On se demandait qui pourrait être assez fou pour accepter ce poste d'entraîneur du CH - parlez-en à Guy Carbonneau - alors que les journalistes et les caméras vous suivraient jusque dans les toilettes si vous les laissiez faire et que toute la ville vous juge chaque jour...

Il y a Jacques Martin et il y en a beaucoup d'autres, en fait. Et on a déjà de la peine pour lui, lui qui sera congédié dans deux ou trois ans et qui aura vieilli de 10 ans.

Je ne connais pas Jacques Martin, mais j'ai un préjugé favorable envers lui. Dans une autre vie - c'était les années 1980 -, j'ai eu une brève conversation avec lui, seul à seul. Je m'étais rendu à Nashville pour passer une semaine avec la nouvelle et peu connue concession des Predators qui comptaient cinq joueurs québécois francophones.

Il y avait les anciens du Canadien Jean-Jacques Daigneault et Sébastien Bordeleau, deux gentils garçons qui m'avaient servi de guides et chauffeurs; le futur Canadien Éric Fichaud; un goon qui s'appelait Éric Côté et qui était beaucoup plus drôle que méchant... J'ai oublié le cinquième. ( Fichaud m'avait fait une colère parce que j'avais écrit que la vaisselle n'était pas faite dans la maison qu'il avait louée avec Bordeleau. )

Je n'avais pas réservé de chambre d'hôtel à Nashville, une petite ville provinciale avec une seule grande rue centrale où se trouvait l'aréna, mais j'aurais dû. À mon quatrième hôtel, la réceptionniste m'a expliqué que c'était complet partout à cause d'une convention d'artistes et de producteurs de musique country. Je commençais à m'en vouloir...

C'est à ce moment que les Sénateurs d'Ottawa, menés par Jacques Martin, sont entrés dans le hall d'entrée. Je le voyais en personne pour la première fois de ma vie. Je me suis présenté, on a bavardé un peu et puis je lui ai dit que je devais le quitter pour me chercher un logis pour la nuit. Je pensais Maison des sans-abri ou quelque chose du genre... Martin a appelé son secrétaire de route : « Donne-lui une de nos chambres. Il est de La Presse de Montréal. «

Mon problème était réglé et je ne l'ai jamais oublié. Je l'aurais embrassé, mais ça ne se fait pas tellement dans le milieu...

Bonne chance, monsieur Martin. Je suis derrière vous.

Quel noyau ?

Il lui en faudra de la chance, d'ailleurs. Hier, il nous a dit que le Canadien était fort devant le but et qu'il comptait sur un bon noyau de joueurs autant à l'attaque qu'en défense.

Ah oui? Où ça? Il y en a 11 qui sont joueurs autonomes... Quel noyau?

Il n'a pas donné de noms et il aurait eu du mal à le faire.

Ennuyant ?

Martin a la réputation de bâtir des équipes ennuyantes à regarder, des équipes hyper défensives. Sauf que les Sénateurs n'étaient pas ennuyants. Les Panthers de la Floride, oui, mais ils n'avaient pas le choix.

Le nouvel entraîneur a expliqué que son rôle était d'organiser un jeu d'équipe et qu'en zone adverse, il n'y pouvait plus rien, il laissait les « artistes « - il a employé ce mot - s'exprimer.

Exactement.

Et chez le Canadien, le jeu d'équipe n'était pas tellement brillant l'an dernier. Regardez les matchs des Red Wings et vous comprendrez.

Disons que je suis d'accord avec le choix de Jacques Martin. Il faudra beaucoup de calme, de patience et d'expérience pour manoeuvrer à Montréal au cours des prochaines années.

ZZZ...

Il reste que ces conférences de presse pour présenter le nouvel entraîneur sont toujours ennuyantes. On commence par nous parler des Coupes Stanley, des fanions, du prestige de l'organisation, du défi...

ZZZ...

Avec Martin et Bob Gainey, nos collègues auront besoin de pas mal d'imagination, l'hiver prochain. Les deux hommes parlent peu et jamais pour rien. En fait, nos amis auront beaucoup de pression pour ne pas tomber quotidiennement dans la plus plate platitude.

À vous de jouer, messieurs.

Les secrets...

Pour assister à la conférence de presse d'hier, il fallait faire un grand détour loin de la patinoire. La raison: nous ne devions pas voir les répétitions de Star Académie afin de ne pas dévoiler les surprises.

Faites-moi rire.

Un de nos espions - nous l'appellerons le Grand Timonier - est parvenu à se faufiler. Il nous a dit que les artistes ne chantaient pas très bien et que tout ça était un peu quétaine.

Mais vous n'êtes pas obligé de le croire.