la ville au complet. Tout, tout, tout serait chauffé, les rues, les trottoirs, les abribus, les cours d'école...

L'idée semble farfelue, mais au fond, elle ne l'est pas tant que ça. Trop souvent, les Montréalais subissent l'hiver plutôt que de le vivre. Notre plan d'urbanisme fait comme si on vivait à Acapulco. Alors que chez les Scandinaves, par exemple, on s'efforce davantage d'apprivoiser l'hiver plutôt que de l'endurer. Avec des trottoirs chauffants ou encore des abribus chauffés, comme le propose Mme Garcia, mais aussi des boulevards moins larges et des rues en lacets pour éviter les corridors de vent, une culture urbaine moins centrée sur l'automobile, des cours de patin à l'école, etc.

Pour certains rêveurs montréalais, la solution scandinave ne semble toutefois pas satisfaisante. Ils ne veulent pas se contenter d'apprivoiser l'hiver. Ils rêvent carrément de mettre une cloche de verre sur la ville pour qu'elle puisse vivre son déni de l'hiver en toute impunité. Certains proposent de couvrir d'un dôme le Vieux-Port ou encore l'île Sainte-Hélène, transformée en « île de la joie « où il fait toujours beau.

Dans la catégorie « Je hais l'hiver «, la palme revient sans doute au rêve de Michel Turgeon, un lecteur qui dit avoir trouvé le dernier hiver particulièrement long. Que propose-t-il ? La création d'un genre de Biodôme pour êtres humains où le Montréalais pourrait s'épanouir dans son habitat naturel rêvé. On pourrait y marcher dans le sable chaud en plein mois de février. Il y aurait de la verdure et de la lumière à profusion pour contrer la déprime saisonnière. Bref, un endroit où l'on pourrait mettre une fois pour toutes l'hiver à la porte. Plus qu'un rêve, cela semble relever d'un fantasme bien montréalais.

Maintenant, assez rêvé. Je vous invite à aller voter sur cyberpresse.ca pour le projet pragmatique qui vous plaît le plus parmi les 10 présentés dans notre dossier Rêvez Montréal. Les idées les plus populaires seront ensuite soumises aux candidats à la mairie.